Bonjour,

Maintenant que Jésus est sorti de son tombeau, il est maintenant que je m’y terre, que je me cache. Le prophète de malheur c’était moi alors que je pensais bien humblement que le prix du porc avait atteint certains niveaux avec lesquels on pouvait commencer à protéger des prix. La rentabilité était bonne sans être exceptionnelle, mais voilà que les prix ne semblent plus vouloir reculer. D’après des rumeurs farfelues, il parait même que les consommateurs n’ont jamais été aussi nombreux à consommer ou vanter les mérites de la viande porcine! Et comble de bonheur, le moment où tous ces braves gens font la file pour avoir leur portion de porc (divin produit!) ca arrive à un moment où la production mondiale recule. Parce que malgré un rapport Hog & Pig publié jeudi dernier (28 mars) qui indiquait qu’en vérité (je vous le dis), le nombre de porcs était supérieur à l’an dernier, le comportement des contrats à terme et le comportement du marché insinuent que nous allons manquer de porcs dans les prochains mois! (à lire au 2ieme degré ici…)

Écrire des chroniques demeure un exercice d’humilité et reconnaitre que malgré toutes les lectures, les connaissances, les graphiques, les écrans, on n’est jamais meilleur qu’un autre quand vient le temps de déterminer si on pèse sur le piton ou non de la mise en marché. Mais au moins, on se commet et on travaille sur les probabilités pour prendre les meilleures décisions et faire de la gestion des risques. Si on devait avoir toujours raison à quoi servirait le monde de l’assurance?

Mais revenons au porc un instant. Le prix au comptant grimpe et entraine le contrat d’avril à la hausse. Ça commence à ressembler au contrat d’avril 2021 alors qu’à la mi-mars, le contrat d’avril était passé de 90 USD / 100 livres à 103 à l’expiration! Sans crier gare, sans avertissement, le prix s’était mis à monter et monter et monter. En 2021, la dynamique était fort différente avec les massives importations chinoises de viande de porc. Serions -nous dans la même dynamique? D’après certaines personnes oui. La Chine serait prête à acheter tout ce qu’il y a de disponible…. Pas certain de cette affirmation cependant! Mais ce qui est sur c’est que le monde ne peut fournir autant de viande en 2024 versus 2021. Depuis 3 ans que le cheptel porcin en Europe diminue. La production nord-américaine est relativement stable, mais ne peut être seule à fournir tous les marchés d’exportations.

Les exportations prévues par le USDA pour l’année 2024 sont de 7 130 000 000 de livres. Donc, on parle de 7.13 milliards de livres. On juge possible une augmentation de 4.5% par rapport à 2023. Après 3 mois, le décompte est à +11% Le rythme d’exportation est donc nettement supérieur aux attentes. Le Mexique accapare tout ce que les Etats-Unis produisent. Hier, dans le rapport publié par le USDA, le chiffre absolu est de 28 700 tonnes. Ce n’est pas spectaculaire comme la semaine dernière (55 300 tonnes), mais c’est correct. Le Mexique importe 23 000 tonnes soit plus de 80% des exportations. Plusieurs personnes me mentionnent que le Mexique reçoit des carcasses pour les traiter et revendre les parties ailleurs dans le monde. Pourtant, le graphique de leurs exportations ne m’indiquent pas cette tendance.

Le Mexique est un pays de 130 millions d’habitant avec un taux de chômage autour de 2,5%, une croissance économique de 2.5% Pourquoi donc autant d’importations cette année? On se prépare pour la venue potentielle de Donald Trump à la Présidence américaine. En 2018, le Mexique avait du mettre 20% de tarifs douaniers sur le porc américain en réponse aux attaques commerciales de l’administration Trump. Et voilà que Trump récidive aujourd’hui en traitant tous les Mexicains de voleurs, de violeurs et même d’animaux! (https://www.reuters.com/world/us/trump-expected-highlight-murder-michigan-woman-immigration-speech-2024-04-02/#:~:text=I%20said%2C%20'No%2C%20they,country%20illegally%2C%20according%20to%20police.) Tu sais quand tu veux te faire des amis! Enfin, tout ca pour dire que peut-être les autorités mexicaines craignant un retour aux guerres commerciales avec les États-Unis et veulent, peut-être,  accumuler du porc et c’est pour cela que la demande est forte présentement. Ce serait une explication logique. Il ne faut pas oublier que le Brésil a commencé des exportations de porc vers le Mexique en 2023…. Quand on perd un client, c’est difficile d’aller le rechercher. 

Importations de porc (en millier de tonnes métriques)

Exportations de porc

Un dernier point que je souhaitais explorer : l’inversement du rapport-prix Bœuf / porc. Depuis 18 mois, nous avons parlé du ratio élevé des prix du bœuf versus le porc. Comme quoi, le prix du porc était largement sous-évalué versus le prix du bœuf. Et bien, cette relation est secouée depuis quelques jours maintenant. Et le ratio suit une nouvelle tendance. Le prix du bœuf a baissé alors que celui du porc a augmenté. Pourquoi? C’est la découverte de cas grippe aviaire dans des bovins laitiers aux États-Unis qui change la perception des marchés. On craint que les consommateurs fuient les étals de viande de bœuf en raison de la peur d’être malade.  

Ratio contrat à terme juin 2024 Bœuf et porc

Contrat à terme boeuf – juin 2024

Carpe diem! Profitons du moment présent, les prix sont excellents jusqu’en 2025 présentement, mais gardons en tête que sécuriser des profits est une bonne chose des fois! Une maladie dans le bœuf peut aussi arriver dans le porc….

FREDERIC HAMEL, CFA

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