Bonjour à tous et à toutes!
Nous voilà donc mi-novembre. Sous la neige dans la plupart des régions. Le prix du porc semble aussi sous la neige, en hibernation déjà. Pourtant, quand on y regarde de plus près il y a des choses qui devraient nous sauter aux yeux et devraient faire en sorte que le prix ne devrait pas demeurer à ces niveaux si bas. Il y a beaucoup de ‘’devrait’’. Vous le savez la logique dans le prix du porc est quelque chose aussi rare qu’une bonne décision dans le gouvernement Legault! Ouch excusez-là cette-là, elle était facile!
Tout comme dans le prix des grains depuis 1 mois, il y a quelque chose d’assez illogique dans les prix du porc. Comme si on transigeait davantage les ‘’feelings’’ que la réalité. Comme si les fonds et les spéculateurs dirigeaient le prix davantage que les forces fondamentales (offre & demande).
Qu’en est-il de la baisse de prix durant le mois d’octobre et maintenant novembre? On peut citer 3 problèmes : 1) la saisonnalité et 2) le shutdown du gouvernement américain, 3) une certaine avarice.
Concernant la saisonnalité, on ne peut à peu près rien n’y faire. Le prix au comptant a, à peu près, toujours reculé pendant la période automnale. Pourquoi? Parce que naturellement le nombre d’animaux mis en marché est le plus élevé de l’année en général. Et la semaine dernière ne fait pas exception. Avec 2,7 millions de cochons dirigés vers l’abattoir, c’était en fait la plus grosse semaine d’abattages de 2025.


Il est impossible de vérifier le poids de ces porcs puisque le USDA n’avait pas eu le temps de compiler les données à ce moment, mais on peut sous-entendre que les poids sont aussi les plus élevés de l’année. Ce qui fait en sorte que nous avons une grande quantité de viande disponible. On peut aussi constater que le nombre de porcs est de presque 100 000 porcs de plus qu’en 2024. C’est rare que cette situation est arrivée en 2025. Nous avons eu presque systématiquement MOINS de porcs semaine après semaine cette année versus l’année dernière. Il est arrivé, ça et là, des semaines avec plus de porcs, mais ce fut des exceptions.
Mais comment avons-nous pu en arriver à ce marasme récent dans les prix? Comme toute réponse, on doit chercher dans les nuances, dans les zones grises. Ça reste une combinaison de facteurs. Le deuxième facteur : le shutdown du gouvernement américain. 42 millions d’Américains dépendent de l’aide alimentaire mensuellement (sur une population de 380 millions de personnes!). Une aide qui a été coupée par le shutdown du gouvernement en octobre. Cette aide est donnée sous forme carte de débit (ou coupons) qui peut être utilisée dans les supermarchés américains. Par conséquent, sans cette aide, les familles ont probablement dû se serrer la ceinture plus que d’habitude. Et la viande dans tout ça? Et bien il est difficile d’en acheter avec ce manque à gagner! Les familles reçoivent un montant basé sur des paniers d’épicerie-type. On peut trouver les paniers sur ce site web (https://www.fns.usda.gov/cnpp/thrifty-food-plan-2021).
Le 3ieme point : les mises en marché. Les producteurs ont probablement gardé plus de porcs disponibles plus longtemps qu’ils n’auraient dû. Tant que le prix au comptant jouait sur les sommets c’était une bonne stratégie, mais maintenant que la dégringolade est commencée, soudainement on ‘’trouve’’ des porcs et c’est probablement pourquoi le prix cash accélère sa descente et que les mises en marchés depuis 2 semaines sont nettement supérieurs aux données prévues. Le poids des porcs vivant étaient aussi supérieurs d’au moins 5 à 8 livres versus 2024…. Je comprends que les températures ont été clémentes et nous sommes meilleurs dans la gestion du GMQ mais quand même, c’est significatif comme résultat. Donc, on a gardé des porcs pensant bénéficier du prix au comptant élevé, mais quand le château de cartes se met à s’effondrer on veut vendre rapidement créant probablement encore plus de pression sur le marché au comptant. Et les abattoirs attendent les bras ouverts. C’est de bonne guerre, quand le marché montait en octobre c’était l’effet contraire; les marges des abattoirs fondaient rapidement (souvenez-vous du différentiel prix au comptant / découpe à moins de 6 cents / livre).
Un autre point non-négligeable aussi : Trump. Oui encore lui! Il veut mettre au pas les grands abattoirs américains dans le bœuf. Par le fait même c’est toute l’industrie des viandes qui marche les fesses serrées. Les marges se resserrent inévitablement le temps que la crise passe. Normalement, le consommateur devrait profiter de cette situation et les producteurs en faire les frais en partie avec les abattoirs.
Un dernier point, positif celui-ci. Quand les marges bénéficiaires étaient extrêmement payantes pour les producteurs, ceux-ci refusaient d’augmenter leur production. Avec des marges plus serrées maintenant (avec le prix des grains qui ne cessent de monter dans la spéculation boursière qui sévit et des prix de porc soudainement 15 cents de moins qu’il y a 6 semaines) pensez-vous que l’industrie sera en croissance? La réponse est évidemment non.
Le USDA a publié le rapport S&D vendredi dernier et il y avait une chose extrêmement intéressante. L’organisme réduit de 80 millions de livres la production de 2025. Et réduit de 905 millions de livres pour 2026! (oui, oui vous avez bien lu 905 millions !) Non seulement, on réduit la production en 2026, mais on passe à une production annuelle prévue de 13 millions de livres de moins que 2025.
Et tout ça, avec des prix inférieurs de presque 10 à 15 cents à 2025! (contrats juin / juillet / aout 2026) Logique? Ou pas? Le marché pense que des problèmes se profilent à l’horizon et que les consommateurs seront à bout de souffle et nous ne pourrons plus consommer autant de viande ou est-ce les spéculateurs qui liquident des positions en faisant fi de cette possible réalité…. Rareté de viandes, mais avec des prix plus bas?.... on peut en douter raisonnablement

Et pour ajouter à ce malheur, il faudra surveiller le réveil du dollar canadien. Techniquement, il marche sur une ligne ascendante contre toute attente. Enfin pas contre toute attente puisque toutes les Banques entrevoient le dollar remonter fortement en 2026…. Du hedging de devise à considérer? Vous savez où appeler 😉
Prévision Desjardins


FREDERIC HAMEL, CFA
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