À la veille d'un long congé aux États-Unis, la journée d'aujourd'hui aura apporté son lot de mauvaises nouvelles et d'incertitudes qui aura forcé non seulement les prix des grains, mais l'ensemble des marchés financiers à se replier encore davantage :
L'activité manufacturière en Chine a connu son plus important recul mensuel en 3 ans au cours de novembre.
L'Allemagne, souvent référer comment étant l'un des piliers économiques les plus solides de l'Union Européenne, ne serait pas elle non plus imperméable au problème de la crise de la dette en Europe. C'est ce que révèle sa dernière ronde d'émission d'obligations allemandes qui ne sera pas parvenu à recueillir le montant d'emprunt recherché.
Aux États-Unis, la demande hebdomadaire de prestation de chômage est retournée à la hausse la semaine dernière à un niveau plus élevé que prévu. Le sentiment des consommateurs en novembre aura également surpris en révélant un recul plus marqué que ce qui était anticipé.
La firme de notation financière Moody's a confirmé qu'elle n'abaisserait pas la cote de crédit des États-Unis qui est de Aaa (un score parfait) même si le Congrès américain ne sera pas arrivé à une entente pour régler le problème de la dette américaine. Par contre, la firme de notation Fitch a réitéré aujourd'hui qu'elle n'écartait pas la possibilité de déclasser la cote de crédit de la France qui est actuellement de AAA (score aussi parfait) advenant que la crise de la dette s'envenime davantage.
C'est donc avec cette pléiade de mauvaises nouvelles, et avec l'idée en-tête de ne pas débuter le long congé du Thanksgiving (aux États-Unis) avec des positions trop risquées que les marchés ont poursuivi leur retrait aujourd'hui. Et, comme toujours, faute de nouvelles les prix des grains auront été emportés tout comme ceux des autres commodités par ce recul généralisé.
Propos d'un analyste rapportés par le Dow Jones Newswire :
« Des craintes économiques mondiales, les préoccupations à l'effet que la crise de la dette en Europe s'aggraverait, et les défis que posent toujours les exportations (américaines de grains) se sont réunis pour générer un environnement de négoce (« trading ») porter sur la prise de position « sans risque » à l'approche du congé du Thanksgiving aux États-Unis. Peu de négociants (« traders ») veulent amorcer le congé avec des positions d'achetées (« long ») avec autant de risque en jeu de voir de mauvaises nouvelles faire les manchettes. »
Pour les grains, avec leur important recul depuis la semaine dernière, nombreux sont ceux qui commencent à croire que les activités des acheteurs et consommateurs devraient maintenant reprendre de manière plus importante au cours des prochains jours/semaines. Si c'est le cas, la question est cependant à savoir quand de premiers chiffres réels feront état de cette reprise. Puisque, sans nouvelles, seule la confirmation que les acheteurs et consommateurs ont repris leurs activités pourrait éventuellement mettre un frein au pessimisme que semblent avoir adopté les marchés à l'égard des grains, et ce bien que pour l'instant peu d'éléments ne justifient réellement un tel recul de leur valeur selon ce qu'en croient plusieurs analystes.
Commentaire quotidien publié par Telvent DTN :
« Alors que la tendance baissière à long terme dans les trois marchés (maïs, soya et blé) semble gagner en force, il semble que ce ne soit toujours qu'une question de temps avant que les achats commerciaux reprennent leurs activités pour offrir un support (aux prix des grains). Mais d'ici là, les investisseurs devraient continuer de réagir nerveusement par rapport à la situation générale de l'économie en continuant de se tenir à distance du marché des grains. »
À plus long terme par contre, certains commencent aussi à s'interroger sur un recul plus généralisé de la demande que pourraient occasionner les importants problèmes financiers en Europe, aux États-Unis et même en Chine semble-t-il. Car s'ils persistent, l'éventualité de connaître un ralentissement économique plus prononcé, et même une nouvelle récession, porterait sans nul doute atteinte à la consommation de grains, une éventualité peu encourageante pour leur prix sur les marchés.
Prix du maïs
Suivant une brève journée à tenter de retourner se transiger au-dessus de 6$US/boisseau (236 $US/TM), le prix du maïs aura finalement succombé au marasme général des marchés financiers d'aujourd'hui pour clôturer tout juste au-dessus de son dernier creux d'octobre dernier.
Pour livraison immédiate, sur le contrat à terme de décembre 11, il a ainsi perdu 0,1025 $US/boisseau (4,23 $CAN/TM) pour maintenant se transiger à 5,8875 $US/boisseau (243,01 $CAN/TM).
