Bonjour à toutes et à tous,

Les vacances estivales sont toujours synonymes de plaisirs entre amis et dans la famille. Mais c’est aussi un plaisir de revenir au travail et constater que les prix du porc sont toujours au-dessus de certains niveaux qui sont très excitants et payants!

La saisonnalité est forte dans les prix du porc. Depuis plusieurs années, sitôt le mois d’août arrivé, le prix au comptant commence à diminuer lentement vers des prix d’automne plus faibles. Mais 2025 ne semble pas se comporter comme les années précédentes, et ce, pour plusieurs raisons. 

Premièrement, les abattages sont nettement plus faibles que le rapport de Hog & Pig publié en juin dernier avait suggéré. Le USDA prévoyait une hausse entre 0.12% et 1.21% pour la période estivale/début automne. La semaine dernière c’était quelque chose comme 100 000 porcs de MOINS versus la même semaine en 2024. On parle d’une baisse de plus de 4%! Ce n’est pas banal considérant que depuis 2 semaines c’est presque le même constat.

Rapport Hog & Pig (juin 2025)

Loin de moi d’être alarmiste, il est préoccupant pour un consommateur de voir cette situation. (Même si pour les producteurs, c’est aussi bon que le Klondike!!!) Parce qu’au même moment, la quantité de bœufs abattus est aussi en forte baisse. Et les transformateurs américains ne sont pas près de voir la situation se corriger dans le bœuf. Vous savez que l’administration Trump a mis des tarifs complétement arbitraires sur le Brésil récemment. Ceux-ci vont entrer en vigueur le 6 aout. Ainsi toutes les importations brésiliennes couteront soudainement 50% plus chers! En 5 mois, les Etats-Unis ont importé 665,7 millions de livres de bœuf du Brésil. Alors qu’en 2024, les importations totales provenant du Brésil étaient de 690. Les USA ont vraiment faim pour de la viande importée et n’en trouveront plus sur les tablettes puisque le cout deviendra soudainement prohibitif. En fait, les importations brésiliennes représentaient 5,4% de toute la viande de bœuf consommé aux Etats-Unis. Il faut ajouter à cela que les Etats-Unis ont cesser d’importer des veaux provenant du Mexique pour la 2ieme fois cette année. Tirez vos propres conclusions sur ce sujet.

Par conséquent, la situation est tendue dans le bœuf et les prix, qui avaient subi une certaine correction en juin, ont maintenant réatteint des sommets historiques. 

Contrat de bœuf (août 2025) (en cents / livre)

Pour ceux et celles qui reçoivent les commentaires de mon collègue Simon, hier celui-ci a publié les résultats financiers de Tyson Food. Je vous résume brièvement. Quand on regarde les marges de profits générées par les différents produits offerts par Tyson, on note que l’entreprise est déficitaire de presque 3% sur les ventes de viande de bœuf. Le cout est trop élevé pour les bêtes et personne ne semble pouvoir rentabiliser cette opération. Mis à part, pour les gens dans la filière vache/veaux.

Les activités d’abattages et de mise en marché du porc est profitable autour de 2,5%. C’est peu, mais cela semble être satisfaisant pour le long terme. Alors que le poulet est la ‘’vache à lait’’ (excusez-la!) de l’entreprise avec des marges opérationnelles de plus 8%

Si vous étiez dans la peau d’un dirigeant de Tyson, vous vous lanceriez dans quel genre d’élevage?

Pourtant, la croissance du poulet n’est pas très forte encore. On ne sent pas les effets des hausses de prix des viandes en général sur les incitatifs à produire davantage. Mais c’est une question de temps. Le USDA prévoit une croissance de production de 1% pour 2025. C’est encore peu…. Peut-être que les opérations sont encore affectées par la grippe aviaire des derniers mois?

Ce n’est pas la fin de l’été, mais nous allons bientôt nous concentrer sur le retour à l’école et les achats des grossistes iront dans ce sens. Par la suite, ce sera la Fête du travail et les préparatifs pour le temps des Fêtes! (Je suis comme le Costco, je parle de Noel en juillet!) Les viandes seront en compétition et la dinde sera moins populaire que jamais en raison de sa rareté. On va donc se rabattre sur quoi? Roast beef? Probablement qu’il sera hors de prix! Jambon…. Probablement. Au moins, on a senti une accalmie dans les prix offerts aux consommateurs pour le jambon et le poulet en 2023 / 2024.

 Prix Roast Beef, jambon & poitrine de poulet

Les consommateurs étranglés bientôt par les tarifs de Trump iront vers des alternatives moins chères pour leur consommation de protéines (ca va commencer bientôt, l’effet de ces tarifs). 

Par conséquent, il est difficile de voir comment le prix du porc pourrait baisser dans ces conditions. Le problème est toujours d’évaluer pendant combien de temps une situation peut perdurer. Il est possible que les Etats-Unis soient éventuellement pris avec un problème de taille : leurs exportations. Le reste du monde change et évolue rapidement, et les biens se transigent plus aisément que jamais dans l’histoire. Déjà le Brésil envoie plus de viandes au Mexique en juin cette année que les Etats-Unis. Le pays a exporté 30% plus de viande cette année (en 6 mois) malgré une baisse de 11% vers la Chine. Le Brésil est partout maintenant dans les pays dans lesquels les Etats-Unis avaient un pied : Philippines, Mexique, Japon. Il faut signifier que les Etats-Unis restent dépendants des exportations de viande de porc avec presque 24% de sa production totale. Et ils ont un Président qui veut se couper du reste du monde…. Ce monde tente de réorganiser sans les Etats-Unis.  

Exportations américaines de viandes de porc en 2025 (5 mois) versus 2024 (Source Pork Checkoff)

 Pas énormément de pays qui ont augmenté leurs importations de porcs américains en 2025….

Le prix est excellent et pourrait le demeurer longtemps, mais les exportations seront sérieusement à surveiller au cours des prochains mois. Parce que si le monde peut se passer de la viande américaine, les producteurs américains pourraient être dans un trouble plus grand qu’ils ne l’imaginent. 

FREDERIC HAMEL, CFA

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