Les journées sont devenues assez froides ici dans le sud-ouest de l'Ontario, la neige ayant couvert une grande partie du Midwest de l'Ontario. C’est cette période de l’année où les récoltes touchent à leur fin et où l’hiver tente d’imposer sa volonté. Je jure qu'en vieillissant, je pense que je pourrais vivre dans un climat plus chaud. Cependant, s’il y a une chose à propos de l’hiver canadien, c’est bien son effet nettoyant. Il y a moins de vermines et de ravageurs l’année suivante. Alors, espérons un de ces hivers canadiens froids et glacials! Mais j'aimerais qu'il y ait une autre manière d'y arriver.
Qui sait ce qui se passe vraiment après un été rempli de fumée, mais j'espère bien que l'hiver aura moins de surprises. Et avec cela, nous espérons aussi que l’hiver nous offrira des opportunités de voir les prix des grains augmenter. À bien des égards, nous sommes victimes de notre propre succès. Alors que débute le mois de décembre, les prix des grains sont plus bas, principalement parce que nous avons une offre beaucoup plus importante. Comme je l'avais dit plus tôt à l'automne, l'offre est importante et, maintenant que la récolte est presque terminée, nous savons que c'est le cas. La semaine dernière, le prix du maïs dans le sud-ouest de l'Ontario a continué de baisser pour atteindre 5,46 $ le boisseau (215 $CAN/tm).
L'année dernière, à peu près à la même période, le prix du maïs pour livraison immédiate s'élevait à près de 8 $ le boisseau (315 $CAn/tm). Le dollar canadien était à 0,7475 US. Aujourd'hui, le dollar canadien est à 0,7372 US. Réfléchissez-y pendant un moment.
Alors, que se passe-t-il en ce qui concerne les prix des grains dans l’est du Canada à l’approche de Noël? Comment avons-nous pu perdre environ 2,50 $ le boisseau (98 $CAN/tm) depuis l'année dernière? Sommes-nous arrivés ici en toute conscience? Y a-t-il eu des opportunités de vendre il y a un an que nous n'avions pas vraiment vues, ou auxquelles nous n'avions pas vraiment cru? Ou est-ce que tout cela est normal, normal alors que je suis assis ici à écrire à ce sujet? S’agit-il du cercle vicieux de la productivité agricole qui tourne en rond?
Une réponse rapide est simplement que nous nageons dans une offre excédentaire de maïs. La base américaine pour le maïs dans le sud-ouest de l'Ontario est actuellement d'environ -74 cents US le boisseau. Et, à l'heure actuelle, la base moyenne du maïs aux États-Unis est de -44 cents le boisseau sous le contrat à terme de mars à Chicago. Comme nous le savons, la base représente la valeur nécessaire pour faire bouger le maïs, que ce soit à l'achat ou à la vente, et cela nous renseigne sur ce qu'il se passe dans le marché. Il y a un besoin pour le maïs, mais ce besoin est satisfait à des niveaux de prix bien inférieurs à ce qui est affiché à Chicago. Ce n’est plus une théorie, mais une réalité, alors que la récolte touche à sa fin.
Gardez à l’esprit que cette offre excédentaire de maïs est également fonction de ce que nous observons en Ontario et au Québec. Je ne sais pas exactement à quoi ressemble la récolte du Québec, car elle a été décrite comme très variable, mais je m'attends à ce que les chiffres de l'Ontario soient record, surtout s'ils reflètent ce que j'avais dans mes champs. Si vous regardez la valeur de la base, à -74 cents le boisseau, cela nous indique qu'il y a amplement de maïs de disponible en Ontario. Et comme toujours, si quelqu'un aurait la témérité d'augmenter les prix ici en Ontario ou encore au Québec, le maïs américain affluerait pour le remplacer.
La situation concernant l'offre de maïs n'est pas tout à fait la même dans l'ensemble du Corn Belt américain, surtout lorsque le niveau de base moyen est de -44 cents le boisseau. Au cœur des régions productrices de maïs, dans l'Illinois et l'Iowa, les niveaux de base sont de -20 et -30 le boisseau, mais plus on se rapproche de Détroit, plus les niveaux de base reculent de -80 et -88 cents le boisseau. Ce maïs bon marché n’attend que d’arriver en Ontario si nécessaire, mais c’est très peu probable. Il y a suffisamment de maïs ici non seulement pour répondre à nos besoins intérieurs, mais aussi pour satisfaire à toutes les exigences d'exportation qui se présentent.
On peut peut-être affirmer que les prix sont beaucoup plus bas maintenant simplement parce que la « période d'abondance » de la récolte vient de passer. La base devrait donc s'améliorer au cours de la prochaine année. Cependant, gardez à l’esprit le coût croissant du stockage du grain, que vous le fassiez en location dans des silos ou dans votre propre installation de stockage. Et ce n'est pas gratuit. En fait, cela coûte de plus en plus cher. Il y avait et il y a toujours des moyens de couvrir ce risque.
Il s’agit toujours d’une cible mouvante et la commercialisation de vos grains est toujours en continuel changement. La couverture de nos risques est une question à multiples facettes. Par exemple, la première semaine de décembre est souvent un bon moment pour couvrir une partie de la prochaine récolte de maïs, en partie si on se fie à ce que nous avons vu dans les dernières années et en partie parce que la récolte est si loin et qu'il y a tellement de risques devant nous. À l'heure actuelle, le prix du maïs de la prochaine récolte en Ontario et au Québec peut dépasser 6 $ le boisseau (236 $CAN/tm). La question est alors la suivante : notre nouvelle réalité d’offre excédentaire de maïs va-t-elle s’accentuer ou non avec la récolte du Brésil dans les prochains mois et puis ensuite avec de bonnes conditions durant la saison l'an prochain? Il existe de nombreuses possibilités.
Nous savons comment nous en sommes arrivés là : une récolte record aux États-Unis et des exportations de maïs encore plus importantes en provenance du Brésil. Ensuite, il y a eu notre été enfumé en Ontario et au Québec, qui s'est traduit par de gros rendements ici. Comme vous le savez, j’aime toujours rester positif et dire qu’il y aura de nombreuses opportunités de vente à venir. Je le crois toujours, et le maïs à 6 $ (236 $CAN/tm) pour l’automne prochain pourrait en être une. Cependant, gardez à l’esprit que ce n'est pas tout le monde qui peut cultiver du maïs à de tels niveaux de prix alors qu'ils le pouvaient l’année dernière avec les prix qui étaient beaucoup plus élevés. À bien des égards, le soya offre des opportunités de commercialisation beaucoup plus attrayantes à l'approche de 2024. Bien sûr, nous ne voulons pas oublier le blé non plus, mais peut-être bien que oui aussi finalement. Ce marché est tellement à l'agonie.
Donc, si vous n’êtes pas satisfait des prix des grains de l’ancienne récolte ou de la nouvelle récolte, je suis sûr que vous n’êtes pas seul. Cependant, ceci ne devrait pas vous réconforter. Le marché des grains reste une cible complexe et mouvante et des prix plus élevés ne sont pas impossibles. La connaissance et le suivi quotidien des marchés seront toujours essentiels. Tout le monde est dans le même bateau dans ce marché difficile aux faibles prix. Mais à un moment donné, une opportunité haussière viendra sans aucun doute vous surprendre.