Dans un revirement pour le moins surprenant, à l'exception du soya, les prix des grains seront parvenus aujourd'hui à effacer toute trace de leur recul important de début de journée pour clôturer à la hausse.
En soirée hier, les dirigeants de la Grèce ont annoncé qu'ils réaliseraient un référendum auprès de leur population à savoir si le pays devait ou non accepter le plan de sauvetage financier proposé par l'Europe. Cette nouvelle est venue assombrir un marché financier déjà ébranlé par une dure journée d'incertitudes liée entre autres à la faillite de MFGlobal, à la dévaluation du yen japonais et aux doutes que suscite toujours la solution proposée la semaine dernière pour contrer le problème de la crise de la dette en Europe.
Sur cette base, les investisseurs et spéculateurs ont donc poursuivi leurs activités en vue de se protéger contre ce nouveau contexte d'incertitudes, forçant l'ensemble des marchés boursiers à nouveau à la baisse aujourd'hui et, par la même occasion, les prix des grains également.
C'est ainsi que, pour livraison immédiate, le prix du maïs a atteint un creux de 6,31 $US/boisseau (248 $US/TM), le soya 11,90 $US/boisseau (437 $US/TM) et le blé 6,12 $US/boisseau (225 $US/TM).
Pour ne pas aider les choses, et sans surprise, seule la valeur du dollar américain a poursuivi sa forte progression amorcée depuis le début de la semaine, gagnant 1,134 points sur son Index pour s'établir maintenant à 77,245 points.
De son côté, le prix du pétrole n'aura pas échappé au contexte général négatif des marchés financiers. Il a perdu aujourd'hui plus de 1,60 $US/baril pour se transiger actuellement à 91,57 $US/baril après avoir atteint un sommet inégalé en près de 3 mois la semaine dernière à 94,65 $US/baril.
Toutefois, à la surprise générale, le prix du maïs aura connu une forte relance de sa valeur dans les toutes dernières minutes avant la fermeture des marchés, entrainant avec lui celui du blé et du soya. Ce surprenant revers n'aura cependant pas été assez ferme pour permettre au prix du soya de clôturer en territoire positif bien que ceux du maïs et du blé y soient parvenus.
Au moment d'écrire ces lignes, peu d'explications pour justifier cette volteface du prix du maïs sont disponibles. Une première rumeur voudrait que ce soit la banque commerciale Goldman Sachs qui aurait pris d'importantes positions de dernières minutes alors que le mois de novembre en est à son tout début. Une autre rumeur que plusieurs ont avancé serait que l'idée d'un référendum grecque sur l'acceptation du plan de sauvetage financier proposé à la Grèce par l'Europe serait au bas mot tout simplement « mort ».
Mais dans tous les cas, les prochaines heures/jours permettront d'en savoir plus sur ce comportement inattendu du prix du maïs (et du blé...) en toute fin de session aujourd'hui. En attendant, ce revirement aura eu le mérite de faire progresser les prix du maïs et du blé de manière très intéressante et de limiter les pertes du côté du soya qui sera d'ailleurs tout juste parvenu à clôturer au-dessus de son support psychologique de 12 $US/boisseau (441 $US/TM).
À surveiller dans les prochains jours :
Demain en fin de journée, la Réserve Fédérale Américaine doit faire une déclaration sur de possibles nouvelles mesures en vue de stimuler la reprise de l'économie américaine. Selon les tenants de cette déclaration, l'ensemble des marchés financiers pourrait ou non être à nouveau ébranlé.
Le USDA doit présenter la semaine prochaine son rapport mensuel sur l'état de l'offre et demande de grains aux États-Unis et dans le monde. D'ici à ce que ce rapport soit publié, plusieurs firmes d'analyse devraient présenter leurs prévisions qui pourraient susciter un nouvel intérêt des investisseurs et spéculateurs dans le marché des grains. Des premières perceptions de certains analystes, le USDA pourrait très bien revoir à la baisse l'importance des récoltes américaines, une perspective qui supporterait à la hausse les prix des grains.
Prix du maïs
Suivant un dur début de journée, le prix du maïs est parvenu de manière inattendue à surprendre l'ensemble des marchés en bondissant en toute fin de session.
Sur le contrat à terme de la récolte (décembre 11), le prix du maïs est ainsi parvenu à gagner 0,0725 $US/boisseau (2,91 $CAN/TM) pour s'établir à 6,5425 $US/boisseau (262,77 $CAN/TM).
Comme mentionné précédemment, pour l'instant, ce revers du prix du maïs proviendrait essentiellement d'une importante prise de position de Goldman Sachs et/ou de l'annonce de la « mort » de la possibilité que la Grèce tienne un référendum afin d'établir si le plan de sauvetage financier proposer par l'Europe devrait ou non être accepté.
Selon le dernier rapport hebdomadaire du USDA sur la progression des récoltes américaines, celle de maïs serait maintenant complétée à 78%. Ceci représente une avance de 16% par rapport à la moyenne des 5 dernières années. Les régions plus à l'est du Midwest afficheraient le plus de retard en raison des conditions humides auxquelles ils font face depuis quelques semaines maintenant. Le retour d'averses prévues à partir de ce mercredi devrait continuer de ralentir les récoltes dans cette portion du Midwest. Par contre, plus à l'ouest, les récoltes américaines profitent toujours de très bonnes conditions, ce qui leur permet d'afficher une avance importante dans leur progression par rapport à la normale.
