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Taux d’intérêt : la Banque du Canada dit pas si vite

19 mars 2024, Philip Shaw

À cette période de l'année, les agriculteurs du Québec et de l'Ontario se retrouvent souvent à des réunions de production, car les entreprises locales parrainent parfois des réunions de clients pour discuter des préoccupations des producteurs pour l'année à venir. Je compte y aller dans quelques-unes au cours des prochaines semaines. J'aime toujours entendre les derniers experts en matière de lutte contre les mauvaises herbes dans ma région, qui sont quelque chose de spécifique à ma géographie. J'attends toujours la solution miracle en matière de gestion pour contrôler l'ambroisie géante résistante au glyphosate, groupe 2 ! Malheureusement, cela semble être une tâche difficile.

Il va sans dire que 2024 sera une année un peu difficile, car les prix des grains sont plus bas et les prix des intrants agricoles ne sont pas aussi bas qu'ils devraient l'être d'après les perspectives. L’une des facettes de la situation des intrants agricoles qui prend de plus en plus d’ampleur ces jours-ci est celle des taux d’intérêt. Les taux d'intérêt sont les plus élevés depuis plusieurs années et j'entends souvent cela non seulement dans le commerce des grains, mais aussi dans le commerce de détail des produits agricoles. Le fait est que le coût de financier est plus élevé qu’avant et ne peut plus être ignoré.

Vous pourriez dire que cela n’a pas été le cas au cours des dernières années, mais je ne suis pas d’accord. Même si les taux d’intérêt font partie des coûts de production depuis la nuit des temps, les taux d’intérêt extrêmement bas des dernières années en ont fait un facteur minime. Disons qu'il y a longtemps que le directeur de ma banque m'a dit en 1981 qu'il m'accorderait un prêt à 23,25 % et que j'étais heureux de l'obtenir.

Je suppose que tout est une question de point de vue. Ce que je considère comme les taux d’intérêt élevés que j’ai payés au début de ma carrière par rapport à ceux auxquels les gens se sont habitués au cours des 10 dernières années reste complètement différent. En fait, parlez à tous les agriculteurs du même millésime que moi et tous parlent de cette période difficile de 1981. En fait, et je m'inclus dans cela, il nous suit comme un nuage depuis ces moments difficiles des années 1980.

C'est une vieille histoire et je suis sûr que certains d'entre vous en ont marre de l'entendre. Cependant, la semaine dernière, dans la presse économique canadienne, nous avons entendu commentateurs après commentateurs spéculer sur l'espoir que la Banque du Canada réduirait les taux d'intérêt, déclenchant une réaction en chaîne qui rendrait un peu moins cher le coût d'emprunt, principalement pour les maisons. Bien sûr, l’espoir serait que maintenant que l’inflation soit suffisamment maîtrisée, nous puissions revoir ces réductions des taux d’intérêt de manière cohérente, remontant à l’époque des taux d’intérêt ultra-bas de l’histoire récente.

Nous avons entendu la Banque du Canada mercredi dernier et elle a maintenu les taux d'intérêt à 5 %. Cela a été décevant pour de nombreuses personnes qui s’étaient habituées à un taux presque nul. Vous pouvez également lire le contenu éditorial à travers le Canada en espérant de meilleures choses dans les semaines à venir de la part de la Banque du Canada. Malheureusement, avec notre taux d'inflation toujours à 2,9 %, la banque n'a pas jugé utile de réduire les taux d'intérêt. L’inflation sous-jacente s’élève à environ 3,4 %, ce qui rend la situation un peu plus compliquée. Je sais que ces définitions de l’inflation peuvent prêter à confusion, mais croyez-moi sur parole, la Banque du Canada n’était pas à l’aise avec la réduction du coût du capital. Malheureusement, le coût de possession du grain et le coût de possession de certains de ces équipements agricoles de 2024 resteront relativement élevés dans un avenir prévisible.

Tout le monde n’a pas dénigré la décision de la Banque du Canada de maintenir les taux d’intérêt là où ils sont. Parallèlement, le dollar canadien a gagné 42 points de base pour clôturer à 0,7398 US, son plus grand mouvement quotidien depuis le 13 décembre dernier. Aujourd'hui, il s’affiche à 0,7448 US. Comme je vous l'ai dit un million de fois, le dollar canadien a généralement une valeur inverse de celle du dollar américain, mais parfois une décision inattendue de la Banque du Canada fait une différence. Il va sans dire que cette hausse de la valeur du dollar canadien n’est pas bonne pour la valeur marchande des grains de l’Ontario et du Québec.

Aujourd'hui, la valeur commerciale des grains de l'ancienne récolte est de 5 $/boisseau (197 $/tm) pour le maïs, de 14,77 $/boisseau (543 $/tm) de soya et d'environ 6,45 $/boisseau (237 $/tm) de blé SRW de l'Ontario. Gardez à l’esprit que ces valeurs en 2024 ne sont plus ce qu’elles étaient et que notre horizon d’intrants agricoles est beaucoup plus long à gérer. Cela signifie que tout devient un peu plus exaspérant. L'argent qui circule entre nos mains ainsi que celui qui circule dans le commerce des grains et ailleurs dans l'économie agricole du Québec devient un peu plus difficile.

Le gouverneur de la Banque du Canada, Tiff Macklem, a déclaré lors de l'annonce des taux d'intérêt : « Nous devons donner plus de temps aux taux d'intérêt plus élevés pour faire leur travail ». Alors, on avance. Je vous ai toujours dit que les taux d’intérêt sont un marteau. Il est évident que ce marteau n’a pas encore frappé assez fort. À la ferme, nous continuons à nous balancer jusqu'à ce que nous parvenions à un équilibre.


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