Bonjour,
Qu’avons-nous comme histoire à raconter dans le porc? Une histoire de luttes, de confrontations, de guerre! Épique diraient certains, rocambolesque diraient d’autres!
Ok on exagère un peu ici, mais il est vrai cependant que le porc livre une lutte sans merci face à un ennemi sournois : la saisonnalité.
A chaque année, depuis que l’on transige du porc (probablement), les prix d’automne et d’hiver sont toujours à des niveaux inférieurs que les prix durant l’été. Il y a quelques exceptions à ceci c’est vrai. Se pourrait-il que 2025 nous apporte une surprise de taille? La réponse est plus complexe et nuancée que l’on peut imaginer.
Premièrement, les prix sont relativement élevés pour les contrats d’octobre et décembre versus les moyennes historiques. Les contrats à terme à terme peuvent-ils s’effondrer? Il est possible de voir une catastrophe si jamais une maladie venait toucher les cheptels porcins américains et le consommateur ou les différents acheteurs se poussent. C’est pourquoi, il vaut toujours la peine d’avoir un peu de position en hedging pour ce genre de scenario et encore plus si les prix sont excellents. Ceci dit, si la situation demeure ce qu’elle est présentement, il sera difficile de voir les contrats à terme, le prix au compte et le prix de la découpe diminuer de manière importante cette année. Mais il est important de rappeler que les chiffres de profitabilité ci-bas sont pour les producteurs américains et que notre réalité peut être différente. Mais il convient e souligner que nous devrions être dans une période profitable. En fait, le percentile montre que seulement 2 ou 3 ou 7 années ont été meilleures que ca (faites 100% moins (-) le chiffre associé et vous aurez le nombre d‘année qui ont été meilleures).
Période de mises en marché et profitabilité
Et la raison tient en un mot : rareté. Rareté de la viande et rareté des animaux et rareté de substitut.
Explorons chacun des énoncés. Pas compliqué avec le premier item. Le USDA publiait aujourd’hui même le rapport les inventaires de viandes congelées. La quantité de viande de porc est en baisse de plus de 10% par rapport à l’année dernière (une constante depuis nombre de mois). Et quand on regarde les viandes rouges, on note une diminution de 5%. Si on prend la mesure du poulet, on note cependant une augmentation de 4% par rapport à 2024.
Rareté des animaux
Le rapport hebdomadaire de la production est sorti ce vendredi et on doit absolument mettre en lumière la baisse importante des abattages de porcs encore une fois cette semaine. C’est 88 000 porcs de moins qu’en 2024. Et ceci fait suite à une baisse de 100 000 la semaine dernière et aussi près de 100 000 il y a 3 semaines. En 2025, les abattoirs se sont contentés de 2,4% moins de porcs. Certains diront que les porcs canadiens ne traversent plus la frontière. C’est probablement une raison. Il existe des chiffres à ce sujet. Je pourrais les trouver pour une autre chronique. On me parlait de la même chose concernant les truies canadiennes qui demeurent davantage au pays. Est-ce LA raison principale derrière la forte diminution des abattages de truies aux Etats-Unis en 2025? Le rythme d’abattage de truie est en baisse de presque 6%. C’est énorme. Les producteurs et productrices retiennent des truies ou les données canadiennes viennent fausser les données? Si on retient des truies (et si on ajoute des cochettes), 2026 sera grandement à surveiller puisque la production sera en forte hausse et cette hausse ne semble avoir percoler encore sur le marché à terme puisque les mois d’été 2026 s’approchent tous du $1 US/livre (des prix similaires à 2024).
Une autre explication nous est venue d’un rapport du USDA par rapport à la baisse surprise du nombre de porc abattus en juin : la maladie SRRP. Les résultats positifs sont les plus élevés depuis 2013.
https://ers.usda.gov/sites/default/files/_laserfiche/outlooks/113151/LDP-M-374.pdf?v=88151
Le nombre de cas a aussi atteint un sommet pour le 2ieme trimestre de 2025.
Le bœuf est aussi une locomotive importante pour le porc. Tel que mentionné il y a 2 semaines, les prix n’en finissent plus de faire des records par-dessus records. La demande forte, combinée à une production plus faible crée ce maelström incroyable.
Rareté de substituts
Quelles sont les alternatives moins chères et tout aussi savoureuse pour le consommateur? Elles sont rares. Moins chères, ca existe! Savoureuse? C’est plus compliqué. Le poulet (je sais que c’est aussi savoureux!) pourrait encore accroitre sa popularité auprès des ménages nord-américains. Le prix des poulets à griller est en forte baisse récemment. Les producteurs augmentent la production sensiblement : moins de 2%. Il est bien possible que cette croissance accélère.
Et pour les végétariens et végétaliens, une mauvaise nouvelle les attendait : Beyond Meat frôlerait la faillite. La compagnie va se restructure et devenir Beyond. On laisse tomber le mot ‘’Meat’’. Par ailleurs, on devient beaucoup plus ‘’lean’’ en terme d’ingrédients. On veut s’éloigner des processus de production trop industriel. Bref, un recentrage qui prendra des ressources et du temps. Les autres compagnies suivent (compagnies comme Impossible Meat, etc) . Mais on note une stagnation parmi le mode de vie relié au végétarisme. La croissance n’est pas là. Ou plutôt n’est plus là. On attend la prochaine révolution.
https://www.corporateknights.com/food-beverage/beyond-meat-drops-meat-in-rebrand-plant-protein/
Bref, tout cela pour dire que la saisonnalité n’a qu’à bien se tenir puisque les prix pourraient nous donner un dernier feu d’artifice avant l’hiver. Mais après cela dépendra des efforts des producteurs à augmenter la production. Pour l’Instant, le USDA prétend voir une croissance de la production porcine aux Etats-Unis de 2,2% en 2026 versus 2025. Et ca aussi, ca reste à voir….
FREDERIC HAMEL, CFA
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