Les prix des grains ont clôturé aujourd'hui sur un ton neutre et partagé alors qu'un mélange d'incertitudes et de prises de profits les aura empêchés de suivre une direction bien définie pendant la journée.
En Amérique du Sud, les averses prévues depuis la semaine dernière ont débuté. Les questions qui hantent maintenant les marchés sont à savoir si celles-ci seront suffisantes pour contrer les effets de la sécheresse, quelles régions en bénéficieront réellement et si d'autres averses pourraient survenir par la suite d'ici la fin de ce mois-ci. Et à ce titre, les différentes opinions et prévisions varient grandement.
Certains croient que les averses en cours (jusqu'à 2-3 pouces de précipitations dans certaines régions) parviendront à atténuer les conditions très sèches et que, si elles n'y parviennent pas entièrement, d'autres averses possiblement prévues la semaine prochaine pourraient compléter le travail. D'autres croient pour leur part qu'elles arrivent trop tard, qu'elles seront insuffisantes et que de nouvelles conditions très chaudes et sèches pourraient par la suite accentuer le problème de sècheresse qui sévit depuis plus d'un mois.
Ainsi, comme le reflètent bien ces divergences d'opinions, il demeure très difficile pour les marchés actuellement d'établir à quel point s'inquiéter ou non de la situation en Amérique du Sud. Ceci se sera d'ailleurs particulièrement bien reflété dans le comportement des prix des grains depuis quelques jours. Par contre, si pour l'instant le retour des averses tant attendues confond les marchés, il semble de plus en plus univoque aux yeux de plusieurs organisations que le Brésil et l'Argentine n'obtiendront pas nécessairement les récoltes escomptées de maïs et de soya cette année.
Aujourd'hui, c'est au tour du gouvernement brésilien d'y aller de ses prévisions. Et si celui-ci demeure toujours « optimiste » qu'en à la récolte de soya du Brésil qu'il estime maintenant à 71,75 millions de tonnes, il a cependant revu à la baisse celle de maïs de 1,1 million de tonnes à 60,3 millions de tonnes.
En Argentine, où certains qualifient la sècheresse de la pire observée depuis plusieurs décennies, le Buenos Aires Cereals Exchange reconnaît maintenant que la récolte de maïs n'atteindra pas les 29 millions de tonnes prévues. Pour le président de la Fédération agraire de l'Argentine, M. Eduardo Buzzi, la situation se révèle cependant à son avis beaucoup plus dramatique pour les cultures de maïs.
Selon M. Buzzi, la récolte de maïs pourrait accuser un recul de 10 millions de tonne par rapport aux prévisions. Celui-ci reconnaît toutefois que les cultures de soya demeurent pour l'instant dans une situation moins critique que celles de maïs. Selon lui, la récolte de soya pourrait tout de même connaître un recul de 1,9 million de tonnes par rapport à la dernière prévision du gouvernement argentin qui était de 48,9 millions de tonnes.
En fin de journée aujourd'hui, le Dr Michael Coordonier a pour sa part indiqué qu'il révisait à nouveau à la baisse ses prévisions de récoltes de maïs et soya à respectivement 83,8 et 133,7 millions de tonnes pour l'ensemble de l'Amérique du Sud.
Tout donne donc à penser maintenant que le USDA pourrait également revoir à la baisse ses prévisions de récoltes pour l'Amérique du Sud dans son très attendu rapport mensuel qui sera publié ce jeudi. Cette situation est d'ailleurs d'autant intéressante qu'elle pourrait peut-être même inciter l'instance américaine à changer son pronostic concernant les exportations américaines de maïs et de soya pour les prochains mois.
**Rappelons que, depuis la mi-novembre, les « ventes » à l'exportation de maïs et de soya américain ont connu un recul important, notamment en raison d'une compétition accrue en provenance du Brésil et de l'Argentine sur les marchés internationaux.
Mais excluant la situation incertaine que proposent présentement les conditions météorologiques en Amérique du Sud, le rapport mensuel du USDA de ce jeudi suscite également en lui-même de nombreuses interrogations auprès des marchés.
Comme souligné dans des revues des marchés précédentes de Grainwiz, il ne fait aucun doute aux yeux des analystes que le USDA réduira la récolte américaine de maïs et possiblement même celle de soya. Par contre, à savoir s'il révisera à la hausse où à la baisse les inventaires américains du dernier trimestre et de la prochaine année demeurent controversés. Selon les prévisions actuelles des marchés basées sur un sondage réalisé par Dowjones Newswire :
Maïs US
Recul du rendement de la dernière récolte de 146,7 à 146,4 boisseaux/acre (9,2 à 9,185 TM/ha).
Baisse de la récolte 2010-11 de 312,69 à 311,93 millions de tonnes.
Inventaires américains de maïs prévus à 19,13 millions de tonnes contre 21,54 millions de tonnes en décembre. Les prévisions varient toutefois grandement, allant de 14,91 à 25,91 millions de tonnes.
Inventaires trimestriels au 1er décembre 2011 à 238,80 millions de tonnes comparativement à 255,46 millions de tonnes au 1er décembre 2010.
Soya US
Le rendement obtenu par les producteurs américains demeure en moyenne estimé à 41,3 boisseaux/acre (2,77 TM/ha).
Une légère baisse de la récolte de soya à 82,79 millions de tonnes contre 82,98 millions de tonnes d'estimé en décembre est anticipée.
Les inventaires de fin 2011-12 sont prévus en moyenne à 6,18 millions de tonnes contre 6,26 millions de tonnes le mois dernier.
Au 1er décembre 2011, les marchés anticipent en moyenne que les inventaires trimestriels de soya seront à 62,92 millions de tonnes contre 62 millions de tonnes d'enregistré au 1er décembre 2010.
Blé US
Les marchés anticipent que les inventaires de fin d'année 2011-12 seront de 22,62 millions de tonnes alors que le USDA les a estimés à 23,90 millions de tonnes en décembre dernier.
Au 1er décembre 2011, les inventaires trimestriels de blé américain se devraient d'être de 45,69 millions de tonnes, ce qui représente un recul par rapport au 52,61 millions de tonnes d'inventaires rapportés au 1er décembre 2010.
Les ensemencements de blé d'hiver sont prévus à 41 millions d'acres contre 40,7 millions d'acres en 2010.
Mais comme il l'aura démontré à plusieurs reprises au cours de 2011, le USDA pourrait encore surprendre et confondre les marchés dans son rapport de ce jeudi. C'est donc avec beaucoup de nervosité et sur la défensive que les investisseurs et spéculateurs attendent la présentation de celui-ci. En ce sens, et avec les incertitudes entourant les conditions météorologiques en Amérique du Sud, il faudra donc très certainement attendre tout au moins la publication du rapport mensuel du USDA avant de voir les prix des grains prendre de nouvelles directions moins indécises et plus définitives.