Suivant un début de semaine négatif occasionné par des inquiétudes entourant les problèmes de la crise de la dette en Europe et de meilleures averses que prévu en Amérique du Sud, les prix des grains se sont rapidement ressaisis pour clôturer à la hausse de manière très avantageuse depuis 2 jours.

En Europe, les incertitudes entourant une entente entre les créanciers privés et la Grèce concernant le sort réservé à la dette de celle-ci se sont résorbées et laissent maintenant poindre l'espoir d'une résolution définitive. Aujourd'hui, des données positives ont également été présentées concernant les secteurs manufacturiers des États-Unis, de la Chine et de l'Allemagne.

Profitant de se sentiment général des marchés financiers plus optimiste, les investisseurs et spéculateurs ont ainsi repris leurs activités avec confiance depuis mardi, supportant par la même occasion la progression des prix des grains. Toutefois, ceux-ci auront pu également compter sur de incertitudes grandissantes entourant la production de blé d'hiver en Europe, Russie et Ukraine, mais aussi aux États-Unis ainsi que concernant les pertes de production de maïs et soya que devraient connaître le Brésil et l'Argentine cette année.

Sur le vieux continent, des températures allant jusqu'à 15-20 degrés Celsius sous les normales saisonnières sont observées dans plusieurs régions depuis quelques jours. Bien que la disponibilité mondiale de blé actuelle demeure peu préoccupante, les marchés ont vivement réagi à l'idée que des pertes importantes puissent être rencontrées dans les cultures d'hiver en cours en raison de cette vague de froid intense qui touche notamment la Russie, l'Ukraine et certains pays d'Europe. Certains avancent qu'en Ukraine, plus du tiers de la récolte de blé d'hiver serait menacée.

Aux États-Unis, dans le sud du pays, les conditions actuelles sont pour leur part très sèches et laissent présager que les cultures de blé pourraient en être affectées au printemps (été) prochain. Cette situation n'est pas nouvelle et les marchés sont au fait de ce problème depuis déjà quelques semaines. Toutefois, avec les difficultés rencontrées par les cultures de blé d'hiver en Europe, l'idée que la disponibilité mondiale de blé pourrait se révéler moins avantageuse que prévu en 2012 et 2013 aura vu le jour et alimenter la relance du prix du blé (+4 % depuis son ouverture de ce lundi).

Du côté du maïs, son prix à la bourse aura également pu continuer de profiter de la valeur vigoureuse des « bases » aux États-Unis qui laisse présager une disponibilité de maïs plus problématique que ne le laisse entendre le USDA pour les prochains mois. Excluant certaines craintes de nouvelles pertes de rendements en Amérique du Sud, le soya aura pour sa part su bénéficier du retour de la Chine sur les marchés internationaux alors qu'une nouvelle vente de soya américain a été confirmée.

Enfin, aujourd'hui, la valeur du dollar américain a clôturé à son plus faible niveau enregistré depuis le début du mois de décembre dernier ce qui, de pair avec la baisse marquée du coût de transport maritime (voir : Bloomberg - Baltic Dry Bulk Index), favorise particulièrement la reprise des exportations américaines de grains. La possibilité de voir ces dernières progresser dans les prochaines semaines a de quoi supporter les prix des grains sachant entre autres que le niveau des inventaires américains de grains demeure serré, spécialement du côté du maïs.

Prix du maïs

Après plusieurs jours d'hésitation, le prix du maïs sera finalement parvenu aujourd'hui à atteindre l'objectif que plusieurs producteurs américains s'étaient fixé à 6,50$US/boisseau (256 $US/TM). Il ne sera cependant pas parvenu à progresser davantage, des prises de profits l'ayant forcé à se replier par la suite.

Pour livraison immédiate, sur le contrat à terme de mars 12, il a ainsi gagné 0,03 $US/boisseau (1,18 $CAN/TM) pour clôturer la journée à 6,42 $US/boisseau (252,67 $CAN/TM).

