Nouvelles Philip Shaw

Ma coupe est à moitié pleine, malgré le bouleversement économique du COVID-19

12 mars 2020, Philip Shaw

Je n’ai pas vraiment besoin de vous dire ce qu’il se passe. Il y a une semaine, je disais que les choses apparaissaient de plus en plus sombres. On avait besoin de bonnes nouvelles fraîches. Hé bien, on a des nouvelles, mais elles ne sont pas vraiment bonnes avec la réalité du COVID-19 qui se fait sentir dans les marchés boursiers. Les choses sont fluides, mais le TSX a chuté en date de lundi dernier de 20% en 2,5 semaines, le prix du pétrole de l’Ouest canadien a fondu à 17,80$ et le rendement des bons du trésor canadien ont reculé à 0,2675%. C’est le cygne noir qui reste bien en vie.

Les prix des commodités agricoles sont en baisse, mais ce recul est survenu au début du COVID-19. Par comparaison des marchés des valeurs mobilières, les producteurs n’ont pas fait si mal. Cependant, c’est comme un déjeuner pour chien. Il fait encore bien noir dehors. J’ai toutefois vu une série de bonnes nouvelles la semaine dernière.

Cette nouvelle provient de la Chine. Qu’est-ce que tu dis? N’est-ce pas la Chine qui a été le pourvoyeur de mauvaises nouvelles pour les commodités agricoles au cours des dernières années? Il est certain que ça semble le cas, mais j’ai vu une lumière au bout du tunnel la semaine dernière lorsque le Président Xi a visité Wuhan, l’épicentre du coronavirus à la fin de l’année dernière. À partir de là, il s’est propagé dans le monde, causant des ravages au travers de notre important environnement de marché.

La visite du Président chinois à Wuhan est survenue à un moment où le nombre de cas signalés de COVID-19 est en baisse. En fait, il n’y aura eu que quelques douzaines de signalements de cas confirmés cette semaine, et plusieurs provinces chinoises n’en ont signalé aucun. Voir le Président chinois retourné dans cette région est un signe pour moi que peut-être nous avons une victoire. Cependant, comme nous le savons tous, une bonne partie du monde est dans la tourmente, malgré ce qui se passe maintenant en Chine.

Les hôpitaux de fortune sont en cours de fermeture à Wuhan en Chine, et la liste se poursuit. L’histoire nous dit que la plupart des pandémies de maladies tirent à leur fin lorsque les craintes s’estompent et que les gens retournent à une vie plus normale. Éventualiellement, et je sais que c’est difficile à croire, une amnésie généralisée concernant le COVID-19 sera éventuellement la nouvelle norme dans nos vies. J’espère que ceci aura un effet équivalent sur les marchés des commodités agricoles.

Bien sûr, je ne sais pas. Au cours des 34 ans que j’ai écrit cette chronique, c’est l’un des plus importants chocs économiques, comparables au 11 septembre 2001. Comme ce semble le cas, nous avons d’importantes récoltes sud-américaines qui arrivent, et des producteurs très impatients de débuter leurs ensemencements ici. Pas besoin de le dire, les dernières nouvelles avec la saison difficile de 2019 derrière nous donnent du crédit à un brin d’enthousiasme pour les ensemencements 2020. Comme si c’était vraiment possible que ce soit pire.

Le 20 mars, le USDA a de nouveau eu son mot à dire avec le dernier rapport d’offre et demande (WASDE). Avec un rapport pratiquement identique à celui de février, le USDA a laissé les productions américaines de maïs et soya 2019-20 inchangées, tout comme les exportations et stocks de fin d’année. La seule chose que le USDA a changée du côté du maïs est un recul de 5 cents du prix à 3,80 $US/bo. Même chose pour le soya qui a été réduit de 5 cents à 8,70 $US/bo..

Les inventaires mondiaux de fin d’année ont changé légèrement dans le rapport. Les stocks de maïs ont été augmentés de 500 000 tonnes à 297,3 millions de tonnes. Les stocks de soya ont été évalués à 102 millions de tonnes. La production du Brésil a été augmentée à 126 millions de tonnes, une très importante récolte, qui ne semble cesser de grossir davantage. La production de soya de l’Argentine a été augmentée de 1 million de tonnes à 54 millions de tonnes. La portion de l’offre de l’équation fondamentale de grain est certainement abondante.

La semaine dernière j’ai reçu une photo de quelques champs de blé qui m’ont été envoyés de près de Magura au Bangladesh. Le Bangladesh ne produit pratiquement pas de blé, et historiquement, il s’agit d’un grain peu commun dans un pays qui abonde de riz. Cependant, la photo de ce blé en disait long. Le blé était beau et reflétait peut-être la plus importante production 2019-20 de blé en Inde, à juste une heure à l’ouest de là. C’est le témoignage des stocks mondiaux record de blé qui continuent de planer au-dessus du marché du blé.

Alors, tout ceci situe les producteurs à quel endroit en cette mi-mars, alors que même dans les parties les plus froides de régions agricoles canadiennes, nous devrions sentir un premier brin de printemps? Ça semble définitivement encore noir dehors, mais il y a quelques signaux avantageux. La semaine dernière la Banque du Canada a réduit son taux d’intérêt, la Russie et l’Arabie Saoudite se sont déclarées une guerre du pétrole qui a fait plonger les prix du pétrole et le dollar canadien a chuté d’environ 2,5 cents, de retour dans les 72 cents. Ceci veut dire que nous pourrons cultiver encore pour une autre journée, avec l’argent emprunté sur le plan de « jamais, jamais », nos prix domestiques devrait en bénéficier, et peut-être même que le diésel pourrait être moins cher. Mon verre est à moitié plein.

Toutefois, il est aussi à moitié vide. Vous connaissez la chanson. Les dernières nouvelles ont été épouvantablement négatives. Certains d’entres-nous n’ont jamais été dans une telle situation à ce jour, mais laissée moi vous dire que moi oui. Ça vient d’expérience. Il y aura de bonnes nouvelles qui s’en viendront. À Noël prochain, heureusement, nous regarderons en arrière et rirons.


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