Pour la 1re fois depuis plusieurs jours, voir semaines, les prix des grains ont clôturé à la hausse de manière intéressante aujourd'hui. Le prix du maïs a même profité de l'occasion pour retourner se transiger au-dessus de 6$US/boisseau (236 $US/TM).

Un vent de fraîcheur a fait surface en fin de journée hier sur les marchés financiers. Le Commissaire européen aux Affaires économiques, M. Olli Rehn, a déclaré « que les dirigeants de la zone euro envisageaient clairement un plan coordonné pour renflouer les établissements bancaires » en Europe selon un article publié sur La Presse Affaires. Depuis plusieurs semaines, les marchés s'inquiétaient particulièrement des effets systémiques que pourrait entrainer sur les banques européennes un défaut de paiement de la Grèce sur sa dette.

Le Fonds Monétaire International (FMI) est venu par la suite ajouter son grain de sel à cette 1re nouvelle encourageante en indiquant qu'il était prêt à racheter les obligations en difficultés de l'Italie et de l'Espagne.

Enfin, les gouvernements belge et français ont également indiqué qu'ils s'engageaient à trouver des solutions pour aider la banque franco-belge Dexia qui éprouve actuellement d'importantes difficultés financières.

Ces quelques nouvelles auront ainsi permis aux marchés européens de reprendre leur souffle et de progresser en territoires positifs au cours de la nuit dernière, ouvrant la porte à ce que ceux américains poursuivent aujourd'hui sur cette lancée, ce qui fut le cas.

Ce vendredi des chiffres sur la situation de l'emploi aux États-Unis devraient être dévoilés. Mais en attendant, l'idée circule à l'effet que ceux-ci pourraient se révéler plus encourageants que prévu. Toujours selon ce qui est rapporté par La Presse Affaires, le cabinet ADP croit que « le secteur privé américain a créé 91 000 emplois en septembre, soit deux fois plus qu'anticipées par les analystes ».

Aujourd'hui, le prix du pétrole a bénéficié de l'annonce par l'EIA (Energy Information Administration) dans son rapport hebdomadaire, d'une baisse des réserves de pétrole de 4,7 millions de barils et de 1,1 million de barils de l'essence aux États-Unis.

Supportée par un sentiment plus optimiste à l'égard de la situation en Europe, la valeur du dollar américain a pu de son côté poursuivre son repli amorcé hier, alors qu'elle avait dépassé 80,40 points sur son Index, pour s'établir présentement à 79,46 points.

Les prix des grains ont ainsi profité de la relance du prix du pétrole et de la faiblesse du dollar américain. Le sentiment général des marchés financiers plus optimistes aura aussi incité les investisseurs et spéculateurs à reprendre timidement position dans des marchés plus à risque comme celui des grains, supportant par la même occasion la hausse de leur valeur.

Contextuellement, comme le rappel certains analystes, les faits que les prix se soient dépréciés de manière très importante en quelques semaines, qu'ils soient maintenant offert « à rabais » et le pressentiment des marchés que des solutions pourraient relancer l'économie et éviter une récession (que plusieurs appréhendent) auraient aussi incité plusieurs joueurs à reprendre leurs activités d'achats.

Et ce serait sans compter que si les prix des grains ont connu une forte correction depuis 1 mois, ceux de la viande (porc, bœuf) demeurent élevés et les marges bénéficiaires des producteurs d'éthanol se sont passablement améliorées, une situation qui à moyen terme ne peut qu'inciter à davantage de consommation de grains.

Cependant, comme le rappel l'analyste Kevin Van Trump de Farm Direction sur le site de Inside Futures, même si la situation semble prendre du mieux pour les grains et l'ensemble des marchés financiers, rien n'indique que nous soyons sorties de l'impasse pour autant :

« Je ne nie pas le fait que nous soyons du pour une sorte de rebond à court terme, puisque nous sommes définitivement « survendu », je ne suis juste pas vendu à l'idée que nous avons atteint un creux définitif. Les vents en Europe peuvent avoir changé de direction, mais je peux vous assurer que le feu n'est pas éteint. »

Prix du maïs

Le prix du maïs a su bénéficier du sentiment plus optimiste (« bullish ») des marchés pour reprendre du terrain de manière avantageuse aujourd'hui.

