Le manque de nouvelles fraîches persistant et les inquiétudes des marchés à l'égard de ce qu'y doit être dévoilé aujourd'hui à l'issue de la rencontre des dirigeants de l'Europe pour mettre un terme à la crise de la dette ont forcé les marchés financiers à la baisse.
Même après avoir défié le repli général des marchés hier, le prix du pétrole a également amorcé un recul aujourd'hui alors que les inventaires de brut ont connu une hausse inattendue de leur niveau aux États-Unis.
De son côté, stimulée par les incertitudes entourant la rencontre en Europe, la valeur du dollar américain a poursuivi sa progression amorcée hier.
C'est ainsi qu'après plusieurs jours de consolidation « technique » et d'espoir de voir les prix des grains (particulièrement le maïs) emboîter le pas à une nouvelle poussée de leur valeur, ceux-ci auront finalement perdu pied aujourd'hui.
Joe Bedore, Responsable du parquet du CME Group pour FCStone Inc. dans un commentaire publié sur le site d'Agriculture.com :
« Un marché haussier a besoin d'être alimenté. Nous n'avons rien de cela aujourd'hui. L'idée qui circulait était que techniquement le marché parvenait à se maintenir, et que par conséquent il allait poursuivre sa progression. Toutefois, nous n'avons pas « joué » de manière technique sur ce parquet depuis des années, dans le sens que nous ne nous en sommes pas servi comme élément pour justifier de faire aller de l'avant le marché. »
Tout repose ainsi dans l'immédiat entre les mains de l'entente et de la proposition que pourront présenter aujourd'hui les dirigeants européens pour résoudre le problème de la crise de la dette en Europe. Mais déjà, certains doutes circulent sur les effets positifs qu'elle pourrait avoir. Nombreux sont ceux qui réaliseraient maintenant que cette crise ne pourra pas être résolue dans un court laps de temps et que, en ce sens, l'issue de la rencontre d'aujourd'hui ne peut être aussi optimiste que tous voudraient le croire.
Certains analystes signalent aussi que concrètement, l'effet positif que pourrait avoir un dénouement favorable au problème de la crise de la dette en Europe aujourd'hui aurait déjà été absorbé dans le niveau de prix actuel des grains, ce qui ne laisse la porte ouverte qu'a une baisse des prix si ce n'est pas le cas.
** Demain, le USDA doit présenter son rapport hebdomadaire sur les exportations et ventes à l'exportation de grains américains. Les attentes des marchés à l'égard de ce rapport ne seraient pas élevées, ce qui ouvre la porte à ce qu'une surprise puisse supporter les prix des grains de ce côté, particulièrement si l'issue de la rencontre des dirigeants en Europe peut s'avérer positive.**
Prix du maïs
Le prix du maïs a connu aujourd'hui son premier revers depuis 1 semaine. Les marchés continuent d'ignorer le contexte réel d'offre et demande que connaît le maïs, concentrant toute leur attention sur le problème de la crise de la dette en Europe qui doit connaître une issue importante en soirée. Et faute de nouvelles stimulantes du côté du maïs, les investisseurs et spéculateurs ont tout simplement préféré prendre du recul en attendant dans savoir un peu plus à ce sujet.
Sur le contrat à terme de la récolte (décembre 11), le prix du maïs a reculé de 0,1350 $US/boisseau (6,3725 $CAN/TM) pour clôturer à 6,3725 $US/boisseau (252,56 $CAN/TM).
Certains éléments intéressants du côté de la demande ont cependant été révélés aujourd'hui :
Une vente de 100 000 tonnes de maïs américain vers une destination inconnue a été confirmée par le USDA.
La production hebdomadaire d'éthanol a également poursuivi sa progression aux États-Unis passant à 909 000 barils/jours la semaine dernière contre 908 000 barils/jours la semaine précédente selon l'EIA.
Taïwan chercherait à acheter un lot de 60 000 tonnes de maïs.
