Les prix des grains ont terminé la semaine à la baisse alors que le sentiment d'optimisme qui a vu le jour ce mercredi s'est progressivement estompé pour laisser place à nouveau à de la nervosité du côté des investisseurs et spéculateurs.
Au cours de la nuit dernière, l'agence de notation financière Moody's a déclassé la cote de crédit de 12 banques britanniques, « estimant que le gouvernement (de l'Angleterre) était moins enclin à leur apporter son soutien financier en cas de problème » selon ce que rapporte un article de La Presse Affaires.
La Presse Affaires - Moody's décote 12 banques britanniques
Cette initiative aura eu l'effet de calmer les ardeurs des marchés financiers dans leur lancée.
Ce matin, le Département de l'emploi aux États-Unis (Department of Labor) a cependant ravivé l'intérêt des marchés. Selon son rapport mensuel sur l'emploi publié avant l'ouverture des marchés, 103 000 emplois ont été créés en septembre, ce qui est une proportion beaucoup plus importante que ce qu'un sondage du Dow Jones auprès des marchés ne l'anticipait, avec la création de 60 000 emplois. Cependant, malgré cette hausse, le taux de chômage est demeuré inchangé à 9,1%.
Mentionnons au passage qu'au Canada, il se serait créé aussi plus d'emploi que prévu en septembre, soit 60 900 emplois contre des prévisions des économistes sondés par Bloomberg de 15 000 emplois. Par contre, contrairement à son voisin du sud, le Canada aura profité de cette occasion pour faire reculer son taux de chômage de 0,2% à 7,1%.
Radio-Canada - Le taux de chômage reste à 9,1 % aux États-Unis
Radio-Canada - L'emploi canadien bat les prévisions
Cependant, le regain des marchés financiers qu'a engendrés la création de plus d'emploi que prévu aux États-Unis aura été coupé court par la suite pendant la journée aujourd'hui par l'agence de notation Fitch Rating Ltd.
Selon cette agence, en raison de la possibilité que les problèmes de dette (pays et banques...) en Europe s'aggravent, les cotes de crédit de l'Espagne et de l'Italie ont été déclassées. Celle du Portugal aura cependant été épargnée, mais Fitch n'exclut pas pour autant un déclassement éventuel au cours de 2012.
La Presse Affaires - Fitch décote l'Espagne et l'Italie, le Portugal est épargné
Les prix des grains ont ainsi dû composer aujourd'hui en premier lieu avec le retour d'un sentiment plus nerveux et défensif des marchés financiers. À cet effet, la valeur du dollar américain est d'ailleurs retournée à la hausse après plusieurs jours de repli pour s'établir maintenant à 79,08 points sur son Index.
Mais excluant ce contexte général des marchés financiers, selon la plupart des analystes, les prix des grains ont dû essentiellement conjuguer également avec une récolte qui ne cesse de s'accélérer et de profiter des excellentes conditions de récoltes que connaissent les producteurs aux États-Unis et, par la même occasion, d'exercer d'autant une pression négative sur les prix des grains.
La semaine prochaine, le USDA doit présenter son rapport mensuel du mois d'octobre qui, comme ceux des 2 derniers mois, est très attendu. Basé sur de premières informations des récoltes qu'ont obtenues jusqu'ici les producteurs américains, ce rapport devrait avant tout permettre d'en savoir beaucoup plus sur les rendements réels, et les productions, que devraient obtenir cette année les États-Unis. Il devrait également établir avec plus de justesse les superficies réelles qui ont été semées et qui, par la même occasion, seront aussi récoltées.
Selon les prévisions des marchés actuellement disponibles, pour les États-Unis :
Maïs : la récolte devrait être établie à 316,9 millions de tonnes pour un rendement moyen estimé à 148,73 boisseaux/acre (9,33 TM/ha). Dans son dernier rapport mensuel, le USDA avait estimé la récolte à 317,44 millions de tonnes pour un rendement moyen prévu de 148,18 boisseaux/acre (9,3 TM/ha). Les inventaires de fin d'année 2011-12 seraient estimés à 20,42 millions de tonnes contre 17,06 millions de prévu par le USDA dans son rapport de septembre dernier.
