À l'image de ce qu'est chaque année la publication du rapport mensuel de janvier du USDA, la semaine qui c'était révélé « tranquille » jusqu'à ce jeudi, et même avantageuse pour les prix des grains en raison des difficultés météorologiques sud-américaines, aura clôturé sur une note très négative et agitée.

Ce qui se devait de se révéler selon les prévisions des analystes des rapports du USDA neutres à positifs pour les prix des grains ce jeudi se sera plutôt révélé des rapports surprenants et négatifs.

Sans contredit, ce sera le maïs qui aura le plus souffert des résultats de ces rapports. Alors que les marchés envisageaient essentiellement des révisions à la baisse de la dernière récolte américaine à 311,93 millions de tonnes et des inventaires américains de fin d'année à 19,13 millions de tonnes, le USDA aura surpris en proposant plutôt des ajustements à la hausse à 313,91 millions de tonnes et 21,49 millions de tonnes.

Selon ce que révèle le USDA, les inventaires américains de maïs seront donc toujours très serrés pour 2012, mais définitivement moins que ce qu'envisageaient les marchés.

En raison de la sécheresse qui aura affectée au cours des dernières semaines l'Amérique du Sud, il était également entendu qu'une révision à la baisse de la prochaine récolte de maïs de l'Argentine se devait d'avoir lieu. Bien que le USDA ait souscrit à cette attente en révisant son estimation de 29 à 26 millions de tonnes, plusieurs s'attendaient à ce que cet ajustement soit plus important considérant la gravité de la situation rapportée dans plus région de l'Argentine.

C'est donc surpris et très déçu par ce nouveau contexte que le prix du maïs aura plongé dès l'ouverture des marchés jeudi pour clôturer la semaine avec une perte hebdomadaire importante de sa valeur de 7%. Il n'aura cependant pas été le seul à recevoir une douche froide avec la publication des rapports du USDA.

Du côté du soya, le USDA aura également surpris les marchés en révélant en premier lieu des inventaires trimestriels de soya américain plus élevés que prévu à 64,50 millions de tonnes au 1er décembre 2011. Ceci confirme un ralentissement de la demande (& exportations) de soya au cours de ce trimestre sachant qu'il s'y sera écoulé 24,63 millions de tonnes comparativement à 30,78 millions de tonnes au cours de cette période l'an dernier.

Mais là ne s'arrêtent pas les révisions surprenantes du USDA puisque l'instance américaine aura aussi indiqué qu'elle estimait la dernière récolte américaine de soya à 83,17 millions de tonnes alors que les marchés anticipaient plutôt une baisse de celle-ci comparativement à la prévision du USDA de décembre dernier de 82,89 millions de tonnes. La demande et les exportations américaines de soya auront aussi été revues de près de 1 million de tonnes à la baisse.

C'est ainsi que toutes révisions confondues, les inventaires américains de soya sont maintenant prévus à 7,49 millions de tonnes, un résultat nettement au-dessus des attentes des marchés et un niveau beaucoup plus confortable que la moyenne des 5 dernières années de 5,31 millions de tonnes.

Seule note optimiste dans le rapport mensuel du USDA, grâce essentiellement à des ajustements à la baisse des récoltes de soya du Brésil et de l'Argentine de 2,5 millions de tonnes à 124,5 millions de tonnes, la production mondiale de soya sera passée de 259,22 à 257 millions de tonnes. Par conséquent, les inventaires mondiaux de fin d'année de soya pour 2012 auront aussi été revus à la baisse à 63,43 millions de tonnes contre 64,54 millions de tonnes d'estimé en décembre dernier.

Mais malgré ce contexte d'offre et demande mondial légèrement plus inquiétant, les marchés auront porté toute leur attention sur le contexte moins préoccupant du soya aux États-Unis. Suivant le comportement du prix du maïs, celui du soya aura ainsi connu également un revers important de sa valeur suivant la publication des rapports du USDA, celle-ci accusant une perte hebdomadaire de l'ordre de 3%.

Enfin, le blé aura également accusé son lot de mauvaises nouvelles en provenance des rapports du USDA.

Selon ces rapports, les ensemencements de blé d'hiver de 41,9 millions d'acres se seront notamment révélés de 1 million d'acres supérieur aux attentes des marchés. En raison d'une augmentation de son usage et de ses exportations, les inventaires de fin d'année 2011-12 de blé américain auront qu'en eux bel et bien été revus à la baisse à 23,78 millions de tonnes. Par contre, cette révision à la baisse se sera révélée moindre que ce qu'anticipaient les marchés. Les inventaires mondiaux ont également été revus à la hausse de 1,5 million de tonnes à 210 millions de tonnes.

Tout comme ceux du maïs et du soya, le prix du blé aura donc très mal digéré les rapports du USDA, ce qui aura contraint celui-ci à encaisser une perte hebdomadaire de l'ordre de 4% de sa valeur.

Comme bien souvent de mauvaises nouvelles en attirent d'autres, pour terminer la semaine ce vendredi, les marchés financiers en ont aussi à nouveau pris pour leur rhume. La note de crédit de la France a été revue à la baisse de AAA à AA+ par la firme de notation financière Standard & Poors et les négociations entre les banques et la Grèce concernant le sort de sa dette seraient maintenant au point mort. La valeur du dollar américain aura profité de cette situation pour bondir à nouveau alors que de leur côté les investisseurs et spéculateurs se sont renfrognés, un contexte qui n'aura en rien aidé les prix des grains à se ressaisir suivant le coup dur qu'ils auront encaissé ce jeudi avec la publication des rapports du USDA.

Pour les prochains jours/semaines, les perspectives de voir les prix des grains progresser vers des niveaux plus avantageux sont donc maintenant très minces. Il reste à voir si les conditions météorologiques en Amérique du Sud seront à nouveau chaudes et sèches ou non après les averses observées au cours de la dernière semaine. Selon les informations disponibles, d'autres averses pourraient cependant survenir au cours des 7-10 prochains jours.

La question est à savoir aussi à quel point les marchés bouderont encore longtemps les résultats surprenants présentés par le USDA dans ses rapports de cette semaine. Car s'il est vrai que ceux-ci ont de quoi choquer et surprendre, il n'en reste pas moins que fondamentalement certainement préoccupations demeurent à l'ordre du jour, notamment du côté des inventaires américains de maïs qui demeure à leur plus faible niveau enregistré depuis 1995-96. Dans le monde, bien qu'ils se révèlent encore confortables, les inventaires de soya sont également plus serrés. Il ne faudrait donc pas voir les prochaines récoltes sud-américaines affectées davantage par de nouvelles conditions trop sèches, car la situation pourrait alors changer rapidement.

Mais en attendant, techniquement sur les contrats à terme courant, il faut s'attendre à voir les prix des grains reculer davantage, le prix du maïs étant maintenant passé à nouveau sous la barre de 6$US/boisseau (236 $US/TM) et le soya n'étant plus très loin d'un support psychologique important à 11,50 $US/boisseau (422,5 $US/TM).