Suivant un rallye amorcé à partir de la mi-janvier, les prix des grains ont connu leur 1er recul hebdomadaire cette semaine faute de nouvelles fraîches stimulantes pour alimenter davantage leur progression.
La publication très attendue ce jeudi du rapport mensuel du USDA sur l'état de l'offre et la demande de grains dans le monde et aux États-Unis a également présenté des résultats neutres qui en aura déçu plus d'un. Après une progression de plus de 0,55 $US/boisseau (27 $US/TM) dans le maïs et de près de 1,00 $US/boisseau (36,74 $US/TM) dans le soya, plusieurs comptaient sur la publication de nouveaux résultats plus inquiétants que prévus pour supporter davantage l'importante relance des prix des grains des dernières semaines.
Pour en savoir plus sur le dernier rapport mensuel du USDA de février 2012 : Grainwiz - Résultats du rapport du USDA du 9 février 2012
En Amérique du Sud, il est maintenant généralement entendu que les 2 dernières semaines de conditions plus humides auront permis de mettre un terme à la sècheresse qui a frappé l'Argentine et le sud du Brésil depuis la mi-décembre. Malheureusement, celles-ci seront survenues trop tard pour éviter des pertes du côté du maïs. Par contre, les cultures de soya auront pour leur part profité de ces meilleures conditions. Mais, dans tous les cas, le retour de conditions plus propices aux cultures aura eu pour effet cette semaine de freiner les inquiétudes des marchés à l'égard de possibles pertes « dramatiques » de production en Amérique du Sud.
Pour un aperçu de quelques photos de champs qui ont été fortement endommagés par les conditions sèches en Amérique du Sud : Diego Vara - O Rio Grande e a Seca
En Europe, les problèmes de dettes refont surface à nouveau. Cette semaine, une entente aura finalement été conclue entre la Grèce et ses créanciers privés. Mais, pour éviter un nouveau défaut de paiement le 20 mars prochain, la Grèce doit également parvenir à obtenir une nouvelle tranche de financement (prêt) de l'Union européenne et du FMI. Cette fois-ci, ces derniers exigent cependant que la Grèce soit en mesure de démontrer rapidement et clairement qu'elle adoptera de nouvelles mesures sévères et efficaces pour redresser sa situation économique sans quoi, aucun nouveau prêt ne lui sera consenti.
La Presse Affaires - Zone euro: la Grèce sur le seuil de la porte?
C'est donc assombri par l'idée que la Grèce demeure toujours en sérieuses difficultés que les marchés financiers ont terminées la semaine sur une note incertaine, freinant ainsi l'appétit des investisseurs et spéculateurs pour des investissements dans des marchés plus risqués comme celui des commodités agricoles. En raison des problèmes en Europe, la valeur du dollar américain aura aussi bondi ce vendredi, ce qui n'aura en rien aidé les prix des grains à clôturer la semaine en territoire positif.
Prix du maïs
Après avoir évolué sans direction apparente pratiquement tout au long de la semaine en attendant la publication du rapport mensuel du USDA, le prix du maïs aura tenté brièvement une dernière fois de briser (non sans succès) la barrière psychologique de 6,50 $US/boisseau (256 $US/TM) ce jeudi. Mais faute de résultat réellement plus inquiétant que ce qui était déjà anticipé par les marchés dans le rapport du USDA, il aura finalement fléchi et quitté la zone de consolidation dans laquelle il s'était établi depuis la semaine dernière qui était essentiellement située entre 6,35 et 6,50 $US/boisseau (250-256 $US/TM).
Pour livraison immédiate, sur le contrat à terme de mars 12, il a ainsi perdu 0,1275 $US/boisseau (5,04 $CAN/TM) entre sa fermeture de la semaine dernière et celle de ce vendredi pour maintenant s'établir à 6,3175 $US/boisseau (247,74 $CAN/TM).
Excluant le dernier rapport mensuel du USDA qui en aura déçu plus d'un, le prix du maïs aura également du composé avec un rapport hebdomadaire de ventes à l'exportation de grains américains décevant ce jeudi. Selon ce rapport, les exportateurs américains ne seront parvenus à vendre que pour 694 100 tonnes de maïs la semaine dernière alors que la moyenne des prévisions était 800 000 à 1,1 million de tonnes.
Vendredi, le USDA a cependant confirmé la vente de 240 000 tonnes à l'Égypte.
Techniquement, sur le contrat à terme de mars 12, le rallye qu'a connu le prix du maïs depuis la mi-janvier semble définitivement terminé. La question est à savoir maintenant s'il adoptera une tendance neutre ou s'il reculera davantage dans les prochaines semaines. Les faits que les inventaires américains devraient être serrés pour les prochains mois et que les intentions d'ensemencements américains demeurent inconnues pour l'instant (bataille des acréages) font en sorte « qu'en principe » le prix du maïs devrait demeurer ferme en attendant d'en savoir un peu plus à ces sujets. Rien n'exclut également que la récolte de maïs de l'Argentine puisse toujours se révéler encore plus maigre que ce que prévoient actuellement les marchés (20-22,5 millions de tonnes) et le USDA (22 millions de tonnes).
Le prix du maïs n'est toutefois pas à l'abri du comportement général des marchés financiers. Et en ce sens, de plus en plus de spécialiste et analystes doutent de la santé de l'économie mondiale et commencent à croire que 2012 pourrait être une année plus difficile que ce qu'en auront laissé entendre ses premières semaines. Ainsi, même si la disponibilité de maïs a de quoi en supporter le prix à la bourse, rien n'empêche que si l'ensemble des marchés financiers en prend pour son rhume, celui-ci pourra alors difficilement éviter une déconfiture de sa valeur.
Techniquement, il est intéressant de noter aussi que si le prix du maïs a pu profiter d'une tendance haussière en place depuis la mi-décembre (droite verte sur le graphique), une tendance baissière semble maintenant la défier (droite jaune foncée). Ceci donne d'ailleurs l'apparence de la formation d'un « biseau » (wedge) dont l'issue correspondrait à la publication du rapport du USDA du 31 mars sur les intentions d'ensemencements des producteurs américains...