Bonjour,
Le USDA a finalement publié son rapport Hog & Pig hier. Je vous dirais qu’auparavant, c’était LE rapport le plus suivi dans le monde de la viande, et ce, pour toutes sortes de raisons. La première étant son caractère rare. Il est publié 4 fois par année. Contrairement au boeuf qui a un Cattle-on-feed mensuel. La deuxième était que les gens de l’industrie y croyaient sincèrement. La véracité des données (ou l’apparence de) faisait de ce rapport un point d’ancrage ou une assise absolue. Mais plus aujourd’hui. Le USDA, de par ces nombreux calculs nébuleux, a rendu ce rapport moins mystique et plus hasardeux. Le quotidien et les analystes des marchés sont maintenant aussi sinon mieux outillés pour suivre l’évolution de la production porcine dans son ensemble. Bref, le rapport Hog & Pig devient un rapport parmi tant d’autre. (RIP Serge Fiori qui ne fut pas un musicien parmi tant d’autre!)
Que dit ce rapport? Essentiellement et il faut lire entre les lignes pour trouver une conclusion intéressante : l’industrie devrait croitre finalement. C’est subtil, mais c’est bien là, présent.
Les intentions de mise-bas sont probablement les données les plus intéressantes de ce rapport. Les analystes avaient largement anticipé la réaction des productions en proposant une hausse de 0,7% pour la période septembre à novembre. Ca me parait bien peu compte tenu de la situation actuelle du prix des grains. Et même la mesure des intentions de mises-bas pour la période de juin/août me semble erronée. Elle sera, à postériori, plus élevée que ça dans le rapport de septembre prochain. Je n’en serai pas surpris. Le USDA a haussé le niveau de production des mois de décembre et mars dernier. Ce qui arrive fréquemment.
Le producteurs et productrices envoient près de 5,6% moins de truies à l’abattages pour les premiers 6 mois de 2025 versus la même période en 2024. Un signe de croissance du cheptel non encore identifié par le USDA dans ce rapport. (effet qui sera ressenti en 2026)
La production porcine n’est plus régionale ou continentale, mais bien une affaire mondiale. La conjoncture actuelle des prix en Amérique, qui est tout à fait, exceptionnelle est une conséquence de plein de facteurs simples qui rendent une situation, au final, complexe (mesures environnementales en Europe, maladies plus fréquentes, etc). Il faut prendre le temps de bien analyser les acteurs à travers les années et leurs actions prises dans le but de diminuer ou promouvoir la production porcine ou même des viandes en général. Rien n’est simple aujourd’hui (et c’est encore pire au Québec me diriez-vous…. ) On sait que nous avons la propension à réduire toute analyse à une solution simple. Amusons-nous à inventer une théorie du complot sur les évènements survenus à Québec cette semaine…. Parce qu’on sait tous que les changements climatiques ont le dos large (ou n’existent pas selon certains). Et bien tenez-vous bien…. la CAQ aurait provoqué une tempête et annulé les festivités de la St-Jean pour punir les gens de Québec d’avoir été le premier domino de leur débandade lors de l’élection partielle dans Jean-Talon en 2023….(Et voilà Fred 1 – complotiste 0!)
Sans blague, un exemple de cet effet domino selon moi est la plus récente situation au Brésil. En mai dernier, découverte d’un cas de grippe aviaire dans un cheptel commercial de poulet. Conséquences et résultats : liquidation de 17 000 volatils, et fermeture des exportations de poulet provenant du pays (petit rappel : Brésil est le plus gros exportateur de poulet). Certains pays ont carrément fermé la frontière au poulet brésilien (Canada, Chine, Royaume-Uni, etc), d’autres comme le Japon ont plutôt opté pour la régionalisation du problème (une province en particulier). Le moratoire de fermeture des frontières était en place pour 1 mois et cette échéance s’est matérialisée le 23 juin dernier. Pendant 1 mois, les acheteurs ont du s’approvisionner ailleurs qu’au Brésil ce qui a dégarni les tablettes de grands pays producteurs laissant la place au porc pour remplir les besoins des consommateurs. C’est une raison importante de la hausse des prix du mois dernier. Pas la seule, mais UNE des raisons. Mais, il faut certainement s’attendre à ce que le Brésil soit agressif dans ses ventes de viandes de poulet dans les prochaines semaines.
Ainsi quand on combine, le rapport du USDA qui est un peu négatif pour les prix, à la fin du moratoire au Brésil, les grossistes américains ont certainement comblé leurs besoins pour les festivités du 4 juillet aux Etats-Unis qui arrivent vendredi prochain, la profitabilité exceptionnelle au quelle les producteurs ont droit (enfin!), il est bien possible que les prix des contrats à terme aient réalisé leurs sommets. Si on tient compte du fait que les inventaires congelés soient sortis aussi cette semaine avec un manque d’entrain, ceci ajoute un peu de lourdeur sur les prix. Il est possible que les prix demeurent à ces hauts niveaux pendant une période prolongée. Ce n’est pas parce que les prix ne montent plus qu’ils doivent chuter. Trouver l’équilibre n’est-ce pas l’objectif de tous et toutes…. Peut-être que le porc aussi!
FREDERIC HAMEL, CFA
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