Selon le dernier rapport hebdomadaire du U.S. Energy Information Administration, la production d'éthanol a progressé pour atteindre 939 000 barils/jours la semaine dernière aux États-Unis contre 934 000 barils/jours la semaine précédente. Ce résultat est dans la moyenne des dernières semaines et aura été bien accueilli par les marchés sachant que la valeur des bases aux États-Unis demeure exceptionnelle présentement.

Techniquement, sur le contrat à terme de mars 12, le prix du maïs continue d'afficher un comportement positif. Il sera notamment parvenu à briser la résistance que lui opposait depuis plusieurs jours la moyenne mobile 100 jours (ligne mauve). Son prochain objectif est maintenant de parvenir à briser la résistance de 6,50 $US/boisseau (256 $US/TM) auquel il fait maintenant face. Comme le rappel l'analyste Arlan Suderman dans son commentaire quotidien sur le site de Farm Futures, il faudra toutefois très certainement que le prix du maïs se consolide sous cette résistance avant de pouvoir la franchir pour ainsi parvenir à tester sa prochaine résistance importante à 6,63 $US/boisseau (261 $US/TM) qui représente également la valeur actuelle de sa moyenne mobile de 200 jours. S'il retourne à la baisse dans les prochains jours, il faut surveiller un 1er support immédiat à 6,40 $US/boisseau (252 $US/TM) suivi d'un second support à 6,32 $US/boisseau (249 $US/TM).

Prix du soya

Profitant de la confirmation d'un nouvel achat de soya américain par la Chine, du contexte des marchés financiers favorables, mais également de conditions très sèches (qui était pourtant déjà prévu en début de semaine) dans le sud du Brésil, le prix du soya sera parvenu a réalisé une remontée très avantageuse de sa valeur suivant le creux atteint ce lundi à 11,8450$US/boisseau (435 $US/TM) sur le mars 12.

Pour livraison immédiate, sur le contrat à terme de mars 12, il aura progressé aujourd'hui de 0,1625 $US/boisseau (5,97 $CAN/TM) pour se rétablir dans la zone de négoce qu'il avait abandonné en début de semaine en clôturant à 12,1525 $US/boisseau (446,40 $CAN/TM).

Selon les informations disponibles, la Chine a confirmé l'achat de 120 000 tonnes de soya américain aujourd'hui. Et sachant que les marges de profit des triturateurs chinois seraient actuellement à leur plus haut niveau en 3 mois, combiné à un affaiblissement de la valeur du dollar américain et des frais de transport maritime avantageux, l'idée que la Chine puisse importer davantage de soya dans les prochaines semaines fait son chemin.

En Amérique du Sud, les différentes opinions concernant l'étendue des dommages occasionnés par la sècheresse des dernières semaines continuent d'être débattues. Mais dans l'ensemble, tous s'accordent toujours à dire que la récolte de soya ne sera pas à la hauteur des attentes prévues alors que de nombreuses firmes continuent de revoir à la baisse leurs prévisions. Plusieurs s'interrogent aussi sur les effets qu'auront les moins bonnes récoltes sud-américaines sur les exportations américaines dans les prochaines semaines/mois.

Techniquement, sur le contrat à terme de mars 12, la tendance haussière dont profite le prix du soya depuis la mi-décembre demeure bien en place, son recul de ce lundi l'ayant testé sans la briser. Aujourd'hui, le prix du soya sera parvenu également à s'établir et clôturer à nouveau au-dessus de sa moyenne mobile de 100 jours (ligne mauve) ce qui est également positif. Il fait maintenant face à une résistance immédiate à surveiller à 12,20 $US/boisseau (448 $US/TM). Le bris de cette résistance lui permettrait par la suite de tenter à nouveau d'atteindre l'importante résistance qu'il connaît autour de 12,37-12,40 $US/boisseau (454-456 $US/TM). Il devra cependant défier une 1re résistance à 12,32 $US/boisseau (453 $US/TM) avant de pouvoir y parvenir.