Les prix des grains continuent de fluctuer de manière indécise alors que les divergences d'opinions des dirigeants européens (France & Allemagne) sur une solution définitive au problème de la dette en Europe continuent de tenir en haleine l'ensemble des marchés financiers
La publication du « Livre Beige » par la Réserve Fédérale aux États unis hier, qui laisse entendre que le pays ne serait pas sorti de son marasme économique, aurait aussi jeté une ombre sur le sentiment des investisseurs et spéculateurs. Par contre, aujourd'hui, l'annonce que pour une 4e semaine consécutive, les demandes de prestation de chômage ont reculé (1,5% de moins que la semaine dernière) à nouveau aux États-Unis a donné une lueur d'espoir aux marchés financiers.
Du côté des marchés des grains, peu de nouvelles ont vu le jour aujourd'hui, ce qui laisse ainsi toujours les investisseurs et spéculateurs sans prétextes réels pour justifier la poursuite de la hausse des prix des grains qui s'est amorcée depuis le début du mois d'octobre.
Le rapport hebdomadaire du USDA sur les exportations et ventes à l'exportation de grains américains a également laissé sur leur faim les marchés qui gardaient espoir d'y trouver une surprise qui supporterait ou non une relance définitivement des prix des grains. Mais ce rapport n'aura somme toute été ni chaud, ni froid.
Conformément à ce qu'avait annoncé le USDA, la Chine aura été responsable d'une part importante des ventes à l'exportation de maïs américain de la semaine dernière avec un total de 900 100 tonnes sur un total de 1 762 600 tonnes pour livraison au cours de la prochaine année. Cependant, les marchés anticipaient plutôt que les ventes américaines de maïs de la semaine dernière seraient de 1,8 à 2,5 millions de tonnes. Ainsi, même si les ventes à l'exportation de maïs américain ont été très fortes, ce qui demeure un élément positif, celles-ci n'auront pas été à la hauteur des attentes.
De leur côté, les ventes américaines à l'exportation de soya auront été très décevantes. Selon le USDA, elles se sont établies à 594 700 tonnes la semaine dernière (dont 330 000 destinées à la Chine) alors que les marchés anticipaient plutôt qu'elles seraient 750 000 à 1 000 000 tonnes.
Même chose pour le blé qui a présenté des résultats décevants. Selon le USDA, les exportateurs américains n'en ont vendu que 399 400 tonnes la semaine dernière alors que les marchés les envisageaient entre 450 000 à 650 000 tonnes.
Mais envers et contre tout, malgré ce contexte difficile et incertain, les prix des grains sont parvenus dans l'ensemble à limiter leurs pertes pour clôturer en hausse aujourd'hui. Selon les commentaires des analystes recueillis, ce serait le fait que les producteurs américains ne seraient tout simplement pas vendeurs présentement alors que les acheteurs chercheraient toujours à profiter des prix « avantageux » pour sécuriser leur approvisionnement qui en limiterait un repli actuellement. Le fait que les ventes à l'exportation de maïs se soient révélées importantes, même si décevantes, aurait également été favorable.
À partir de la mi-session, la valeur du dollar américain est également retournée à la baisse ce qui, de pair avec un meilleur sentiment général des marchés financiers, aurait permis aux investisseurs et spéculateurs de reprendre leurs activités et supporter une relance des prix des grains avant la fermeture des marchés.
Prix du maïs
Le prix du maïs continue de garder le cap, demeurant dans une fourchette étroite de fluctuation alors que les marchés semblent chercher un dernier prétexte pour lui faire franchir définitivement la barre de 6,50 $US/boisseau.
Après un bref recul à l'ouverture des marchés, sur le contrat à terme de la récolte (décembre 11), le prix du maïs est ainsi parvenu à clôturer la journée en hausse de 0,11 $US/boisseau (4,40 $CAN/TM) à 6,4950 $US/boisseau (259,72 $CAN/TM).
Les ventes à l'exportation de maïs américain se sont révélées importantes la semaine dernière et les producteurs américains ne seraient pas vendeurs, ce qui constitue un support important au niveau de prix actuel du maïs qui est parvenu à se maintenir à nouveau aujourd'hui.
