Pour une deuxième journée consécutive, les prix des grains sont parvenus à terminer la journée en hausse après avoir connu une période difficile depuis plusieurs jours, voir semaines. Par contre, cette timide progression des prix s'est révélée décevante considérant l'enthousiasme des marchés ce matin et le contexte général des marchés financiers qui leur aura été favorable tout au long de la journée.

Les principaux marchés boursiers ont notamment enregistré de bonnes progressions (DJIA + 188 points, NASDAQ +27 points, S&P 500 + 16 points et le TSX + 138 points), le prix du pétrole a grimpé de près de 4$US/baril et la valeur du dollar américain a continué son recul en perdant 0,818 point; une combinaison jugée très favorable à ce que les prix des grains grimpent aujourd'hui.

Cette difficulté des prix à reprendre du terrain n'augure rien de bon selon certains analystes qui constatent que la moindre hausse significative de leur valeur ne fait que mettre présentement en évidence l'absence d'acheteurs dès que ceux-ci sont sur le point de tester de nouveaux sommets (résistances) intéressants.

Ainsi, aujourd'hui, le prix du maïs de la récolte (décembre 11) a fait une brève tentative pour aller tester et briser un 1er niveau de résistance qui serait établie autour de 6,72-6,74 $US/boisseau (264-265 $US/TM) suivi d'une seconde résistance plus importante à plus de 6,80 $US/boisseau (268 $US/TM) sans parvenir pour autant à franchir le cap du 6,6625 $US/boisseau (262 $US/TM) faute de nouveaux joueurs pour supporter cette relance. Même chose du côté du soya (novembre 11) avec une tentative avortée de franchir une première résistance à plus de 12,80 $US/boisseau (470 $US/TM).

Malgré que certains éléments tendent à laisser croire que les prix des grains pourraient avoir trouvé pour l'instant une 1re zone de confort sur laquelle s'appuyer depuis l'ouverture des marchés cette semaine, la menace que la correction amorcée depuis le début de septembre relance à nouveau à la baisse les prix des grains n'est donc pas écarté pour autant. Et le fait que le USDA se doit de présenter ce vendredi son rapport trimestriel sur le niveau des inventaires américains de grains pourrait y être pour quelque chose.

Selon un commentaire diffusé par Brock Associates, les marchés anticipent en moyenne que le USDA révisera à la hausse de 23,4 à 24,4 millions de tonnes le niveau des inventaires de fin d'année de maïs américain de la dernière récolte (2010-11). Cet ajustement proviendrait du fait qu'en raison des prix élevés du maïs au cours de l'été, plusieurs croient que son usage sera moindre qu'anticipé, les consommateurs ayant préféré utiliser des produits alternatifs aux maïs (drêche de distillerie, blé fourrager, etc.).

Par contre, toujours selon Brock Associates, les marchés n'anticipent en moyenne pratiquement aucun changement dans le niveau des inventaires de fin d'année de la dernière récolte de soya (2010-11) que le USDA a établi ce mois-ci dans son rapport mensuel à 6,13 millions de tonnes.

Mais plusieurs restent très sceptiques et nerveux à l'égard des résultats que devra présenter ce vendredi le USDA dans son rapport.

Plusieurs analystes ont eu tôt fait de rappeler les révisions surprenantes (et décevantes) qu'a opérées dans son dernier rapport mensuel le USDA qui n'auront pas été sans avoir même soulevé certains doutes qu'en a l'intégrité de ses données. Certains croient en effet qu'avec le niveau très serré des inventaires américains de grains actuels (maïs et soya) et la mauvaise récolte américaine anticipée, le USDA tenterait d'éviter une flambée des prix en « manipulant » les chiffres réels qu'il estime afin d'atténuer la précarité de grains avec laquelle les États-Unis devront conjuguer au cours de la prochaine année.

D'autres analystes ont profité également de l'occasion pour rappeler que lors de la présentation de son dernier rapport trimestriel sur le niveau des inventaires américains de grains du 30 juin dernier, le USDA avait également surpris de manière très négative les marchés en révélant avoir entre autres « retrouvé » des volumes de maïs américain qu'il n'avait tout simplement pas « considéré » dans son rapport trimestriel du mois de mars. Rappelons ici que les prix des grains avaient d'ailleurs atteints à la fin juin des creux inégalés depuis le mois de mars précédent.

Dans toutes les cas, les dernières publications officielles du USDA sur le contexte d'offre et demande de grains avec lequel les marchés doivent conjuguer n'ont pas été sans surprise (essentiellement négatives), ce qui laisserait ceux-ci particulièrement sur la défensive et freinerait la hausse des prix des grains en attendant de voir les prochains résultats du rapport trimestriel d'inventaires de grains du USDA de ce vendredi.

Bien que selon le dernier rapport hebdomadaire sur l'état des cultures et la progression des récoltes aux États-Unis fasse toujours mention de plusieurs retards non négligeables, particulièrement du côté du soya, les dernières prévisions météorologiques disponibles pour le Midwest américain laissent entendre que les producteurs américains devraient pouvoir faire progresser aussi avantageusement leur récolte cette semaine, limitant d'autant une hausse importante des prix des grains pour l'instant.

** Oil World a indiqué aujourd'hui qu'il prévoyait une baisse des rendements qu'obtiendront les producteurs brésiliens de soya cette année. Même si les conditions météorologiques prévues en ce début de saison seraient adéquates, des retards dans les ensemencements allant jusqu'à 2 semaines dans certaines régions seraient signalés. En Argentine, des conditions sèches persisteraient toujours. Après les États-Unis, le Brésil et l'Argentine sont les 2e et 3e plus importants producteurs de soya dans le monde avec respectivement 27% et 19% de la production mondiale.