Bonjour,
Que se passe-t-il donc dans le porc depuis 3 jours? C’est l’hécatombe, la fin du monde? On va essayer de comprendre, mais je ne prétends nullement avoir la réponse à la baisse récente. J’essaie de dépeindre la situation avec différentes informations récemment lues.
On peut souligner que la baisse récente est surprenante compte tenu du fait que la remontée depuis 1 semaine était toute aussi impressionnante. La hausse du prix au comptant et de la découpe en janvier et en ce début février ont stimulé les achats des détaillants. Les tempêtes de neige successives au Québec mais aussi aux États-Unis ont sûrement perturbé les approvisionnements. Les abattoirs ont dû payer plus chers pour ‘’faire sortir’’ les porcs. Et les ventes aux détaillants ont peut-être été affectées. Pourtant quand on regarde le poids des porcs abattus, on note une très légère hausse du poids moyen des animaux vivants. Rien qui devrait être alarmant. Mais effectivement, les poids sont plus élevés. Les producteurs sont -ils en retard dans les mises en marché? Est-ce la raison pourquoi les abattages sont systématiquement plus petits semaines après semaines?
C’est vrai, les abattages sont maintenant 6,1% inférieurs à l’an dernier. Et quand on regarde pour la semaine dernière, on note une baisse de 0,4% versus la même semaine en 2024. Il ne faut pas oublier que le USDA avait prédit une hausse de 1,2% (au moins) pour ces mois de fin d‘hiver. Sommes-nous en retard? Ou il y a tout simplement moins de porcs que prévu? Le USDA se trompe-t-il à point? Est-ce des maladies qui touchent les cheptels? Beaucoup de questions, aucune réponse. Mais visiblement, les prix demeurent assez élevés et le marché croit que l’offre de porcs restera plus faible tout simplement.
Le marché ne monte jamais en ligne droite. Il peut corriger vers la baisse de temps et temps. Et l’inverse est vrai quand ca baisse, ca peut remonter pour aucune raison. Et il est possible que le prix du porc prenne qu’une petite pause avant de recommencer à grimper. Mais il faut toujours se méfier. Le début du mois de mars apportera une nouvelle dose d’incertitude quant aux tarifs. La date butoir du 4 mars doit être encerclée sur notre calendrier.
Si on regarde les dernières expirations du contrat d’avril, on peut noter les années 2020 ont été souvent assez exceptionnelles pour les prix (sauf 2023!). Peut-on imaginer des prix s’approchant de $1 / livre en avril? Si on se fie exclusivement aux statistiques (inventaires de viandes, les prix des produits substituts, les abatages, etc), on peut présumer que oui. Mais encore une fois, il existe des circonstances extraordinaires comme une Présidence-girouette qui peut mettre toutes sortes de mesures sans mesurer les conséquences de ses actes.
Expirations des contrats d‘avril sur 12 ans
Et dans ces mesures ayant des conséquences graves, je voudrais vous aiguiller sur ce que propose le Gouvernement américain vis-à-vis le monde agricole. On le sait toutes les agences vivent de grands bouleversements pour le meilleur (et surtout le pire), mais on sait que l’administration Trump souhaite économiser des centaines de milliards dans le budget américain. Effort louable, mais la manière est importante. Jamais Trump ne visera les producteurs directement (il pourrait rencontrer plus fort que lui!), mais tous les gestes qu’il pose récemment sont une charge détournée contre les agriculteurs et agricultrices. Pensez seulement à la fin de l’aide internationale. Et bien oui, il y a eu du gaspillage et des abus et honte à ceux qui ont voulu profiter de cette manne, mais il ne faut pas publier que les Etats-Unis envoient des milliers de tonnes de grains à l’étranger ce qui est une subvention indirecte aux producteurs nord-américains. Au fonds, c’est 2 milliards d’achats de denrées agricoles américaines qui resteront bloquées en sol nord-américain. Et des ventres vides à l’autre bout de la planète. De plus, on songe à éliminer un programme qui se nomme SNAP ou à tout le moins le réduire (20% selon les Républicains en charge). SNAP pour Supplemental Nutrition Assistance program, on le nomme souvent Food stamp plan (souvenez-vous des timbres Goldstar ans la pièce de théâtre de Michel Tremblay ‘’Les Belles Sœurs’’ ou les timbres Pinky de Steinberg). Ce plan d’aide aux familles ayant de la difficulté à se nourrir en raison des revenus familiaux plus faibles bénéficient à 42 millions (c’est 12% de la population américaine!) de personnes par mois selon les Statistiques officielles. On parle d’une distribution de 112 milliards ce qui donne à peu près un don ou rabais aux épiceries américaines de $366 par maisonnée. Si on ramène ce chiffre par rapport aux ventes des épiceries américaines, on suggère que 9.9% des ventes des épiceries sont reliées à cette aide humanitaire. C’est énorme! Imaginez un seul instant une réduction de 20% tel qu’exigé par le Plan Républicain. Certaines familles auront très certainement faim dans les prochains mois. Certains d’entre vous diront : Tant pis ils n’ont qu’à travailler plus forts! Alors que d’autres diront qu’il faut rétablir l’aide rapidement et redistribuer la richesse… Il existe mille et une nuances dans la gestion de la pauvreté et de la richesse et cette chronique n’est là pour établir la ligne. Mais on peut souligner l’impact que cela pourrait avoir sur les ventes à l’épicerie. Et les ventes de viande de porc peuvent être touchées.
Et finissions sur le scandale du début 2025 aux Etats-Unis : le prix des œufs! Le prix se situe maintenant à un sommet jamais vu en 45 ans. La grippe aviaire frappe fort et les cas se multiplient aux Etats-Unis. Pour l’instant, les poules pondeuses semblent plus touchées, mais on sait que cela peut toucher gravement les dindes et les poulets à griller aussi (pensons à 2014/2015 et 2022/2023). Et que feront les autorités pour empêcher la propagation? Rien ! Non ce n’est pas vrai, mais leurs moyens commencent à être entravées…. Le gouvernement vient de couper 10% du personnel du CDC (Centre pour le contrôle et la prévention des maladies). Des bases de données entières sont maintenant retirées du site. Ce qu’on ne voit pas fais pas mal n’est-ce pas? Restons au aguets au Canada!
L’abattage préventif ou des animaux malades a déjà atteint les chiffres de 2023 alors que ce sont les données pour le mois de janvier seulement. Imaginez seulement si la tendance se maintient (comme dirait M. Derome!).
Tout ceci pour souligner que les prix du porc ne me préoccupent pas tant, malgré le baisse récente. Le manque de protéine animales abordables sur les tablettes sera un enjeu plus grand. Et de plus, toute la biosécurité me semble davantage un souci que tout le reste.
FREDERIC HAMEL, CFA
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