À l'exception du soya, les prix des grains auront progressé à nouveau aujourd'hui.
En Amérique du Sud, de l'avis de plusieurs, il semblerait maintenant que les conditions humides des derniers jours auront été plus que suffisantes pour atténuer le stress hydrique occasionné par la sècheresse des dernières semaines. Par contre, le maïs ayant dépassé le stade crucial de la pollinisation, ces averses seraient survenues trop tard pour éviter des pertes de production, spécialement en Argentine. La situation serait toutefois différente pour les cultures de soya qui pourraient profiter grandement des dernières averses pour ainsi se soustraire à des pertes irréversibles.
Face à cette situation, les marchés auront donc choisi aujourd'hui de continuer à retirer une part du « premium météo » qui avait été progressivement insufflé dans le prix du soya depuis la publication des rapports du USDA. Ils auront par contre poursuivi leur prise de position dans le maïs. La quantité de maïs qui sera récolté en Argentine préoccupe toujours et l'idée de voir les exportations américaines de maïs bondir pour cette raison continue de faire son chemin.
Du côté du blé, la rumeur à l'effet que la Russie puisse mettre en place une taxe à l'exportation sur les grains russes afin de les réduire dans les prochains mois, ainsi que la meilleure compétitivité du blé américain sur les marchés mondiaux auront permis au prix du blé de progresser à nouveau aujourd'hui. Des couvertures de positions alors que les investisseurs et spéculateurs avaient, il n'y a pas encore longtemps, misé plutôt sur un recul du prix du blé seraient aussi à l'origine de la fermeté de ce dernier.
Prix du maïs
Après un début de journée plus difficile, le prix du maïs sera parvenu à nouveau à progresser pour une 5e journée consécutive, franchissant aujourd'hui un autre niveau technique important qui était établi à un peu plus de 6,30 $US/boisseau (248 $US/TM) sur le mars 12.
Pour livraison immédiate, sur le contrat à terme de mars 12, il aura ainsi gagné 0,0425 $US/boisseau (1,68 $CAN/TM) pour clôturer à 6,3450 $US/boisseau (251,10 $CAN/TM).
Fondamentalement, la possibilité de voir l'offre de maïs pour 2011-12 se faire amputé de 3-10 millions de tonnes en raison de la sècheresse en Argentine à de quoi justifier la fermeté actuelle du prix du maïs à la bourse. Après les États-Unis, l'Argentine figure 2e au rang des plus importants exportateurs de maïs dans le monde. Faute d'une bonne récolte en Argentine, tout indique que les ventes à l'exportation de maïs américain pourraient donc bel et bien bondir dans les prochaines semaines/mois alors même que leurs inventaires de fin d'année 2011-12 n'auront pas été aussi serrés depuis 1995-96. C'est sans compter que certains analystes croient également que la demande domestique de maïs aux États-Unis pourrait elle-même se raffermir avant que la récolte 2013 ne soit disponible.
Le contexte d'offre et demande de maïs pour les prochains mois a donc de quoi susciter plusieurs interrogations et supporter la hausse actuelle du prix du maïs. Cependant, l'idée que ce dernier puisse avoir atteint pour l'heure son plein potentiel de hausse commence à circuler considérant l'importance de son « rallie » des 5 derniers jours (+7% sur le mars 12).
Plusieurs analystes soulignent qu'il faudrait d'ailleurs maintenant qu'un nouvel élément stimulant voit le jour rapidement, sans quoi le prix du maïs pourrait être condamné à se stabiliser et même reculer prochainement. Certains vont même jusqu'à suggérer que le « rallie » des derniers jours représenterait en réalité en lui-même une belle occasion de réalisé des ventes (voir Ray Grabanski : Selling opportunities for corn producers - Agriculture.com)
Et ce son de cloche n'aura pas été sans susciter de réactions aux États-Unis. Selon les dernières informations disponibles, les producteurs américains commenceraient maintenant à réaliser des ventes pour profiter non seulement de la relance des derniers jours du prix du maïs à la bourse, mais également de la valeur de sa base qui se serait aussi beaucoup raffermie dernièrement.
