Les prix des grains ouvrent la semaine sur une note négative bien que le sentiment général des marchés demeure essentiellement optimiste (« bullish »).
La Russie a annoncé au cours de la fin de semaine qu'elle retirerait comme prévu son moratoire sur ses exportations de grains au mois de juillet prochain. Rappelons que suivant l'une des pires sécheresses des dernières décennies qu'elle a connu l'été dernier, la Russie avait imposé un embargo sur ses exportations de grains à partir du mois d'août 2010 afin d'assurer son approvisionnement domestique pour l'année.
En juillet prochain, la Russie sera donc de retour sur le marché de l'exportation et plusieurs inquiétudes à cet égard ont vu le jour. Certains craignent que le pays puisse dès lors inonder le marché avec les 6 millions de tonnes de réserves de grains qu'elle possèderait déjà. D'autres s'inquiètent aussi du fait que la Russie pourrait connaître une très bonne récolte de grains cette année à 85-90 millions de tonnes versus 60.9 millions de tonnes l'an dernier, ce qui lui permettrait alors d'en exporter jusqu'à 20 millions de tonnes en 2011-12 selon la Russian Grain Union.
Enfin, l'idée que les exportations de grains russes, mais également ukrainiens, puissent compenser les pertes de récolte qui seront encourues en France et en Allemagne cette année en raison des conditions très sèches est également venue assombrir le contexte comme le rappel ce commentaire présenté sur le site d'Agriculture.com :
« Les investisseurs liquides des positions d'achetées (« long ») car ils sentent que les offres (de grains) de l'Ukraine et de la Russie peuvent grandement compenser les plus faibles exportations de la France et de l'Allemagne. »
Le prix du blé ayant profité depuis 2 semaines des nombreuses incertitudes météorologiques qui affectent les cultures non seulement en Europe (France et Allemagne), mais également aux États-Unis et au Canada, cette annonce a ainsi eu l'effet d'une douche froide sur les marchés.
- Variation du prix du blé (juillet 11) entre le 16 et le 27 mai : +12%
- Variation du prix du blé (juillet 11) entre le 27 mai et aujourd'hui: - 4,5%
Pour ne pas aider les choses, les conditions météorologiques en Europe pourraient s'améliorer au cours des prochains jours alors que certaines régions pourraient bénéficier d'averses très attendues.
Entrainer par ce contexte particulier que connaît le marché du blé, les prix des autres grains ont également ouvert la semaine à la baisse. Le contexte météorologique prévu aux États-Unis pour les prochains jours ne joue pas non plus en leur faveur.
Des températures plus chaudes et sèches sont finalement prévues dans l'ensemble du Midwest américain. Ceci permettra aux États américains qui accusent le plus de retards dans leurs semis de maïs de rattraper le temps perdu. Ces conditions plus favorables arrivent aussi à point puisqu'elles profiteront grandement aux cultures qui ont déjà été semées.
Pour les prochains jours, le comportement prévu pour les prix des grains est partagé. Certains analystes « techniques » entrevoient une combinaison d'éléments très favorables à une nouvelle lancée du prix du maïs. D'autres analystes jugent qu'une correction à court terme des prix serait à prévoir. Dans tous les cas cependant, le sentiment général des marchés demeure très optimiste (« bullish ») à leur égard à plus long terme, ne serait-ce qu'en raison des nombreuses incertitudes qui entourent toujours une possible révision à la baisse des superficies qui seront officiellement semées cette année aux États-Unis.
À surveiller aujourd'hui, le USDA doit présenter comme chaque semaine son rapport hebdomadaire sur la progression des ensemencements et l'état des cultures aux États-Unis. Les marchés anticipent que jusqu'à 90% des semis de maïs américain devraient être complétés. Ils seront aussi particulièrement attentifs à la progression des semis qui aura eu lieu dans les États américains qui ont affiché le plus de retard la semaine dernière : Ohio 11%, l'Indiana 49%, le Dakota du Nord 49% et la Pennsylvanie 40%.
Pour accéder à ce aux résultats de ce rapport (en anglais) : Crop Progress