Ainsi, même si les marchés s'attendent toujours à ce que des signes bien réels d'une reprise de la demande de maïs se fassent sentir, sur le fond, celle-ci semble toujours bien active. Elle ne serait tout simplement pas à la hauteur des attentes des investisseurs et spéculateurs pour les inciter pour l'instant à propulser à un niveau supérieur le prix du maïs.
Commentaire intéressant également de M. David Fiala, président de Futures One et analyste contributeur pour DTN, le maïs serait présentement perçu comme un produit plus « luxueux » pour nourrir le bétail alors que la disponibilité mondiale importante de blé fourrager lui ferait concurrence à prix très avantageux.
Techniquement, sur le contrat à terme de décembre 11, le revers du prix du maïs d'aujourd'hui aura projeté certains signaux négatifs. La tendance haussière amorcée depuis le début d'octobre a notamment été brisée. Après quelques jours au-dessus de la moyenne mobile de 200 jours, le prix du maïs est aussi retourné sous ce niveau. Par contre, ce recul aura eu le mérite de faire reculer le RSI qui indiquait un contexte de marché légèrement suracheté. Autre élément intéressant, le prix du maïs n'aura pas subi un revers assez important pour que celui-ci mette de côté pour l'instant la zone de consolidation qu'il a établie la semaine dernière et tenter de dépasser cette semaine.
Si la rencontre des dirigeants européens d'aujourd'hui se révèle positive, le prix du maïs demeure donc toujours sur une base solide pour amorcer une nouvelle progression de sa valeur qui lui permettrait de se transiger éventuellement au-dessus de 6,84 $US/boisseau (269 $US/TM). Par contre, si ce n'est pas le cas, il faudra alors surveiller de près un 1er support à 6,30 $US/boisseau (248 $US/TM) qui, s'il est brisé, laisserait la porte ouverte à ce que le prix du maïs aille se transiger sous la barre psychologique de 6$US/boisseau (236 $US/TM) par la suite.
Prix du soya
Tout comme le reste du marché des grains, le prix du soya aura été entrainé aujourd'hui par les craintes des marchés à l'égard des discussions pour résoudre le problème de la crise de la dette en Europe qui doivent connaître un dénouement en soirée.
Sur le contrat à terme de la récolte (novembre 11), il a ainsi reculé de 0,15 $US/boisseau (5,55 $CAN/TM) pour terminer la journée à 12,1050 $US/boisseau (447,79 $CAN/TM).
Selon le China National Grain Oils Information Center, la Chine pourrait importer cette année 56 millions de tonnes de soya, soit un niveau record et une hausse de 7% par rapport à l'an dernier. Dans son dernier rapport mensuel, le USDA a également estimé les importations chinoises de soya à 56 millions pour 2011-12.
CONAB a indiqué aujourd'hui qu'il estimait la récolte brésilienne de soya à 73,3 millions de tonnes. De leur côté Safras et le Docteur Cordonnier l'ont respectivement anticipé à 75,3 et 75 millions de tonnes. L'an dernier (2010-11), le Brésil aurait obtenu une récolte record de 75,5 millions de tonnes selon le USDA.
Techniquement, sur le contrat à terme de novembre 11, le support que connaît le prix du soya présentement à 12,10 $US/boisseau (445 $US/TM) aura été éprouvé et confirmé aujourd'hui. Comme le révèle maintenant bien le graphique, le prix du soya semble aussi bel et bien aux prises avec une ferme tendance baissière à court terme qu'il doit parvenir à briser pour retrouver le chemin de la hausse. S'il n'y parvient pas et que le support qu'il connaît à 12,10 $US/boisseau (445 $US/TM) est brisé, il faut s'attendre par la suite à ce que le support psychologique de 12 $US/boisseau (441 $US/TM) soit rapidement éprouvé. Le bris de ce support ouvrirait la porte à ce que le prix du soya retourne par la suite se transiger à son creux du début octobre dernier à 11,52 $US/boisseau (423 $US/TM).