Mentionnons aussi qu'avec la hausse actuelle qu'a connue le prix du maïs récemment, la valeur du maïs américain sur les marchés internationaux se révèlerait moins compétitive. Les marges de profit des fabricants d'éthanol s'affaibliraient aussi de plus un plus. Deux éléments qui pourraient tôt ou tard forcer également le prix du maïs à se stabiliser et même reculer.
Techniquement, sur le contrat à terme de mars 12, le prix du maïs sera parvenu à franchir une autre étape importante de sa progression en parvenant à briser et clôturer la journée au-dessus de sa moyenne mobile de 20 jours. Son prochain objectif est maintenant de parvenir à tester une prochaine résistance à 6,45 $US/boisseau (254 $US/TM) qui constitue sa moyenne mobile actuelle de 100 jours. S'il y parvient, il aura alors refermé le « gap » occasionné par sa déconfiture suivant la publication des rapports négatifs du USDA du 12 janvier dernier, ce qui sera un autre signe positif. Par la suite, il devra parvenir à affronter une résistance plus importante autour de 6,64-6,66 $US/boisseau (261-262 $US/TM). Il profite d'un premier support immédiat à 6,25 $US/boisseau (246 $US/TM) suivi d'un second support à 6,15 $US/boisseau (242 $US/TM).
Prix du soya
Le prix du soya ne sera pas parvenu aujourd'hui à éviter un premier recul de la semaine alors que les averses observées en Amérique du Sud donnent maintenant à penser que les pertes occasionnées par la sècheresse des dernières semaines seront limitées. Par contre, celui-ci aura pu profiter de la vigueur des prix du maïs et blé pour amortir sa chute.
Pour livraison immédiate, sur le contrat à terme de mars 12, il a ainsi perdu 0,0650 $US/boisseau (2,40 $US/TM) pour s'établir à 12,1350 $US/boisseau (448,22 $CAN/TM).
Des liquidations de positions spéculatives, le comportement général des marchés financiers moins favorable ainsi qu'une hausse du dollar américain auraient également contribué à affaiblir le prix du soya aujourd'hui.
Tout comme dans le cas du maïs, avec le rallye significatif du prix du soya depuis pratiquement 2 semaines, plusieurs commencent à croire maintenant qu'il faudra d'autres nouvelles stimulantes pour supporter davantage la progression de celui-ci. Toutefois, contrairement au maïs, s'il ne fait aucun doute qu'il y aura eu aussi des pertes occasionnées par la sècheresse en Amérique du Sud, la réalité est que celles-ci seront beaucoup moins problématiques sur la situation d'offre et demande de soya dans les prochains mois.
Comme le souligne l'analyste Arlan Surferman dans son commentaire quotidien sur le site de Farm Futures, la vague d'inquiétude qu'a occasionné la sècheresse sud-américaine n'aura d'ailleurs pas non plus généré une relance significative des ventes américaines à l'exportation de soya comme ce semble le cas du côté du maïs.
Techniquement, sur le contrat à terme de mars 12, il est intéressant de constater que le prix du soya sera parvenu à repousser les limites de la tendance baissière de fond en place depuis la fin du mois d'août dernier, ce qui est bon signe. Mais là s'arrêtent pour l'instant les bonnes nouvelles. Le prix du soya semble maintenant faire face à des résistances importantes qu'il peine à briser. Dans un 1er temps, il est confronté à sa moyenne mobile de 100 jours actuellement de 12,2675 $US/boisseau (451 $US/TM). Ensuite, s'il franchit celle-ci, il devra alors se mesurer à une série de résistances à 12,30 $US/boisseau (452), puis 12,37 et 12,47 $US/boisseau (454 et 458 $US/TM).
Rien n'est impossible comme l'aura démontré le comportement haussier du soya depuis la publication des rapports négatifs du USDA, mais comme le soulignent plusieurs analystes, il faudra très certainement qu'un évènement particulier le stimule de manière très positive pour qu'il parvienne à franchir ces résistances et poursuive ainsi sa progression vers d'autres sommets.
Dans l'immédiat, s'il poursuit son recul, il faut surveiller un 1er support à 12,10 $US/boisseau (445 $US/TM) puis un peu plus de 12,05 $US/boisseau (443 $US/TM).