Alors que vendredi dernier, nombreux étaient les analystes et spécialistes du marché des grains qui espéraient un retour de l'attention des marchés sur le contexte fondamental (offre et demande) que connaissent présentement les grains, une conjoncture d'éléments ont fait en sorte qu'une nouvelle vague d'incertitude a plutôt à nouveau frappé l'ensemble des marchés financiers aujourd'hui, forçant par la même occasion les prix des grains à la baisse.
Selon les informations disponibles, ce renfrognement des marchés financiers a pris naissance avec l'initiative du Japon de dévaluer sa devise, le yen, dont la valeur était trop forte semble-t-il pour favoriser les exportations de produits japonais. Par effet d'entrainement de cette dévaluation du yen, la valeur du dollar américain aurait par la suite connue une forte appréciation de sa valeur, passant de 75,20 points sur son Index à plus de 76,60 points.
Pour ne pas aider les choses et supportant par la même occasion la relance de la valeur du dollar américain, les marchés s'interrogent aussi de plus en plus sur l'efficacité et la viabilité de la solution qu'on proposé mercredi dernier les dirigeants européens pour contrer le problème de la crise de la dette en Europe.
Enfin, dernier clou au cercueil, l'importante firme mondiale de courtage et d'analyse des marchés MFGlobal a confirmé aujourd'hui qu'elle devait déclarer faillite. Plus tôt ce mois-ci (octobre), l'entreprise a annoncé des pertes trimestrielles de 191,6 millions de dollars, ce qui avait d'ailleurs incité la firme de notation financière Moody's à abaisser la cote de crédit de MFGlobal à un statut de « junk » lundi dernier. Aujourd'hui, les firmes de notation Fitch et S&P ont emboité le pas à leur compatriote en déclassant également la cote de crédit de cette firme au statut de « junk ».
Pour les marchés financiers, cette nouvelle d'une faillite de l'importante firme de courtage MFGlobal soulève de nombreuses interrogations et incertitudes, notamment sur le sort des actifs et des comptes clients qu'elle possède.
** Bien que peu connu au Québec, MFGlobal proposait également des services de courtage auprès des producteurs agricoles.**
Pour le marché des grains, excluant de dernières prises de profits de fin de mois, ce nouveau contexte général d'incertitude n'aura pas incité comme espérer les investisseurs et spéculateurs à reprendre leurs activités aujourd'hui.
Le fait que la valeur du dollar américain s'apprécie aussi fortement en très peu de temps laisse également planer le doute de voir les ventes à l'exportation de grains américains reprendre du terrain dans les prochains jours/semaines; une perspective négative pour les prix des grains puisque plusieurs comptaient depuis un certain temps sur une reprise de celles-ci pour justifier une nouvelle hausse de leur valeur.
Prix du maïs
Écrasé par un contexte général des marchés financiers négatif et la vigueur du dollar américain, le prix du maïs a reculé aujourd'hui.
Sur le contrat à terme de la récolte (décembre 11), il a perdu -0,08 $US/boisseau (3,14 $CAN/TM) pour s'établir à 6,47 $US/boisseau (254,15 $CAN/TM).
Par contre, malgré ce contexte négatif, certains éléments positifs auront vu le jour pour le maïs :
La récolte mexicaine de maïs aurait été révisée à la baisse de 3 millions de tonnes, ce qui laisse présager que le Mexique devra tôt ou tard combler ce manque à gagner par des importations qui, très certainement, seront d'origine américaine.
Selon ce que rapporte l'analyste Alan Brugler, de Brugler Marketing & Management, les fabricants d'éthanol aux États-Unis continuent d'être des acheteurs « agressifs » de maïs localement.
Les fabricants de moulée des Philippines chercheraient l'approbation de leur gouvernement pour procéder à l'achat de 100 000 tonnes de maïs.
Du fait de la réticence des producteurs américains à vendre au niveau actuel du prix du maïs, sa valeur moyenne au comptant aurait atteint un sommet inégalé depuis le début octobre vendredi dernier aux États-Unis.
Rappelons également que le USDA doit présenter la semaine prochaine son rapport mensuel de novembre. Or à cet effet, plusieurs analystes anticipent que le USDA pourrait possiblement revoir à la baisse le rendement moyen et la production américaine de maïs de la récolte en cours.
Ainsi, fondamentalement, plusieurs facteurs laissent toujours miroiter la possibilité de voir le prix du maïs reprendre du terrain. De l'avis de plusieurs analystes, tout ne serait qu'une question de voir le contexte général des marchés financiers négatif être définitivement mis de côté, une éventualité qui demeure cependant difficilement prévisible.
Pour le rapport hebdomadaire sur la progression des récoltes américaines, les marchés anticipent que celle de maïs devrait être complétée de 75-80%.
Techniquement, sur le contrat à terme de décembre 11, le prix du maïs a connu une dure journée bien qu'il n'ait subi aucun dommage important. Signe positif, il est parvenu également à réduire ses pertes en toute fin de journée pour retourner se transiger près de 6,50 $US/boisseau (256 $US/TM). Le 1er objectif pour le prix du maïs est maintenant de parvenir à se détacher de la zone de « confort » dans laquelle il s'est installé depuis plus de 2 semaines qui est essentiellement située entre 6,30 et 6,58 $US/boisseau (248-259 $US/TM). Pour y parvenir, il doit définitivement franchir un 1er niveau de résistance autour de 6,58 $US/boisseau (259 $US/TM), ce qui lui permettrait par la suite d'aller se transiger à plus de 6,80 $US/boisseau (268 $US/TM).
Si toutefois le prix du maïs était appelé à reculer dans les prochains jours, il faut surveiller un premier support à 6,38 $US/boisseau (251 $US/TM), puis 6,30-6,33 $US/boisseau (248-249 $US/TM) et 6,00 $US/boisseau (236 $US/TM).