Reflétant l'incapacité des marchés à établir sur quelle base s'appuyer pour établir la direction que devraient adopter les prix des grains, ceux-ci se sont stabilisés aujourd'hui après avoir connu un premier revers important pour 2012 hier. Ils auront cependant perdu pied en toute fin de journée pour clôturer la semaine à la baisse.
D'un côté, s'il est vrai que les prix des grains ont pu principalement compter depuis la mi-décembre sur la sècheresse qui a lieu en Amérique du Sud pour bondir, le retour d'averses prévues dans les prochains jours aura ainsi jeté un doute sur le bien-fondé de la poursuite de ce rallye. Si toute l'attention des marchés s'est également portée essentiellement sur les régions affectées par la sècheresse, certains ont souligné depuis hier le fait que les cultures qui sont en cours dans le centre et le nord du Brésil auront pour leur part connu des conditions pratiquement idéales.
D'un autre côté, plusieurs spécialistes ont eu tôt fait de rappeler que si le retour d'averses sera très certainement bénéfique aux cultures sud-américaines, dans les faits rien ne garantit que par la suite les conditions de sècheresse ne seront pas de retour. C'est sans compter que de l'avis de plusieurs firmes spécialisées, des pertes de rendement seraient déjà à prévoir, particulièrement du côté de la récolte de maïs en Argentine. Certains les estiment d'ailleurs déjà à plus de 5 millions de tonnes.
** Selon les dernières prévisions mensuelles du USDA, la récolte de maïs de l'Argentine se devrait d'atteindre un niveau record de 29 millions de tonnes. En tenant compte de pertes de 5 millions de tonnes, celle-ci se devrait tout de même d'atteindre un niveau toujours record de 24 millions de tonnes; le dernier record de production de maïs du pays ayant été de 23,30 millions de tonnes en 2009-10. L'Argentine est le 2e plus important exportateur de maïs dans le monde après les États-Unis. La moyenne de celles-ci s'est établie à 15,3 millions de tonnes par année depuis 5 ans. Par comparaison, celles des États-Unis est d'en moyenne 49,3 millions de tonnes par année depuis 5 ans.
La semaine prochaine, le USDA doit présenter son rapport mensuel sur l'état de l'offre et la demande de grains aux États-Unis et dans le monde ainsi que son rapport sur le niveau des inventaires américains de grains pour le dernier trimestre de 2011. Et à ce sujet, tout comme dans le cas de la situation de sècheresse en Amérique du Sud, la perception qu'ont les marchés sur ce que devrait occasionner sur les prix la présentation des résultats de ces rapports varie grandement.
S'il est généralement accepté que les dernières récoltes américaines de grains devraient être revues à la baisse (principalement le maïs), ce que le USDA révèlera comme niveau d'inventaires de grains pour le dernier trimestre reste beaucoup plus obscur.
Plusieurs éléments tendent entre autres à laisser croire que la consommation domestique de maïs américain aura été plus importante considérant la forte production d'éthanol au cours des derniers mois de 2011. Certains croient que la consommation de maïs pour l'alimentation animale aura également augmenté. Les exportations américaines de maïs auront aussi été très bonnes depuis le début de l'année commerciale en cours même si, pour leur part, les « ventes » à l'exportation de maïs ont été décevantes depuis novembre.
Par contre, le USDA semble s'être fait un mot d'ordre de surprendre négativement les marchés dans ses rapports depuis le mois de septembre dernier. Et à cet effet, plusieurs craignent que ce ne soit le cas à nouveau ce mois-ci.
C'est donc sur une note incertaine et partagée que les investisseurs et spéculateurs naviguent présentement en eau trouble, cherchant à trouver les bons éléments qui justifierait le retour d'une direction définitive à donner aux prix des grains. Et comme pour l'instant la clé qui mettra un terme à ses incertitudes repose sur les prévisions météorologiques en Amérique du Sud ainsi que les résultats des rapports du USDA de jeudi prochain, il faudra très certainement attendre encore quelques jours avant que les prix des grains ne puissent à nouveau progresser ou reculer de manière définitive.
Prix du soya
Après avoir tenté d'éviter un recul important de sa valeur aujourd'hui, le prix du soya aura succombé en toute fin de journée à un nouveau repli important de sa valeur à la bourse, portant son recul depuis l'ouverture des marchés cette semaine à 0,365 $US/boisseau (13,4 $US/TM) sur le mars 12.
Pour livraison immédiate, sur le contrat à terme de mars 12, celui-ci a donc perdu aujourd'hui 0,1250 $US/boisseau (4,69 $CAN/TM) pour maintenant se transiger sous la barre psychologique importante de 12 $US/boisseau (450 $CAN/TM) à 11,9650 $US/boisseau (448,71 $CAN/TM).
Selon les informations disponibles, cette baisse du soya ne serait bien entendu pas étrangère aux averses maintenant prévues dans les régions asséchées d'Amérique du Sud. Les faits que :
Le centre et le nord du Brésil n'ont pas été affectés par cette sècheresse.
Le début de récolte prometteuse de variété hâtive de soya plus au nord du Brésil serait déjà en cours.
Les cultures de soya auraient jusqu'ici été moins affectées par la sécheresse comparativement au maïs.
auraient également contribué à remettre en perspective aux yeux des marchés le rallye qu'a connu depuis quelques semaines le prix du soya.
En vue du prochain rapport mensuel du USDA, mentionnons aussi que les prévisions des marchés à l'égard des résultats qui seront présentés pour le soya sont essentiellement négatives. Certains analystes estiment entre autres que les inventaires de soya américain de fin d'année pourraient à nouveau être revus à la hausse. Les résultats à nouveau décevants du dernier rapport hebdomadaire sur les exportations et ventes à l'exportation de soya du USDA présenté ce matin tendent d'ailleurs à confirmer cette possibilité. Rappelons également que contrairement aux inventaires américains de maïs qui se situent à leur plus faible niveau depuis 1995-96, ceux de soya sont présentement établis à 6,26 millions de tonnes, soit 1,15 million de tonnes au-dessus de la moyenne observée au cours des 5 dernières années.
Techniquement, sur le contrat à terme de mars 12, le comportement du prix du soya aura projeté plusieurs premiers signaux négatifs depuis deux jours. Il a notamment : brisé sa tendance haussière amorcée depuis la mi-décembre, refermé le « gap » qu'il était parvenu à marqué à son ouverture de l'année mardi et clôturé la semaine sous la barre psychologique de 12 $US/boisseau (441 $US/TM). Son objectif immédiat l'ouverture des marchés lundi sera donc de parvenir à se rétablir au-dessus de 12 $US/boisseau (441 $US/TM). S'il n'y parvient pas et qu'il poursuit son recul, son prochain support à surveiller se situe à 11,67 $US/boisseau (429 $US/TM).
Contextuellement, rappelons que la direction qu'adoptera concrètement le prix du soya dans les prochains jours/semaines repose toujours essentiellement sur les conditions météorologiques en Amérique du Sud. En ce sens, les marchés surveilleront donc étroitement les prévisions météorologiques à court et moyen terme qui seront présentées au cours de la fin de semaine (début de semaine prochaine) pour établir s'il y a lieu de conserver ou de liquider de nouvelles positions.