Fait intéressant, selon l'Energy Information Administration (EIA), la production hebdomadaire d'éthanol aux États-Unis a grimpé de manière significative la semaine dernière à 908 000 barils par jour contre en moyenne 868 000 barils par jours au cours des 4 dernières semaines. La consommation de maïs pour la fabrication d'éthanol serait donc également en hausse, ce qui serait conforme avec l'idée que la demande de maïs serait forte sur les marchés locaux américains.
Agriculture.com - Commentaire d'un analyste rapporté par Mike McGinnis :
« Le prix du maïs se comporte beaucoup mieux (que celui du soya). Les investisseurs à la baisse (« Bears ») tentent de l'écraser alors que la récolte progresse. Mais l'absence de ventes des producteurs, combiné avec de fortes ventes (à l'exportation), agissent de support. Dans l'ensemble, quelqu'un semble acheter du maïs. Je ne sais pas qui, et ça semble être fait d'une manière très discrète (under cover) ce qui veut probablement dire qu'il s'agit d'une demande commerciale vigoureuse. »
Techniquement, sur le contrat à terme de décembre, le comportement du prix du maïs se révèle être très intéressant. Il semble que malgré de nombreuses tentatives de baisse sous la barre de 6,30-6,34 $US/boisseau (248-249,5 $US/TM), il n'y a tout simplement pas de « vendeur » prêt à s'aventurer sous ce niveau alors que ceux qui souhaitent prendre des positions « achetées » ne cessent de perdre leur conviction à l'approche de la résistance bien sentie autour de 6,50 $US/boisseau (256 $US/TM). Le prix du maïs est donc bel et bien dans une phase de consolidation intéressante qui pourrait soit ouvrir la porte à une nouvelle lancée vers 6,80 $US/boisseau (268 $US/TM) ou un effondrement éventuel vers la barre psychologique de 6$US/boisseau (236 $US/TM).
Selon la perception qui se dégage des différents analystes et commentaires recueillis, il semblerait que l'option haussière soit celle envisagée par les marchés présentement. Toutefois, il faudra certainement qu'un nouvel élément positif catalyse prochainement cette éventualité sans quoi, le prix du maïs pourrait très bien s'effriter.
Prix du soya
Le soya semble demeuré le mal-aimé des marchés. Aujourd'hui, celui-ci a connu un recul important en début de journée qui l'aura amené à friser son support psychologique de 12 $US/boisseau (441 $US/TM) ce matin. Profitant de la relance générale des marchés en fin de session, il sera toutefois parvenu de justesse à effacer toute trace de cette correction.
Sur le contrat à terme de la récolte (novembre 11), il a ainsi terminé la journée sans changement par rapport à sa fermeture d'hier à 12,25 $US/boisseau (457,20 $US/TM).
Sans contredit, ce sont les ventes à l'exportation de soya américain de la semaine dernière qui auront le plus déçu les marchés. Toutefois, il semble que les marchés ont rapidement mis de côté ce nouvel élément, jugeant notamment que l'absence de vente des producteurs américains et la possibilité que la demande puisse se raffermir ne justifient tout simplement pas un recul aussi marqué du prix du soya pour l'instant.
Agriculture.com - Commentaire d'un analyste rapporté par Mike McGinnis :
« Dans l'ensemble, je vois les reculés jusqu'à 12$US/boisseau ou sous ce niveau comme étant des chances d'acheter, surtout considérant que nous devrions être pratiquement à 80% de la récolte de soya de complété (aux États-Unis). C'est habituellement la période au cours de laquelle ont lieu les dernières baisses occasionnées par les ventes récoltes. Pour cette raison, je cherche des opportunités pour commencer à acheter. »
Techniquement, sur le contrat à terme de novembre 11, le prix du soya semble avoir éprouvé et confirmé la fermeté de son support à 12$US/boisseau (441 $US/TM) aujourd'hui bien que la correction baissière en place depuis le début de la semaine ne soit pas écartée pour autant. Toutefois, si le prix du soya peut parvenir à reprendre de la fermeté dans les prochains jours, nous pourrions alors croire qu'une nouvelle tendance haussière puisse être en place. Dans l'immédiat cependant, il demeure confronté à une première résistance bien distincte à un peu plus de 12,25 $US/boisseau (450 $US/TM) suivi d'une résistance plus importante à 12,59 $US/boisseau (463 $US/TM).