Nouvelle

Beaucoup de soya pour 2021?

06 décembre 2020,

Les batteuses sont à peine serrées que déjà, on se tourne vers 2021. La fin de l’automne, c’est la période où les achats de semences démarrent en trombe, et lors de laquelle nous avons une première idée des superficies qui seront consacrées à une culture ou une autre.

2020 n’est cependant pas une année normale. Dans les marchés, le prix du soya aura connu une forte hausse de plus de 100 $ la tonne en quelques semaines, de retour à 530-540 $ la tonne et plus, pour la 1re fois depuis l’hiver 2017. Le maïs aura hésité un peu plus, mais finalement taillé sa place aussi, grimpant au cours des dernières semaines de novembre à plus de 240 $ la tonne.

Le cas du soya est particulièrement intéressant. Non seulement on n’anticipait pas une telle vigueur des prix il n’y a pas si longtemps, mais c’est également la 1re fois qu’une hausse aussi importante a lieu en pleine récolte. Ce n’est par contre pas la 1re fois qu’on voit les prix graviter à plus de 500$/tm, mais généralement, une hausse aussi forte survient surtout à l’hiver ou encore au printemps.

Autre fait très intéressant pour les producteurs : il n’y a pas que le prix pour livraison immédiate cet automne qui a fortement grimpé dans le soya. Celui de la prochaine récolte n’aura pas donné sa place non plus, gravitant lui-même en novembre dernier autour de 500 $ la tonne en certaines occasions. Ceux qui ont pour habitude de vendre à l’avance pour la récolte le savent, c’est généralement plus en hiver ou au printemps que de telles opportunités ont lieu, pas pendant les récoltes.

Il y a donc certainement matière à se poser la question : « Assisterons-nous à un retour en force des ensemencements en soya au Québec en 2021? »

Un ratio bien connu pour tenter de répondre à cette question est le fameux ratio soya/maïs. Ce ratio, généralement utilisé à la bourse, est souvent utilisé comme point de départ à cette réflexion. Plus le ratio est élevé, plus la balance penche du côté d’ensemencements de soya, et plus il est faible, plus elle penche pour ceux en maïs.

Basé sur cette même logique, on peut faire l’exercice aussi avec les prix des maïs et soya au Québec. En voici le résultat :

Si on jette un coup d’œil au graphique, on  remarque qu’il y a toujours un délai entre les fortes fluctuations du ratio, et des changements importants d’ensemencements par la suite. Ce délai représente très bien la « réaction » des producteurs dans leurs intentions d’ensemencements suivant une forte hausse du prix du soya, ou du maïs dans l’année précédente.

 

Par exemple, le bond du ratio en 2013 à plus de 2,5, a entraîné dans l’année suivante une hausse des ensemencements de soya au Québec. Ce fut le cas aussi au cours de la période 2015 à 2016, où par la suite les ensemencements de soya ont bondi en 2017.

 

À l’opposé, la fameuse période de 2010 à 2012 a plutôt vu le ratio plonger vers 1,5, entraînant par la suite trois années successives d’ensemencements à la hausse en maïs au Québec. Même chose en 2006, avec un bond des ensemencements de maïs en 2007. 

 

Maintenant, considérant qu’il existe certainement une relation apparente entre les fluctuations de ce ratio, et les ensemencements dans l’année suivante, on peut dire que la dernière année aura été particulière.

 

Si on se fie au recul important du ratio de 2019, nous aurions dû constater un rebond des ensemencements de maïs au Québec au printemps 2020. Ce fut l’opposé, avec même un bon recul. Deux éléments peuvent expliquer a priori cette situation particulière : 

 

2020 fut certainement l’année du blé, et même des céréales. Les superficies semées en blé (tous types confondus) ont bondi de 22%, et celles d’avoine de 12%. L’orge tire un peu plus de l’arrière, en hausse de 3%.

 

Le ratio reste une interprétation de l’équilibre des prix du soya et maïs et de l’intérêt qu’on peut avoir de semer l’un ou l’autre. Mais dans les faits, les prix du maïs et soya n’ont pas été particulièrement attrayants dans les deux cas depuis un bon moment… jusqu’à cet automne. 

 

Certains diront que l’an dernier, le prix du maïs aura pourtant été élevé un bon moment. C’est vrai, puisque de la récolte de 2019 jusqu’à la fin de l’hiver dernier, nous avions du maïs qui se transigeait de 220 à plus de 240 $ la tonne. Mais, bien souvent, c’était pour du grade 3 sinon 2 et mieux. Concrètement, après escompte, plusieurs producteurs n’ont pas obtenu de tels prix si la qualité de leur maïs n’était pas au rendez-vous.

 

Il n’y a donc pas eu nécessairement beaucoup d’attrait à l’hiver dernier à semer du maïs comme du soya, si on parle strictement des prix proposés eux-mêmes. À l’opposé, depuis déjà un bon moment, les prix du blé panifiable ou même fourrager sont demeurés très intéressants, gravitant autour de 260 à parfois plus de 300 $ la tonne. On peut donc comprendre assez bien le désaveu des producteurs en 2020 pour les maïs et soya à l’avantage des céréales, et surtout le blé. 

 

Maintenant, est-ce que ce sera de nouveau le cas pour la prochaine année, pour les ensemencements 2021? On peut croire que non. 

 

Le ratio lui-même est à l’équilibre comme le montre le graphique précédent. Par contre, nous venons d’assister à un changement de cap important et on peut facilement voir ce ratio grimper davantage. La suite dépendra maintenant de l’insatiable appétit des Chinois pour la fève, mais aussi de la météo sud-américaine au cours des prochaines semaines. 

 

Mais, a priori, tout indique que 2021 s’annonce une année de soya. Et avec une possible vague d’ensemencements de soya au Québec, il n’est certainement pas de mauvais conseil de surveiller déjà de très près les prix récoltes 2021 qui sont déjà très intéressants.

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