Il y a tellement à dire sur le porc ces temps-ci qu'on pourrait écrire qu'il n'y a rien à dire en même temps. Le prix monte et monte et monte. Et les raisons sont multiples. Je vous propose, comme à mon habitude, une fricassée de petites nouvelles qui influencent surement le prix et qui pourraient faire tenir ces prix élevés pendant plus longtemps que les gens peuvent l'espérer. (même si nous ne sommes pas à l'abri de certaines corrections possibles dans ce bas monde).
Commençons par certaines évidences.
Premièrement, il n'y pas beaucoup de viande en inventaires aux Etats-Unis. Dans le dernier rapport du USDA, le cold Storage montrait que les quantités de viande de porc, bœuf et volailles congelées étaient à leur plus bas niveau depuis 2014. Nul besoin de rappeler les événements de 2014….
Il semble bien que le nombre d'animaux apportés dans les abattoirs ne soit pas à la hausse aux Etats-Unis. Quand on regarde le rapport hebdomadaire des données d'abattages, on note que la baisse est notable depuis le début de 2025 versus l’année précédente. C’est une baisse de 2,3% de viande fraiches disponibles pour les consommateurs.
Le USDA demeure prudent dans ses estimations de production et on peut croire que hausse prévue pour la production porcine ne pourra vraisemblablement pas se matérialiser. Le nombre d'animaux récemment abattus ne concordent pas avec les données précédentes du USDA. De plus, les rumeurs se multiplient concernant les cas de SRRP et de DEP (pourtant aucune nouvelle officielle sur le sujet) aux Etats-Unis depuis les derniers mois. Il est juste de souligner que le rythme d'abattages devrait chuter davantage avant de reprendre le chemin de la hausse à l'automne. C’est pourquoi le contrat du mois d’août pourrait surprendre encore une fois cette année (vers $1.20???)
Et je vous épargne tous les détails de la grippe aviaire qui sévit maintenant au Brésil. Plusieurs pays ont fermé la frontière au poulet brésilien. Au passage, on se doit de souligner que le Brésil est le plus grand exportateur de viande de poulet au monde. Donc localement, les prix ont reculé (7% à 10%), mais les acheteurs mondiaux ont dû trouver une nouvelle source d'approvisionnement. Le reste du monde doit donc contribuer et fournir ces acheteurs. Ce qui peut pousser nos prix (canadiens et américains) à la hausse en raison de cette demande un peu inespérée. Le Brésil pourrait reprendre les exportations à partir du 22 juin. Cela reste à voir.
Le prix du bœuf demeure, lui aussi, à des niveaux élevés qui sont historiques. Les consommateurs ne trouvent rien de cheap sur les tablettes des épiceries. Même les poulets entiers sont assez dispendieux. Je mets aussi le graphique des chops de porc aux États-Unis en comparaison.
Et pour finir sur une note un peu cocasse, mais qui illustre plusieurs points : l’importance de la salubrité alimentaire, les risques phytosanitaires et les économies que tentent de faire des familles américaines. Après la hausse spectaculaire du prix des œufs aux Etats-Unis, plusieurs familles sont se sont inventées producteurs d’oeuf et éleveurs de poulet dans leur cour arrière.... avec les risques de salubrité inhérents à ça. Résultat : une hausse de cas de salmonellose, mais aussi de risque d’augmentation de propagation des virus de grippe aviaire (transfert aux humains possible). On met à risque une partie du système. Encore une fois, le fragile équilibre entre liberté individuelle et collective.
Et dire que l'administration Trump tente d'éliminer des lois concernant la sécurité alimentaire aux Etats-Unis.... (une parmi tant d’autres)
Et tout ça en sabrant les budgets du CDC (Center for Disease control and prevention) de façon très importante (amputation de 50% de son budget) et tous les programmes de recherche. La FDA (Food and Drug administration) est aussi touchée par ces mêmes coupes. On oublie tous que Dieu va sauver l’Amérique, pas besoin de fonctionnaires ni de chercheurs, ni de suivi sur les maladies infectieuses.
Mais tout va bien Madame la Marquise, cela n'est rien. Ça commence avec un petit incident, sans gravité, pour terminer que tout le château à brulé (Chanson de Ray Ventura).
FREDERIC HAMEL, CFA
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