Suivant une brève échappée à la baisse à l'ouverture des marchés hier, les prix des grains ont depuis repris leur progression pour à nouveau clôturer à la hausse aujourd'hui.
Selon les différents sources d'informations consultés il semblerait que, malgré le contexte d'offre et demande négatif qu'a confirmé vendredi dernier le USDA dans son rapport mensuel, les investisseurs et spéculateurs ainsi que certains acheteurs commerciaux auraient bien accueilli l'absence de « joueurs » lorsque les prix des grains ont ouvert à la baisse ce lundi. À leurs yeux, ceci confirmerait en quelque sorte l'idée que les prix des grains auraient atteint de nouveaux creux définitifs qui pourraient leur permettre de bel et bien se stabiliser pour par la suite reprendre leur progression.
À ce titre, le cas du soya est particulièrement démonstratif. Sur le contrat à terme de mars 12, il a débuté la semaine en brisant son important support de 11,00 $US/boisseau (404 $US/TM) pour brièvement tester un nouveau creux à 10,95 $US/boisseau (402 $US/TM) avant de se ressaisir rapidement et d'amorcé sa reprise pour porter sa progression depuis à 0,2350 $US/boisseau (8,63 $US/TM).
Mais excluant ce comportement des investisseurs et spéculateurs qui aura été favorable aux prix des grains depuis hier, certains éléments ont également vu le jour pour les aider aussi à progresser.
Sans aucun doute, c'est la rumeur à l'effet qu'un début de sécheresse en Amérique du Sud (nord de l'Argentine et sud du Brésil) occasionné par le phénomène météorologique de La Niña prendrait forme actuellement qui fait le plus couler d'encre. Et si cette éventualité n'est pas toute nouvelle, puisqu'elle aura été déjà avancée depuis plusieurs semaines, il semble cette fois-ci qu'elle se confirme de plus en plus.
Aujourd'hui, l'analyste et très respecté Dr Michael Cordonnier a d'ailleurs révélé que si la semaine dernière encore, il ne trouvait de motifs valables pour s'inquiéter des quelques régions affectées par des conditions sèches en Amérique du Sud, son dernier voyage au Brésil l'aura fait changé d'idée. Selon ce que révèle le spécialiste dans un article publié sur le site de Agrimoney.com :
« Certains secteurs dans l'ouest de la région de Mato Grosso (principale région productrice de soya au Brésil) n'ont pas reçu de précipitation depuis 21 jours. »
« Malgré que des averses soient prévues pour certaines régions du Brésil, il devrait probablement y avoir certaines pertes de rendement en raison des conditions sèches précédentes même si elles ont lieu là où c'est nécessaire. »
C'est donc appuyé par cette perspective de voir les cultures de soya souffrir d'une sécheresse en Amérique du Sud que sa valeur a amorcé sa reprise depuis hier. Mais le maïs et le blé ne sont pas en reste non plus puisqu'ils ont pu profiter également de nouvelles intéressantes pour alimenter leur progression depuis l'ouverture des marchés ce lundi.
Du côté du maïs, le gouvernement des États-Unis a révélé hier que les exportations américaines d'éthanol ont été de 121,4 millions de gallons (2,89 millions de barils) en octobre, ce qui constitue un deuxième sommet pour 2011 après celui de juillet de 127,4 millions de gallons (3,03 millions de barils). Au cumulatif depuis le début de 2011, c'est plus de 22 millions de tonnes de maïs américain qui ont été utilisé pour la fabrication d'éthanol destiné à l'exportation.
Du côté du blé, aujourd'hui, l'Australie a révélé qu'elle en anticipait maintenant de moins bonnes exportations pour 2012. De nombreux analystes signalent également qu'en raison des conditions difficiles de récoltes (conditions très humides), la qualité du blé australien ne sera pas au rendez-vous cette année, ce qui tend à supporter l'hypothèse de voir les exportations australiennes être moins importantes dans les prochains mois. Après les États-Unis, l'Australie représente le plus important exportateur de blé dans le monde. À ce titre, le Canada est pour sa part classé 4e après la Russie.
