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Contexte du marché des grains - 16 décembre 11 - MàJ

17 décembre 2011,

Les prix des grains ont connu une semaine de précarité, échappant à nouveau de justesse à une chute  dramatique de leurs valeurs alors que celles-ci frisent des creux inégalés depuis de nombreux mois.

À l'avant-plan de cette faiblesse persiste toujours la morosité générale des marchés financiers face aux problèmes irrésolus de la crise de la dette en Europe. Et malheureusement, cette crise étant en marche depuis déjà plusieurs mois, les répercutions de celle-ci se font de plus en plus sentir à tous les niveaux de l'économie européenne, mais également mondiale.

Résultat, tout ne tourne pas rond et la reprise économique de plusieurs pays tarde alors que nous sortons tout juste de la plus grande crise financière depuis 1929. (celle de 2008) Devant cette situation difficile, il n'est donc pas surprenant de constater que chaque mauvaise nouvelle économique ou financière est donc rapidement mal digéré par les marchés financiers qui brouillent du noir depuis de trop longtemps. Et cette semaine n'aura pas fait exception à cette règle alors que mercredi, d'autres nouvelles négatives en provenance de l'Europe ont eu tôt fait d'engendrer une nouvelle vague de liquidation généralisée sur les marchés financiers.

Pour les grains qui ont débuté la semaine déjà passablement affaiblie, la journée de mercredi se sera ainsi soldée pour eux par l'atteinte de nouveaux creux qui n'auront pas été sans donner des sueurs froides à plusieurs. Car rappelons le, les prix des grains jouent toujours avec le feu depuis maintenant plus d'une semaine. Ceux-ci sont établis non seulement à des creux inégalés depuis plusieurs mois, mais également appuyer sur des niveaux de supports « techniques » très importants qu'il ne faudrait pas « en principe » briser au risque de les voir par la suite s'effondrer rapidement faute d'autres supports aussi importants par la suite.

Heureusement, après plusieurs semaines sans grandes nouvelles stimulantes pour les prix des grains, et même certaines négatives, ceux-ci ont pu finalement compter sur une première ambigüité pour défier la tendance baissière qu'ils connaissent depuis la fin du mois d'août dernier : la menace d'une nouvelle sècheresse qui jusqu'ici n'avait suscité l'attention des marchés semble maintenant bien réelle en Amérique du Sud (Brésil, Argentine).

Pour le Brésil, le renommé Dr Michael Cordonnier a révélé que si la semaine précédente il ne voyait pas place à s'inquiéter pour les cultures, sa récente visite dans certaines régions brésiliennes lui donne maintenant à penser autrement :

« Certains secteurs dans l'ouest de la région de Mato Grosso (principale région productrice de soya au Brésil) n'ont pas reçu de précipitation depuis 21 jours. »

« Malgré que des averses soient prévues pour certaines régions du Brésil, il devrait probablement y avoir des pertes de rendement en raison des conditions sèches précédentes même si elles ont lieu là où c'est nécessaire. »

 

En Argentine, le gouvernement a également soulevé des inquiétudes en indiquant que des régions du pays n'avaient pas reçu de précipitation depuis près d'un mois, situation particulièrement problématique pour les cultures alors que les dernières prévisions météorologiques à moyen terme n'en prévoient toujours pas non plus pour l'instant.

Sur cette base, malgré la précarité de leur situation, les prix des grains seront ainsi à nouveau parvenus cette semaine à éviter de justesse un important recul de leur valeur. Certains analystes soulignent aussi qu'excluant les conditions sèches en Amérique du Sud, de plus en plus d'acheteurs commerciaux seraient actifs, ceux-ci commençant à sentir un « malaise » par rapport à l'idée que les prix des grains pourraient reculer davantage. Cependant, que se soit aux États-Unis comme au Canada et au Québec, il semble que de leur côté les producteurs seraient pour leur part moins « fermé » à l'idée de vendre un peu de leur récolte alors que les perspectives de voir les prix des grains progresser de manière importante demeure minces pour l'instant.

Prix des grains 16 dec 11

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Prix du maïs

Le prix du maïs a connu une semaine éprouvante alors qu'il a momentanément atteint jeudi à l'ouverture des marchés un nouveau creux inégalé depuis 1 an à 5,7625 $US/boisseau (227 $US/TM).

Brisant son important support à 5,80 $US/boisseau (228 $US/TM), le prix du maïs a donc accusé un nouveau recul net de sa valeur au cours de la semaine du 12 décembre en baissant de 0,1150 $US/boisseau (4,70 $CAN/TM) pour maintenant s'établir à 5,8275 $US/boisseau (238,01 $CAN/TM).