Sur le contrat à terme de la récolte (décembre 11), il a bondi de 0,1975 $US/boisseau (8,20 $CAN/TM) pour clôturer à 6,0750 $US/boisseau (252,20 $CAN/TM).

Excluant le contexte encourageant en Europe qui a insufflé une relance générale des marchés financiers, nombreux sont les analystes qui ont eu tôt fait de rappeler également aujourd'hui que le prix du maïs était « techniquement » survendu et dû pour une relance de sa valeur.

Le USDA doit présenter la semaine prochaine son rapport mensuel d'octobre et, depuis le début de la semaine, plusieurs firmes et institutions ont commencé à présenter leurs prévisions à l'égard des résultats qu'il devrait dévoiler. Dans cet ordre d'idée, aujourd'hui, la firme Informa Economics aurait aussi contribué à alimenter la hausse du prix du maïs en annonçant qu'elle révisait à la baisse son estimation de rendement qu'obtiendront les producteurs américains de maïs cette année de 151 boisseaux/acre le mois dernier à 149,5 boisseaux/acre. Dans son dernier rapport mensuel de septembre, le USDA avait établi son estimation à 148,1 boisseaux/acre (9,29 TM/ha)

Depuis que les prix des grains ont commencé leur correction à la fin du mois d'août, les ventes à l'exportation de maïs américain se sont redressées après avoir connu un début d'année commercial difficile (1er septembre). Par contre, celles-ci seraient encore trop faibles pour susciter un intérêt assez marqué des marchés et supporter la relance définitive de sa valeur. Mais fait intéressant, actuellement, le prix du maïs aux États-Unis serait substantiellement moins cher qu'en Chine, ce qui laisse présager que les importateurs chinois pourraient se révéler plus agressifs dans leurs achats de maïs dans les prochaines semaines...

Toujours du côté de la Chine, basé sur des observations sur le terrain, le US Grains Council (USGC) a révélé aujourd'hui qu'il estimait la récolte chinoise de maïs à un nouveau niveau record de 167 millions de tonnes. Dans son dernier estimé, le USDA avait plutôt établi la production chinoise de maïs à 178 millions de tonnes. Et selon l'USGC, cette récolte chinoise de maïs sera toujours insuffisante pour répondre à la demande domestique du pays, l'institution estimant sur cette base que la Chine ne pourra faire autrement que d'importer entre 5-10 millions de tonnes de maïs au cours de la prochaine année.

Rappelons qu'historiquement, la Chine n'était pas un importateur important de maïs dans le monde. Certaines années, elle faisait même compétition aux États-Unis sur les marchés internationaux. Mais en raison de la croissance importante de sa population, de la hausse de la qualité de vie des Chinois et de leur consommation de viande (porc), la Chine est passée au cours des dernières années d'exportateur à importateur de maïs.

Selon le USDA, l'an dernier la Chine aurait importé pour 1,3 million de tonnes de maïs et elle se devrait d'en importer pour 2 millions de tonnes cette année.

Techniquement, sur le contrat à terme de décembre 11, le prix du maïs a montré pour la 1re fois depuis de nombreuses semaines certains signes encourageants. Il est parvenu à briser et clôturé au-dessus de la barre psychologique de 6 $US/boisseau (236 $US/TM). Certains analystes parlent qu'en testant la zone de support près de 2,72 $US/boisseau (225 $US/TM) à 2 reprises et en bondissant aujourd'hui, le prix du maïs aurait opéré un double creux (« Double bottom »), signe qu'un revirement à la hausse du prix du maïs serait en cours. De son côté le RSI a progressé quelque peu, mais indique toujours que le prix du maïs serait encore « survendu », laissant ainsi entendre qu'il y a encore place à d'autres hausses intéressantes.

Dans l'immédiat, pour les prochains jours, l'objectif pour le prix du maïs est maintenant de parvenir à briser une première résistance située à 6,12-6,15 $US/boisseau (241-242 $US/TM) suivis d'une seconde résistance à 6,23 $US/boisseau (245 $US/TM) qui correspond également à sa moyenne mobile de 10 jours.