Les prix des grains ont été durement frappés à nouveau aujourd'hui par le USDA qui, dans son rapport trimestriel d'inventaires américains de grains publié ce matin, a surpris les marchés.
Selon ce rapport, les inventaires américains de maïs de la dernière récolte seraient établis à 28,65 millions de tonnes. Les anticipations des marchés étaient plutôt d'en moyenne 24,44 millions de tonnes, prévision qui était déjà plus élevée que ce que le USDA avait estimé dans son rapport mensuel de septembre avec 23,36 millions de tonnes. Excluant la hausse très importante que représente cette révision, plusieurs éléments ont de quoi étonner comme le souligne sur le site de Farm Futures l'analyste Arlan Suderman:
Selon le USDA, les inventaires américains de blé se sont accrus. Ceci défit la logique voulant que plus de blé ait été substitué au maïs au cours de l'été en raison du prix élevé de ce dernier au cours de cette période.
Un cheptel plus important de porc, plus de bœuf à un stade avancé de développement et une production record d'éthanol aux États-Unis au cours des derniers mois auraient dû entrainer une baisse (et non une hausse) des inventaires de maïs.
Basée sur ces nouvelles données, la banque commerciale Morgan Stanley estime l'usage de maïs et blé par unité animale à 66,4 boisseaux (1,69 TM). Ce niveau serait le plus faible enregistré depuis 1995-96 alors même que la disponibilité de foin et de pâturage reste faible aux États-Unis.
Du côté du soya, le rapport du USDA n'aura pas apporté de changements significatifs bien qu'il ait opéré une légère révision à la baisse des inventaires américains à 5,82 millions de tonnes. Ce niveau des inventaires est plus serré que prévu, mais reste supérieur à ce qui a été observé au cours des 3 dernières années.
Par contre, le USDA aura eu le mérite d'annoncer une nouvelle plus stimulante pour le blé en révélant qu'il en estimait la récolte de 2011 à 54,65 millions de tonnes alors que la moyenne des prévisions était de 55,68 millions de tonnes. Une production moins importante de blé de printemps américain serait à l'origine de cet ajustement. Ceci n'aura pas été sans conséquence sur le prix du blé sur le MGEX (Bourse des grains de Minneapolis) aujourd'hui qui a bondi de 0,2750 $US/boisseau (10,10 $US/TM) avant de perdre pied pour clôturer en baisse, emporté par la vague de liquidation dans les autres marchés des grains aux États-Unis.
Pour accéder au rapport complet des inventaires trimestriels de grains du USDA (en anglais): Grain Stocks
Devant cette chute importante des prix qui ne semble avoir de cesse depuis le début du mois de septembre, fondamentalement, tout repose maintenant sur le prochain rapport mensuel du USDA du 12 octobre prochain. Ce rapport devrait permettre d'en savoir plus sur les rendements réels qu'obtiendront les producteurs américains, éclaircissant par la même occasion les productions finales de grains sur lesquelles les consommateurs (et exportateurs) américains pourront compter pour s'approvisionner au cours de la prochaine année.
Rappelons aussi que c'est ce rapport du USDA qui devrait établir définitivement les superficies qui ont été cultivées cette année aux États-Unis et qu'en raison des retards de semis et des inondations qui ont eu lieu en début de saison, une révision à la baisse de celles-ci n'est toujours pas exclue.
Mais en attendant la publication de ce rapport, il faut s'attendre à ce que les prix des grains éprouvent de nombreuses difficultés à reprendre du terrain. Le fait est que dans ces deux derniers rapports, le USDA surpris et défié les marchés. Par conséquent, les investisseurs et spéculateurs seront très certainement réticents à reprendre leurs activités tant que tout risque de nouvelles surprises négatives ne sera pas écarté et qu'aucun élément ne remettra au goût du jour l'idée que la disponibilité de grains pourrait être très serrée au cours de la prochaine année.
Et c'est sans compter également que jusqu'ici, plusieurs producteurs américains auraient signalé de meilleurs rendements que prévu. Ceci laisse miroitée la possibilité que le USDA puisse revoir à la hausse les récoltes américaines de cette année dans son prochain rapport mensuel, perspective qui porterait très certainement un coup fatal aux prix des grains déjà très malmenés depuis plusieurs semaines.