En Amérique du Sud, la période des ensemencements continue de s'accélérer pour le maïs et plusieurs croient qu'en raison des bonnes conditions, les superficies consacrées au maïs pourraient être augmentées. Rappelons que le Brésil et l'Argentine figurent respectivement en 3e et 5e place de la liste des plus importants producteurs mondiaux de maïs.
Techniquement comme l'illustre le graphique, sur le contrat à terme de décembre 11, la relance du prix du maïs aura été très forte en fin de journé.
Fait intéressant, aujourd'hui, le support établi autour de 6,32 $US/boisseau (249 $US/TM) aura été à nouveau éprouvé sans pour autant être brisé, signe de son importance et de l'incapacité des marchés à franchir ce seuil.
Le prix du maïs a également réalisé une nouvelle tentative afin de se détacher de sa zone de confort de 6,30-6,58 $US/boisseau (248-259 $US/TM) des deux dernières semaines en brisant brièvement la résistance à 6,58 $US/boisseau (259 $US/TM). Toutefois, à nouveau, celui-ci ne sera pas parvenu à clôturer au-dessus de cette résistance. Il semble donc qu'il y ait toujours un manque d'un dernier « stimulus » pour convaincre les « acheteurs » de prendre position au-dessus de cette résistance, ce qui permettrait par la suite au prix du maïs de tenter sa chance au-dessus de 6,80 $US/boisseau (268 $US/TM.
Mais pour l'instant, le manque de nouvelle et l'absence de confirmation d'importants achats de maïs américains sur les marchés internationaux représentent semble-t-il toujours un poids dont le prix du maïs ne semble pas en mesure de se délester.
Prix du soya
Le prix du soya continue d'être l'enfant mal aimé du marché des grains et, malgré la relance des prix du maïs et du blé, celui-ci ne sera pas parvenu de son côté à contrer les effets négatifs du sentiment d'incertitude qui a animé l'ensemble des marchés financiers aujourd'hui.
Pour livraison immédiate, sur le contrat à terme de janvier 2012, le prix du soya a ainsi clôturé en baisse de 0,1475 $US/boisseau (5,53 $CAN/TM) à 12,0250 $US/boisseau (450,77 $CAN/TM).
Aux États-Unis, le dernier rapport hebdomadaire du USDA à cet effet indique que la récolte de soya serait maintenant complétée à 87%, soit une avance de 8% par rapport à la moyenne des 5 dernières années.
Les effets négatifs que peut occasionner la progression des récoltes de soya aux États-Unis seraient donc pratiquement chose du passé d'autant que, selon ce que rapportent de nombreux analystes, les producteurs américains chercheraient surtout présentement à entreposer leur récolte plutôt que de la vendre.
Par contre, en Amérique du Sud, la période des ensemencements se porterait très bien pour le soya alors que les conditions seraient toujours très avantageuses dans l'ensemble. Sur cette base, selon Celeres, 35% des semis de soya seraient d'ailleurs complétés au Brésil.
Pour l'instant, toutes les conditions seraient donc réunies pour que le Brésil et l'Argentine, respectivement 2e et 3e plus importants producteurs mondiaux de soya, puissent obtenir cette année de très bonnes récoltes, une perspective négative pour le prix du soya sur les marchés.
Pour ne pas aider les choses, il semblerait que les marges de profit de triturateurs chinois de soya seraient aussi toujours très serrées, ce qui limiterait les exportations américaines de soya.
Par contre à moyen terme, selon Oil World, les ventes à l'exportation de soya du Brésil, de l'Argentine et du Paraguay auraient progressé de 64% par rapport à l'an dernier. Ceci pourrait être aussi à l'origine des ventes à l'exportation de soya décevantes qu'ont réalisées jusqu'à présent les exportateurs américains depuis le début de l'année commerciale en cours (1er septembre). Il y a donc tout lieu de croire que les ventes à l'exportation américaines de soya pourraient reprendre de la vigueur dans les prochaines semaines/mois alors que s'épuiseront progressivement celles en provenance de l'Amérique du Sud.
Techniquement, sur le contrat à terme de janvier 2012, le prix du soya aura projeté plusieurs signaux négatifs au cours des derniers jours :
Il aura tenté sans succès vendredi dernier de brisé sa tendance baissière en place depuis la mi-octobre, pour par la suite à nouveau s'effondrer de près de 0,50 $US/boisseau (18,37 $US/boisseau).
Après être pratiquement parvenu à passer au-dessus de ses moyennes mobiles de 10 jours (en rouge) et 20 jours (en vert), ce qui aurait confirmé une reprise de sa valeur, le prix du soya est retourné se transiger sous ces niveaux depuis l'ouverture des marchés cette semaine.
À moins qu'un changement majeur ne survienne dans les prochaines heures/jours, un signal de « vente » sera confirmé par le passage de la moyenne mobile de 10 jours (en rouge) sous celle de 20 jours (en vert).
Seul signe encourageant, le prix du soya sera parvenu de justesse à limiter ses pertes aujourd'hui en clôturant au-dessus de son support psychologique de 12 $US/boisseau (441 $US/TM). Toutefois, à moins que des nouvelles ne parviennent à le relancer très rapidement, plusieurs analystes ont vu dans le comportement du prix du soya des derniers jours un signe que celui-ci pourrait très prochainement retester son dernier creux qui, sur le contrat à terme de janvier 2012, serait situé à 11,6350 $US/boisseau (427,50 $US/TM).