Comme certains analystes l'appréhendaient hier, les prix des grains se sont à nouveau fait emporter aujourd'hui par la reprise de l'importante correction qu'ils subissent depuis le début du mois de septembre.
Le prix du maïs a ainsi clôturé à son creux qu'il avait momentanément marqué lundi avant de reprendre à la hausse. Il a ainsi atteint un niveau inégalé depuis le 11 juillet dernier. Le soya a terminé la journée à son plus faible niveau en 6 mois, ce qui représente un recul très important de plus de 2,30 $US/boisseau (85 $US/TM) depuis son sommet du 29 août dernier. De son côté, le blé est retourné à la baisse suivant la relance intéressante qu'il avait connue depuis le 22 septembre dernier en raison des conditions très sèches qui persiste dans le sud des États-Unis pour les cultures de blé d'hiver.
Selon les différentes sources de nouvelles survolées, un mélange de facteurs peut expliquer ce retour à la baisse des prix des grains aujourd'hui :
Pression négative saisonnière normale qu'exerce la progression des récoltes américaines sur les prix, certains analystes faisant d'ailleurs mention d'importantes ventes réalisées par les producteurs américains.
Des conditions météorologiques qui, dans l'ensemble, se devraient d'être très favorables aux récoltes dans le Midwest américain et ce, jusqu'à pratiquement la mi-octobre selon les dernières prévisions.
Un rapport de l'EIA (Energy Information Administration) aux États-Unis qui a révélé des inventaires de pétrole (et autres produits pétroliers) plus importants que prévu. Le prix du pétrole a ainsi connu un fort recul de sa valeur dès l'ouverture des marchés ce matin, baisse qui a entrainé dans son sillage les prix d'autres commodités comme les grains. Au terme de la journée, le prix du pétrole a perdu -3,67 $US/baril pour retourner se transiger très près de 80 $US/baril.
Tel que discuté dans la revue des marchés Grainwiz d'hier, les marchés demeurent très nerveux et sceptiques qu'en aux résultats que devrait dévoiler le USDA ce vendredi dans son rapport trimestriel (juillet, août, septembre) sur le niveau des inventaires américains de grains. Et en ce sens, nombreux seraient les investisseurs et spéculateurs qui n'oseraient plus donner suite aux relances des prix des grains à la hausse, profitant plutôt de ces occasions pour réduire leurs positions en attendant d'en savoir plus sur ce prochain rapport du USDA.
Mais sans contredit, derrière toutes ces explications, un élément continue de canaliser toute l'attention des marchés financiers (incluant les grains) : le problème toujours irrésolu de la dette grecque et la décision toujours en suspend à savoir si une seconde tranche de financement lui sera accordée ou non. À cet effet, demain, les représentants européens et du FMI doivent retournés en Grèce afin d'établir si le pays aura finalement droit ou non à cette nouvelle ronde de financement sans quoi, il pourra alors se retrouver en défaut de paiement sur sa dette le mois prochain. Par contre, en attendant, le sentiment des marchés financiers est nerveux et défensif, ceux-ci préférant trouver refuge dans des investissements plus sécuritaires plutôt que de laisser courir davantage leur risque dans marchés financiers plus aventureux comme celui des grains.
Kevin Van Trump de Farm Direction sur le site de Inside Futures :
« Cette entente de la Grèce doit aboutir à une solution, et la situation des banques européennes n'est certainement pas à prendre à la légère. Oui, je crois toujours que nous sommes fondamentalement dans un marché dans lequel la « demande » devrait prendre les devants, et éventuellement ça deviendra un problème majeur, mais pour l'instant tout tourne autour de l'argent qui circule (money-flow) et la préservation des actifs. »
Prix du maïs
Le prix du maïs a connu une dure journée aujourd'hui alors que la pression des récoltes américaines en cours, la situation de la Grèce en Europe et la nervosité des marchés concernant le rapport du USDA de vendredi ont incité les investisseurs et spéculateurs à le délaisser davantage.
Sur le contrat à terme de la récolte (décembre 11), le prix du maïs a ainsi perdu 0,2150 $US/boisseau (8,75 $CAN/TM) pour terminer la journée à 6,3075 $US/boisseau (262,02 $CAN/TM).
