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Statistiques d’abattage aux États-Unis

Les journalistes chinois rapportent que le troupeau de porc en Chine, lequel fût dévasté par la peste porcine africaine il y a 2 ans, a récupéré plus de 90% des niveaux « avant-PPA ». Selon le ministre de l’agriculture en Chine, la capacité de production se sera complètement rétablie durant la première moitié de 2021, sans oublier que la production continuera à croitre par la suite. 

Malgré la reprise de la production, le prix du porc en Chine est de retour au-dessus de la barre de 500 $US/100kg, plus du double d’avant la PPA. Il ne faut pas oublier que la Chine est l’une des seules économies qui aura connu une croissance positive cette année et la demande pour la protéine animale demeure très forte. Avec un coût de production avoisinant les 230 $US/100kg en Chine (le prix du grain est très cher!), il est indéniable qu’énormément d’investissements soient dirigés vers l’industrie porcine. Cependant, on voit déjà que la reconstruction du troupeau se fait sentir, principalement sur la valeur du porcelet. À la fin 2019, le prix du porcelet avait atteint un record de 20 $US/100kg (donc 160 $CA pour un porcelet de 6 kg), alors que la Chine était en plein cœur de la pénurie de viande et que la difficulté résidait dans la production de porcelets. Depuis, le prix du porcelet s’est déprécié par 37% ce qui reflète la reconstruction du cheptel de truies au courant de l’année et que les engraissements sont moins agressifs à l’achat. 

En suivant l’évolution du prix du porc et du porcelet, on peut avoir une idée de la situation du troupeau chinois. Avec le prix du porcelet qui est en chute, on voit que le pire de la pénurie est derrière nous. Cependant, avec un prix de la viande toujours au-dessus de 500 $US/100kg, les importations chinoises devraient rester favorables pour le prix américain pendant encore quelques mois, d’autant plus que le porc allemand n’a pas pu regagner le cœur du marché asiatique. Toutefois, faut s’attendre à ce que les prix chinois baissent beaucoup au cours de 2021, au fur et à mesure que la production retournera au-dessus des niveaux de 2018. Par exemple, lorsqu’on verra le prix du porcelet chinois à 8 $US/kg et le prix du porc chinois à moins de 300 $US/100kg, on pourra s’attendre à ce que la Chine se retire du marché international. Même que certains analystes parlent d’un surplus de porc d’ici quelques années en Chine puisque le jour que le prix chinois chutera, il y aura encore des chantiers en construction lesquelles continueront de faire accroître la production pour encore 1 an… Est-ce que ce sera en 2022 ou 2023, c’est dur à dire, mais possiblement en quelques parts durant ces 2 années. D’ici là, faut s’attendre à ce que la Chine continue d’être un acheteur très important sur le marché des grains. 

Prix du porc en Chine - $US/kg

Prix du porcelet en Chine - $US/kg

Au cours des 3 dernières années, le marché d’exportation de porcs des États-Unis a énormément changé en raison de la PPA, mais aussi à cause de la guerre commerciale que Trump a mené contre la Chine, sans oublier les querelles avec le Mexique (et un peu tout le monde). Entre 2018 et 2020, la part du marché mexicain est passé de 37% à 23%. D’une part, parce que le Mexique achète présentement 20 millions de livres/mois de moins, mais aussi parce que les exportations nettes sont plus importantes en 2020 qu’il y a 2 ans. Le Japon est le seul ayant maintenu la même pondération, soit le quart des achats de porc américain. Sans surprise, celui qui a connu une énorme croissance est le marché chinois, passant de 9% des exportations nettes à 35%! C’est 3 dernières années, la Chine a augmenté ses achats mensuels moyens de 38 millions de livres en 2018, à 92 millions en 2019 et 185 millions en 2020. Malheureusement, on connait fort possiblement le sommet de la demande chinoise, donc on peut s’attendre à un retour au volume de 2019 l’an prochain et un retour à 30-40 millions lbs par mois d’ici deux années. En espérant de voir la demande du Japon et du Mexique venir compenser le ralentissement de la demande chinoise en 2022, ce qui n’est pas impossible puisqu’il n’y a pratiquement pas eu de croissance sur ces 2 marchés.

Bonne journée  

GABRIEL JOUBERT-SÉGUIN, M.SC., CFA, CAIA