Comme en témoignent la plupart des commentaires des analystes, il y a peu de choses à dire au sujet du contexte de marché que connaît le maïs à la bourse actuellement. Il n'y a tout simplement pas de nouvelles dignes de mention et tout repose essentiellement sur de premiers signes que les activités des acheteurs (et exportateurs) de maïs seraient de retour. Le prochain rapport hebdomadaire sur les ventes à l'exportation de grains américains du USDA, qui sera publié ce vendredi, pourrait d'ailleurs fournir de premières indications à cet effet. Mais encore là, rappelons que depuis 2 semaines, ce rapport aura été très décevant et négatif.
Fait cependant intéressant rapporté par l'analyste de PFGBest.com, M. Tim Hannagan, sur le site d'Agriculture.com :
« À pareille date l'an dernier, nous avons vu le prix du maïs sur décembre reculer de 0,90 $US/boisseau entre son sommet de novembre qu'a occasionné le rapport mensuel du USDA et le creux observé le mardi précédent le congé du Thanksgiving. Puis, du vendredi suivant le Thanksgiving jusqu'à la fin de décembre, nous avons connu un rallye de 0,60 $US/boisseau. »
En fait, selon M. Hannagan, il y aurait toujours un recul avant le congé du Thanksgiving puisque les récoltes tirent à leur fin et que les acheteurs attendent qu'un creux saisonnier lié aux récoltes soit atteint avant de reprendre leurs activités.
Il reste donc maintenant à savoir si l'avenir confirmera ou non cette observation que rapporte M. Hannagan.
Techniquement, sur le contrat à terme de décembre 11, le prix du maïs poursuit toujours sa descente alors que la tendance baissière de fond en place depuis la fin du mois d'août dernier demeure bien ancrée.
Il faut maintenant surveiller de très près le support important que connait le prix du maïs autour de 5,7225 $US/boisseau (225 $US/TM). Le bris de ce support serait un très mauvais signal aux yeux des marchés qui ouvrirait la porte à ce que celui-ci retourne se transiger par la suite à un niveau beaucoup plus faible situé autour de 5,40 $US/boisseau (212,5 $US/TM).
Prix du soya
Bien que plusieurs analystes tendent à indiquer qu'il y aurait de plus en plus de signaux de reprise de la demande pour du soya et ses produits dérivés (huile et tourteau), son prix demeure toujours très mal mené par les marchés. Techniquement, de nombreux signaux négatifs continuent également de s'accumuler, ce qui n'aide en rien celui-ci à reprendre le dessus sur un contexte général des marchés financiers déjà très difficile.
Pour livraison immédiate, sur le contrat à terme de janvier 12, le prix du soya a ainsi connu un nouveau recul très important de sa valeur de 0,3050 $US/boisseau (11,75 $CAN/TM) pour clôturer aujourd'hui à 11,21 $US/boisseau (431,85 $CANTM).
Le marché du soya doit aussi conjuguer actuellement avec les conditions météorologiques qui demeurent très favorables dans l'ensemble en Amérique du Sud pour un début de saison.
Au cours des dernières semaines, certains modèles météorologiques ont laissé entendre que La Niña pourrait avoir lieu cette année. Ce phénomène météorologique est reconnu pour occasionner des périodes de températures très chaudes et sèches qui peuvent menacer les cultures en Amérique du Sud. Cependant, pour l'instant, ce sont plutôt d'excellentes conditions dont profitent toujours les cultures de soya au Brésil et en Argentine. Et si elles se poursuivent, le Brésil pourrait même en obtenir une nouvelle production record cette année.
Techniquement, sur le contrat à terme de janvier 12, il semble que le scénario que certains analystes anticipaient se confirme. Il apparaît en effet de plus en plus probable que le prix du soya pourrait maintenant tôt ou tard passer sous la barre psychologique de 11 $US/boisseau (404 $US/TM) pour même éventuellement retourner se transiger près de 10,50 $US/boisseau (386 $US/TM), un niveau que peu aurait pu envisager il n'y a encore que quelques semaines.
Comme le révèle le graphique de l'évolution du prix hebdomadaire du soya sur deux ans, il n'y a pas à proprement parler de support important d'apparent dans la zone dans laquelle évolue présentement celui-ci. En principe, toujours selon ce graphique, il n'y aurait en fait qu'un premier support à surveiller près de 10,50$US/boisseau (386 $US/TM), ce qui tend à appuyer ce que certains analystes avaient anticipé. Il reste à savoir maintenant si une reprise de la demande de soya se manifestera avant que ce support soit atteint.