En raison de son usage dans la fabrication d'éthanol, le recul significatif du prix du pétrole n'aura pas été sans conséquence non plus pour le prix du maïs. Et les problèmes de la Grèce demeurant irrésolue, la valeur du dollar américain a également repris à la hausse, réduisant du même coup les perspectives d'une amélioration des exportations américaines de maïs, ce qui n'a fait que contribuer à en affaiblir d'autant sa valeur sur les marchés américains.
Sur une note plus encourageante, la Corée du Sud continue de profiter du recul important du prix du maïs, annonçant aujourd'hui un nouvel achat de maïs américain de 124 000 TM.
Concernant le rapport trimestriel d'inventaires américains de maïs du USDA de vendredi prochain, la moyenne des estimations serait de 24,5 millions de tonnes dans une fourchette de prévision allant de 21,2 à 26,7 millions de tonnes. Dans son rapport trimestriel de septembre 2010, ceux-ci avaient été établis à 43,4 millions de tonnes, soit un recul annuel éventuel important de 18,9 millions de tonnes.
Au mois de juin 2011 dernier, le niveau trimestriel des inventaires américains de maïs était de 93,4 millions de tonnes alors que le USDA en avait surpris plus d'un en révélant l'omission de certains volumes de maïs dans son rapport trimestriel du mois de mars 2011.
Techniquement, sur le contrat à terme de décembre 11, le prix du maïs continue de s'affaiblir alors que la tendance baissière établie depuis le début du mois de septembre demeure bien en place. Le dernier support qu'offrait la moyenne mobile de 200 jours à 6,41 $US/boisseau (252 $US/TM) et qui avait permis au prix du maïs de bondir en début de semaine n'est plus. Celui-ci ne peut donc plus compter que sur un support très modeste qui serait en place à 6,30 $US/boisseau (248 $US/TM) avant de s'effriter davantage pour par la suite confronter un support plus important établi près de son support psychologique à 6$US/boisseau (236 $US/TM).
Prix du soya
Faute de nouveaux joueurs pour alimenter la timide relance dont il a pu profiter depuis le début de la semaine, et en l'absence de nouvelles fraîches pour le supporter, le prix du soya a été fortement emporter par les baisses des prix du maïs et du blé aujourd'hui ainsi que la nervosité des marches à l'égard des problèmes de la Grèce et des résultats que présentera dans son rapport trimestriel le USDA ce vendredi.
Sur le contrat à terme de la récolte (novembre 11), le prix du soya a ainsi perdu 0,3950 $US/boisseau (15 $CAN/TM) pour clôturer à 12,2350 $US/boisseau (464,62 $CAN/TM).
Selon le commentaire quotidien sur les marchés de David Fiala, analyste contributeur des marchés pour DTN et président de Futures One, les premiers rendements rapportés par les producteurs américains de soya de l'ouest du « Corn Belt » seraient très bons jusqu'à présent, ce qui ne serait pas sans exercer également une influence négative supplémentaire sur le prix du soya.
Selon la moyenne des prévisions des marchés, le USDA devrait établir dans son rapport trimestriel de ce vendredi le niveau des inventaires américains de soya à 6,12 millions de tonnes dans une fourchette de prévisions de 5,49 à 6,53 millions de tonnes. Dans son rapport trimestriel de septembre 2010, ceux-ci avaient été établis à 4,11 millions de tonnes, ce qui représenterait une hausse annuelle de 2,01 millions de tonnes. Au moins de juin 2011 dernier, les inventaires trimestriels américains de soya avaient été établis par le USDA à 16,85 millions de tonnes.
Techniquement, sur le contrat à terme de novembre 11, le prix du soya poursuit toujours sa forte baisse amorcée depuis plusieurs semaines, ce qui porte son recul depuis la fin du mois d'août dernier à plus de 2,30 $US/boisseau (85 $US/TM). Avec une correction aussi forte qui, sommes toutes, exclue toute logique considérant la précarité de soya qui devrait être observé au cours de la prochaine année, il reste difficile d'établir jusqu'où le prix du soya pourra reculer. Mais techniquement, pour l'instant, le seul support plus important à surveiller dans les prochains jours reste celui psychologique établie à 12 $US/boisseau (441 $US/TM).