Nouvelles Philip Shaw

Trouver notre place dans le marché du soya

08 octobre 2024, Philip Shaw

Comme chaque année, au début du mois d'octobre, la récolte du soya bat son plein en Ontario et au Québec. Le soya peut surprendre. Il commence parfois à changer de couleur vers la fin août ou au début septembre, puis avec le beau temps, généralement, il accélère son développement jusqu'à ce qu'il soit prêt. Cependant, même à ce moment-là, il aime vous induire en erreur, car parfois la paille est verte, mais les fèves sont sèches. Ça peut faire gronder la plus grosse des batteuses. Ce n'est pas grave, les grondements sont acceptables, mais c'est quand on entend boum que ce n'est pas trop bon.

Inutile de dire que dans ma carrière, j'ai entendu quelques gros boums, mais c'était il y a quelques années. Je fais référence à quelque corps étranger comme une pierre qui entre dans la batteuse ou un gros bâton. À l'époque, nous battions avec des batteuses sous-performantes que nous guidions du mieux que nous pouvions. Souvent, on ratait quelque chose et c'était toujours comme ça que ça se passait. Aujourd'hui, grâce au guidage automatique et à une meilleure technologie dans les têtes des batteuses, c'est beaucoup plus facile. Espérons qu'il n'y aura pas de surprises.

En parlant de surprises, nous avons eu une appréciation du prix du soya à Chicago d'environ 0,90 $ depuis fin août. Comme les prix du soya à Chicago atteignent généralement leur niveau le plus bas en octobre, cette hausse est inhabituelle. Cependant, je suis sûr que beaucoup d'entre vous diraient que nous n’y sommes pas vraiment encore à des prix bien haut. Le soya est en baisse de 0,10 $ aujourd'hui. Il n'y a pas beaucoup de bonnes raisons, à part le marché de météo du côté de l'Amérique du Sud.

Des collègues m'ont rappelé que nous avons les stocks de soya les plus élevés en quatre ans et qu'en Amérique du Sud, nous envisageons une autre récolte potentielle record de 19 MMT de plus que l'an dernier. Bien sûr, ils n'ont semé que 4 % des superficies jusqu'à présent. Je ferais donc peut-être mieux de ne pas trop m'avancer.

Une variable dans le marché des grains qui est toujours pertinent, mais qui est toujours aussi très ambigu, est la façon dont le géopolitique affecte nos prix. Nous nous sommes plus habitués aujourd'hui à ce qui se passe avec la Russie et l'Ukraine ainsi que l'impact que cela peut avoir sur les marchés mondiaux du blé. En fait, beaucoup d'entre vous pensent que c'est maintenant déjà incorporé dans le marché, même si ces deux pays continuent de se lancer des missiles par la tête. Ça continue et, à l'approche de l'hiver, rien ne semble changer.

Gardez à l'esprit que je suis au courant des points chauds mondiaux ignorés au niveau régional, comme le Sud-Soudan, le Myanmar et certaines régions d'Afrique. Ces conflits sont tout simplement ignorés par les médias du monde entier, car ils n'ont pas d'importance stratégique pour les grandes puissances. Cependant, nous savons tous que des tirs réels se déroulent actuellement dans des endroits comme le Liban, Israël, Gaza et l'Iran. Cela pourrait vraiment perturber le monde si les choses tournent mal.

Et comment pourraient-elles mal tourner? Eh bien, gardez à l'esprit que ces choses ne sont jamais simples, mais qu'à l'autre bout de toutes ces bombes et de tous ces missiles, des gens meurent. Des erreurs peuvent inévitablement être commises, attirant des grandes puissances qui pourraient facilement avoir la capacité de secouer nos marchés du grain. Rappelez-vous que l'Iran est d'ailleurs un acheteur régulier de soya ontarien.

On pourrait dire que la géopolitique est toujours un facteur par défaut lorsqu’il s’agit de son importance sur nos marchés du grain. Vous savez que nos amis américains ne vendent pas de grains aux Iraniens. Ou du moins, je ne pense pas qu’ils le fassent. Il y a aussi d’autres problèmes comme ce qui se passe actuellement avec l'Europe, où l’importation de produits provenant de terres déboisées va être interdite. Le soya et les produits dérivés du soya en sont une grande partie.

J’ai entendu parler de ça pour la première fois par un acheteur de soya de l’Ontario qui s’inquiète des exportations de soya vers l’Europe. De ce que j'en comprends, il s'agit des terres qui ont été converties en terres agricoles, que ce soit par l’homme ou non, après la date du 31 décembre 2020. De toute évidence, cela concerne aussi le soya provenant du Brésil, d’Argentine ainsi que l’huile de palme provenant d’Indonésie et de Malaisie.

Pourquoi en est-il ainsi ? Eh bien, c’est comme ça. L'Union européenne ne reflète qu'une partie de la politique des nations qu'elle représente. Les arbres sont importants. Qui aurait cru qu'il existait un soya éthique ? Peut-être que le soya n'est pas le même partout dans le monde.

Pour le moment, je pense que je vais laisser ça de côté, car le seul soya qui m'intéressera dans les prochaines semaines sera celui qui passera dans les 35 pieds de ma batteuse. Gardez à l'esprit qu'il y a des milliers d'agriculteurs comme moi dans le monde entier qui espèrent faire la même chose. Trouver notre place sur le marché sera toujours notre défi.


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