Nouvelle

Revue du marché des grains pour le 22 juin 2011

22 juin 2011,

Les prix des grains ont connu un important revers comme peu d'analystes auraient pu le prévoir aujourd'hui.

Contextuellement, peu d'éléments justifient une correction aussi abrupte des prix. Dans l'ensemble, les marchés financiers sont demeurés neutres et n'offre aucun motif concret pour l'expliquer. Il s'agit plutôt d'une suite d'événements négatifs qui se sont enchaînés et ont forcé les prix des grains à se replier.

Selon les informations disponibles, cette correction a pris naissance au cours de la nuit dernière, en Europe avec le blé. De meilleures conditions météorologiques en Russie font miroiter une excellente récolte de grains de plus de 85 millions de tonnes cette année. L'Ukraine prévoit également une très bonne production. Le Ministère de l'Agriculture de l'Ukraine a d'ailleurs annoncé qu'il révisait de 45 à 50 millions la récolte de grains ukrainiens.

Mais selon ce que révèle Arlan Suderman, analyste des marchés sur le site de Farm Futures, ce serait l'annonce de l'achat de 75 000 tonnes de blé à un prix très faible en provenance de la Mer Noire qui aurait mis le feu aux poudres. Le vendeur de ce blé demeure inconnu, mais selon toute vraisemblance, il serait d'origine russe ou ukrainienne. Ceci donne à penser aux yeux des marchés qu'une forte compétition aura lieu au cours de la prochaine année en provenance de ces pays. Cette éventualité risque d'exercer une pression baissière sur le prix du blé advenant que les importantes récoltes ukrainiennes et russes se matérialisent, une perspective qui semble peu reluisante pour les investisseurs et spéculateurs.

Pour ne pas aider les choses, mentionnons que la récolte de blé d'hiver aux États-Unis se poursuit toujours et exerce aussi une pression négative supplémentaire sur son prix. Le rendement ne serait pas au rendez-vous, mais la qualité le serait. Le début de saison pour le blé d'hiver s'annoncerait également bon en Australie.

Basé sur ces informations, le prix du blé en Europe a ouvert le bal en baissant à son plus bas en 6 semaines. C'est donc sans surprise que le prix du blé à la Bourse de Chicago a ouvert la journée en forte baisse, perdant en quelques heures plus de 0,34 $US/boisseau (12,5 $US/TM) de sa valeur sur le contrat à terme courant (juillet 11), et entrainant au passage avec lui les prix du maïs puis du soya.

Mais le marché du blé n'est pas le seul responsable de cette correction générale. Certains éléments du côté du maïs auraient aussi incité les investisseurs et spéculateurs à se renfrogner.

Ce qui s'est avéré une nouvelle stimulante pour le maïs hier a fait volteface aujourd'hui. Ainsi la possibilité que des températures plus chaudes et sèches qu'à la normale pour la fin du mois de juin aux États-Unis puissent menacer les cultures américaines s'avérerait plutôt bénéfique pour elles. C'est sans compter que selon le dernier modèle de prévision du National Weather Service aux États-Unis, cette période de température élevée serait plus courte et l'intensité des chaleurs enregistrées moins fortes. Cette possibilité laisse ainsi planer le doute que de meilleurs rendements soient obtenus par les producteurs américains cette année, une perspective négative pour les prix des grains.

Bloomberg - Don Roose, président de U.S. Commodities Inc. :

« Les prévisions météorologiques font pression sur les marchés du grain. De la pluie et des températures plus chaudes sont exactement ce dont ont besoin les cultures. »

 

Hier, une rumeur a circulé à l'effet que la Chine pourrait acheter pour 1 million de tonnes de maïs américain. Mais aucune confirmation de cet achat n'a encore eu lieu, ce qui n'a pas contribué à aider le prix du maïs aujourd'hui.

Enfin, bien qu'il s'agisse d'une nouvelle qui était déjà anticipée par les marchés, l'idée de retirer les subventions qu'offre le gouvernement américain à l'industrie de l'éthanol aux États-Unis revient à l'avant-plan. Pour plusieurs, il devient de plus en plus apparent que cette subvention a pour effet d'augmenter la demande de maïs et de forcer son prix à la hausse. Mais le fait que la dette américaine en soit rendue à un niveau très élevé et problématique ne fait que confirmer l'intérêt qu'il y a aujourd'hui à abolir à la fin de l'année cette subvention.

Pris dans cet engrenage de nouvelles et perspectives peu stimulantes pour les prix des grains, ceux-ci ont ainsi amorcé leur descente en début de journée aujourd'hui. Par la suite, des niveaux de support technique importants ont été brisés, ce qui n'a fait que contribuer davantage à la détérioration des prix et la liquidation massive de positions par les fonds d'investissement.

Mentionnons entre autres que, sur le contrat à terme de juillet 11, les prix autant du maïs que du soya ont distinctement rompu et clôturer sous leur tendance haussière qui était en place depuis la mi-mars, signe négatif. De leur côté, les prix prochaines récoltes n'ont pas été épargnés non plus. Par contre, techniquement, les dommages sur une perspective à long terme semblent avoir été moindres pour l'instant.

Face à cette correction surprenante et que peu d'analystes avaient anticipé avec autant d'amplitude, il reste difficile d'établir la direction qu'adopteront pour les prochains jours les prix des grains.

Techniquement, les dommages qu'ils ont subis ne reflètent rien d'encourageant. Par contre, fondamentalement, même si certains éléments tendent maintenant à indiquer qu'il pourrait y avoir plus de blé de disponible l'an prochain et que les producteurs américains pourraient obtenir une meilleure récolte, il reste encore de nombreuses incertitudes à éclaircir avant que les prix puissent se permettre de baisser définitivement.

Sans équivoque, les prochains rapports du USDA sur le niveau trimestriel des inventaires américains et les superficies officiellement ensemencées cette année aux États-Unis lèveront le voile sur un tout nouveau contexte la semaine prochaine. Et considérant la baisse importante des prix d'aujourd'hui, inutile de rappeler à quel point ceux-ci sont maintenant attendus avec de plus en plus d'impatience.

 

Prix des grains 22 juin 2011


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