C'est donc supporté par certaines nouvelles encourageantes et l'idée que de nouveaux creux aient été atteints récemment que les prix des grains seront parvenus à reprendre de la vigueur depuis lundi. Cependant, avant de définitivement établir qu'ils seraient maintenant mûrs pour de nouvelles progressions plus importantes et intéressantes, il faudra que ceux-ci projettent maintenant des signaux plus distincts comme le rappel l'analyste Tim Hannagan de PFGBest.com dans un commentaire mentionné sur le site d'Agriculture.com :
« La semaine dernière, chaque jour nous avons pu observer des couvertures de positions lorsque les prix se sont repliés en raison de craintes par rapport à la météo (en Amérique du Sud). Mais, nous avons encore à assister à des achats au « haut « (top) de rallyes d'ouverture. Ceci pourrait être la prochaine chose que nous allons voir, alors que le maïs entrera dans sa période de pollinisation à la fin décembre et que le soya sera en fleur. (toujours en Amérique du Sud). »
Prix du maïs
Le prix du maïs sera parvenu à nouveau depuis le début de la semaine à se soustraire aux fortes tendances baissières qu'il connaît depuis maintenant de nombreuses semaines.
Aujourd'hui, sur le contrat à terme de mars 12, il est parvenu à nouveau à clôturer en hausse, gagnant 0,05 $US/boisseau (2,04 $CAN/TM) pour s'établir à 5,9450 $US/boisseau (242,08 $CAN/TM).
La forte hausse du dollar américain ainsi que l'accueil mitigé des marchés financiers à l'égard des propos de la Réserve fédérale américaine qui a décidé de maintenir sa politique monétaire actuelle ont cependant freiné le prix du maïs dans sa progression.
Par contre, la valeur du maïs dans la région de la Mer Noire serait en progression, ce qui redonnerait un peu de lustre au prix du maïs américain sur les marchés internationaux. Rappelons que depuis plusieurs semaines, les exportations américaines de maïs ont du conjugué avec une compétitivité accrue de d'autres pays alors même que la valeur du dollar américain demeure également forte en raison de la crise en Europe.
Le fait que, malgré le dernier rapport mensuel du USDA essentiellement négatif, les inventaires mondiaux de maïs resteraient très serrés et qu'une sécheresse pourrait menacer les cultures de maïs en cours en Amérique du Sud supporterait aussi actuellement sa valeur à la bourse.
** Le Brésil et l'Argentine figurent respectivement au 4e et 5e rang des plus importants producteurs mondiaux de maïs. L'Argentine est également le 2e plus important pays exportateur de maïs après les États-Unis.
Techniquement, sur le contrat à terme de mars 12, le comportement du prix du maïs se révèle encourageant bien qu'il reste aventureux de croire qu'une nouvelle lancée à la hausse puisse se produire. Il semble que chaque recul du prix du maïs est rapidement contrebalancé par une nouvelle hausse depuis hier, ce qui est positif. Par contre, il ne parvient pas pour autant à trouver de joueurs pour le propulser définitivement au-dessus de 6$US/boisseau (236 $US/TM), comme quoi il manquerait toujours un dernier élément pour justifier une telle initiative.
Il sera intéressant de voir dans les prochains jours si le prix du maïs parviendra à briser et mettre un terme à sa tendance baissière en place depuis un peu plus que la mi-novembre. S'il y parvient, il brisera également un triangle descendant bien défini, ce qui sera un signe positif. Toutefois, à l'inverse, si le prix du maïs ne parvient pas à se maintenir et qu'il finit par briser ses supports à 5,80 puis 5,72 $US/boisseau (228-225 $US/TM), le signal projeter sera alors très négatif et ouvrirait la porte à un repli plus important.
Dans l'immédiat, le 1er objectif pour le prix du maïs est de parvenir à clôturer au-dessus de 6$US/boisseau (236 $US/TM) pour par la suite tenter de briser une première résistance autour de 6,10 $US/boisseau (240 $US/TM). Son premier support demeure celui établi à 5,80 $US/boisseau (228$US/TM).