La majorité des cultures de soya brésilien de 2023/24 souffrent de deux conditions météorologiques extrêmes : des conditions chaudes et sèches dans le centre et le nord-est du Brésil et une humidité excessive dans l'extrême sud du Brésil. Ces conditions météorologiques extrêmes sont le résultat d’un phénomène El Nino puissant qui devrait persister pendant au moins plusieurs mois encore.

Dans le centre du Brésil, des températures record et une humidité du sol la plus sèche depuis plus de 30 ans ont entraîné des retards dans les semis du soya, une mauvaise levée, de faibles populations végétales, des peuplements irréguliers, une croissance hâtive lente et la nécessité de ressemer les cultures de soya les plus gravement touchées. Les préoccupations dans le centre du Brésil s'étendent de l'est du Mato Grosso au nord du Mato Grosso do Sul, en passant par le Goiás, le Tocantins, le Bahia, le Maranhao, le Piaui et le Minas Gerais.

Dans le Mato Grosso, de nombreuses cultures de soya atteignent une maturité entre les 100 à 110 jours, certaines l’atteignant même entre 90 à 95 jours. Il fait chaud et sec depuis 30 jours ou plus, de sorte que le soya a été soumis à un stress thermique et hydrique pendant déjà un quart à un tiers de son cycle de vie. Les agriculteurs craignent que le potentiel de rendement ait déjà été affecté, mais il est trop tôt pour savoir dans quelle mesure.

Dans la municipalité de Paracatu, au nord-ouest du Minas Gerais, les semis de soya ont lieu cette année 40 jours plus tard que l'année dernière en raison des conditions chaudes et sèches. Si le temps s'améliorait, il serait encore temps de semer du soya, mais la période idéale des ensemencements est maintenant passée et la possibilité de semer une deuxième récolte de maïs après la récolte du soya s'estompe rapidement.

La situation inverse, celle d’un excès de pluie, se produit dans l’extrême sud du Brésil. Dans la municipalité de Carazinha, dans le nord du Rio Grande do Sul, ils ont reçu 496 mm de précipitations en septembre (19,8 pouces), 484 mm en octobre (19,3 pouces) et 242 mm jusqu'à présent en novembre (9,6 pouces) et davantage de précipitations se produiront cette semaine. Ces fortes pluies touchent le sud du Paraná, Santa Catarina et le Rio Grande do Sul. Les conditions saturées ont ralenti les semis de soya à environ la moitié du rythme normal. La germination et la levée ont été impactées ainsi que la croissance hâtive du soya, et certains champs devront être ressemés une fois le sol asséché.

Outre la baisse des rendements, la superficie consacrée au soya au Brésil en 2023/24 pourrait s'avérer inférieure à ce qui avait été prévu. Certains agriculteurs du Mato Grosso, qui avaient l'intention de semer une deuxième récolte de coton après le soya, peuvent désormais arracher leurs cultures de soya les plus pauvres et semer du coton au lieu de ressemer le soya. Dans les régions de l’extrême sud, certaines cultures de soya inondées risquent de ne pas être semées.

De nombreux analystes au Brésil ont déjà abaissé leurs estimations pour la récolte de soya 2023/24 et ces estimations pourraient encore baisser si les conditions météorologiques ne s'améliorent pas.