Soya : les marchés prévoient une révision à la hausse de la récolte américaine de soya à 84,42 millions de tonnes contre 83,97 millions de tonnes le mois dernier. Une hausse des inventaires de fin d'année de 2011-12 est aussi prévue de 4,49 à 5,06 millions de tonnes.
Blé : une révision à la baisse des superficies récoltes en blé cette année aux États-Unis est anticipé en raison du début de saison très difficile (inondation et conditions humides).
Prix du maïs
Écrasé par la morosité des marchés et les récoltes américaines qui progressent bien et rapidement, le prix du maïs n'aura pas été en mesure de donner suite à sa reprise des derniers jours. Par contre, de justesse, il sera parvenu à clôturer la semaine tout juste sur son support et niveau clé de 6$US/boisseau (236 $US/TM).
Au terme de la semaine, pour la première fois depuis le début du mois de septembre, le prix du maïs sera parvenu également à terminer avec un gain net hebdomadaire de 0,0750 $US/boisseau (3,08 $CAN/TM).
Jusqu'ici, selon les informations disponibles, les rendements qu'obtiendraient les producteurs américains seraient mieux que prévu. Il semblerait toutefois que, selon les propos de certains analystes, ceux-ci auraient tendance à se détériorer alors que les récoltes américaines progressent vers le nord.
Cette semaine, il semblerait que les acheteurs (consommateurs) de maïs auraient commencé à acheter de manière plus importante (et même agressive dans certaines régions) du maïs sur les marchés locaux aux États-Unis. Signe avant coureur qu'une nouvelle flambée du prix du maïs éventuel serait anticipée? Possible considérant que sur les marchés internationaux, les acheteurs semblent également avoir refait surface de manière plus marquée depuis que le maïs est passé sous la barre de 6$US/boisseau (236 $US/TM) la semaine dernière.
Cependant, le prochain rapport mensuel du USDA de la semaine prochaine recèle toujours son lot de surprises qui pourrait très bien jeter aux oubliettes cette éventualité d'un retour à la hausse du prix du maïs dans les prochaines semaines.
Techniquement, cette semaine sur le contrat à terme de décembre 11, le prix du maïs a pu profiter d'un support très solide près de 5,72 $US/boisseau (225 $US/boisseau) pour reprendre du tonus et atteindre un premier sommet à 6,17 $US/boisseau (243 $US/TM). Ce haut laisse miroiter la possibilité que la forte tendance baissière en place depuis le début de septembre pourrait tirer à sa fin d'autant plus que le prix du maïs l'aura brièvement brisé (voir le second graphique).
La moyenne mobile de 5 jours a aussi été franchie sans difficulté, signe positif qui aura toutefois été freiné par une première résistance bien définie à 6,17 $US/boisseau (243 $US/TM) qui représente également la moyenne mobile de 10 jours.
De son côté, le RSI indique toujours que le prix du maïs est survendu et mûr pour une relance plus prononcée à la hausse.
Autre signe positif, bien que de justesse, le prix du maïs est parvenu à terminer la semaine à 6 $US/boisseau (236 $US/TM), ce qui représente également la 3e journée consécutive d'une fermeture au-dessus de ce support psychologique.
Le prochain objectif pour le prix du maïs au cours de la semaine prochaine est de parvenir à demeurer avant tout au-dessus de 6$US/boisseau (236 $US/TM) pour ensuite retourner tester sa 1re résistance établie à 6,17 $US/boisseau (243 $US/TM) pour parvenir éventuellement à retourner se transiger près de 6,40 $US/boisseau (252 $US/TM). Si toutefois celui-ci n'y parvient pas, il faudra alors surveiller de près le support important situé près de 5,72 $US/boisseau (225 $US/TM). Le bris de ce support ouvrirait la porte à ce que la tendance baissière en place depuis le début de septembre reprenne du service, une perspective peu reluisante pour le prix du maïs qui aura déjà perdu plus de 1,75 $US/boisseau (69 $US/TM) depuis plus d'un mois maintenant.