Fondamentalement, le contexte que connaît le prix du maïs est difficile à juger et précaire :

  • Dans son rapport mensuel de décembre, le USDA a revisé la production mondiale à la hausse à un niveau record de 867,52 millions de tonnes pour 2011-12. Dans cette foulée, les inventaires mondiaux de fin d'année ont également été gonflés de 5,62 millions de tonnes à 127,19 millions de tonnes.

  • Les inventaires américains de fin d'année de maïs ont été revus légèrement à la hausse à 21,54 millions de tonnes contre 21,41 millions de tonnes au mois de novembre.

  • La récolte chinoise de maïs aurait maintenant atteint un record de 191,75 millions de tonnes. Ceci amincit les chances de voir la Chine réaliser d'importants achats de maïs américain avant tout au moins le mois de juin prochain selon certains spécialistes.

  • Les exportations hebdomadaires américaines de maïs continuent d'éprouver des difficultés à progresser alors que la compétition sur les marchés internationaux demeure forte et que le blé fourrager demeure une alternative de choix disponible en abondance.

 

D'un autre côté, certains éléments continuent de supporter le prix du maïs également :

  • Même si selon le dernier rapport mensuel du USDA, la production et les inventaires mondiaux de maïs seraient plus élevés, dans les faits le niveau des inventaires de fin d'année 2011-12 demeure très serré. Actuellement le nombre de jours de réserve est de 54 jours, ce qui ne s'était pas observé depuis 1973-74, année commerciale au cours de laquelle le prix du maïs avait d'ailleurs progressé de plus de 40%.

  • La production américaine d'éthanol continue de rouler à plein régime alors qu'elle frise des records de production hebdomadaire. Les inventaires d'éthanol américain demeurent également très bas.

  • Les conditions très sèches en Amérique du Sud laissent toujours présager l'éventualité de voir les récoltes de maïs du Brésil et de l'Argentine s'amincir. Rappelons que le Brésil et l'Argentine figurent respectivement en 4e et 5e place la liste des plus importants producteurs mondiaux de maïs. L'Argentine est également classée 2e plus important exportateur de maïs dans le monde après les États-Unis, le Brésil étant pour sa part classé 4e après Ukraine.

  • Même si tout indique que la disponibilité de maïs dans le monde sera plus importante que prévu en 2011-12, le prochain rapport mensuel du USDA de janvier doit révéler la production réelle de maïs qu'ont obtenu les producteurs américains cette année. Or il est généralement entendu qu'à ce niveau, le USDA révisera à la baisse la production américaine de maïs dans son rapport de janvier, ce qui pourrait alors forcé les inventaires américains de fin d'année 2011-12 à atteindre un niveau très précaire qui n'aura pas été observé depuis de nombreuses années.

 

Basés sur ces informations, les avis des spécialistes à savoir si le prix du maïs devrait ou non se stabiliser à son niveau actuel pour reprendre par la suite sa progression sont donc très partagés. Certains croient toujours celui-ci capable de retourner se transiger près de 6,50 et même 7$US/boisseau (256-275,5 $US/TM) au début de 2012. D'autres estiment plutôt qu'il devra invariablement atteindre 5,50 et même 5,00 $US/boisseau (216,5 et 197 $US/TM) avant de le voir les investisseurs, spéculateurs et joueurs commerciaux reprendre leurs activités pour mettre un frein à son déclin des dernières semaines/mois.

Corn tech LT 16 Dec 11

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Techniquement, dans une perspective à long terme, le comportement du prix du maïs est tout autant difficile à prévoir. Comme le révèle le graphique, la forte tendance baissière qu'il connaît depuis la fin du mois d'août dernier demeure bien en place, menaçante et donnant raison aux tenants de l'idée que le prix du maïs devra tôt ou tard atteindre 5,50 et même peut-être 5,00 $US/boisseau (216,5 et 197 $US/TM). Par contre, il profite d'un solide support autour de 5,70 $US/boisseau (224 $US/TM) qui pourrait très bien parvenir à freiner cette tendance et confondre les plus pessimistes s'il parvient à se maintenir, tout au moins jusqu'à ce que le prochain rapport mensuel du USDA du 12 janvier soit publié. Il faut donc surveiller de près ce support et garder un œil sur l'éventualité de voir le prix du maïs retourner se transiger et clôturer au-dessus de 6$US/boisseau (236 $US/TM), ce qui serait un autre signe positif aux yeux des marchés.

 


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