Les prix des grains ont terminé vendredi sur une note partagée, mais essentiellement positive alors qu'un mélange d'incertitudes météorologiques et de prises de profits en prévision d'une longue fin de semaine aux États-Unis s'est confronté. Au terme de la semaine du 23 mai, ce sont cependant les prix pour la prochaine récolte qui ont le plus progressé :
Maïs
Livraison immédiate : -0,02 $US/boisseau (-0,95 $CAN/TM) @ 7,5850 $US/boisseau (291,72 $CAN/TM)
Récolte : 0,1650 $US/boisseau (7,855 $CAN/TM) @ 6,82 $US/boisseau (262,30 $CAN/TM)
Soya
Livraison immédiate : -0,0250 $US/boisseau (+2,03 $CAN/TM) @ 13,79 $US/boisseau (495,01 $CAN/TM)
Récolte : 0,1750 $US/boisseau (9,14 $CAN/TM) @ 13,6750 $US/boisseau (490,88 $CAN/TM)
Blé
Livraison immédiate : 0,15 $US/boisseau (7,09 $CAN/TM) @ 8,1950 $US/boisseau (294,17 $CAN/TM)
Récolte : 0,19 $US/boisseau (8,62 $CAN/TM) @ 8,69 $US/boisseau (311,94 $CAN/TM)
Sans contredit, toute l'attention des marchés se concentre présentement sur les mauvaises conditions météorologiques qui frappent plusieurs régions dans le monde :
États-Unis : Le nord et l'est du « Midwest » américain font toujours face à des conditions trop humides. Dans le nord, ces conditions menacent les semis de blé de printemps. Dans l'est, certains États américains accusent des retards très importants. À ce titre, mentionnons l'Ohio qui n'avait en date de dimanche dernier que seulement 11% de son maïs de semés alors qu'en temps normal il se devrait de s'en être semé 80%. Dans le sud des « Plaines » américaines, des sécheresses dans certaines régions sont toujours rapportées et menace les cultures de blé d'hiver. Le long du Mississippi, de nombreuses superficies ont été inondéesce qui pourraient affecter surtout les cultures de riz, mais également celles de blé.
Mexique : Un début de sécheresse serait en cours et commencerait à affecter les cultures.
Canada : Principalement dans l'est des « Prairies » canadiennes, mais également dans le sud de l'Ontario et du Québec, plusieurs régions sont affligées d'averses importantes et de conditions très voir trop humides dans certains cas.
Europe : Ce vendredi, certains sites de nouvelles font état d'averses rapportées dans certaines régions. Cependant, la France et l'Allemagne connaissent toujours des conditions trop sèches pour les cultures qui sont en cours. Rien n'indique qu'une amélioration réelle de la situation ne soit à prévoir dans les prochains jours. Basées sur cet état de fait, plusieurs firmes spécialisées ont révélé qu'elles anticipaient d'ailleurs une baisse de production de céréales importantes en France et en Allemagne.
Russie : De premiers signes que les conditions de culture du blé dans certaines régions seraient trop sèches ont vu le jour.
Chine : Certaines régions seraient affligées de conditions très sèches pour les cultures.
En résumé, les marchés ont ainsi progressivement pris conscience tout au long de la semaine que plusieurs importantes régions productrices de grains et de céréales dans le monde font face à des conditions loin d'être adéquates pour les cultures, particulièrement celle du blé.
Alimentées par ce contexte, de nombreuses révisions des superficies qui seront cultivées et/ou des quantités qui seront récoltées cette année ont vu le jour:
États-Unis
Prévision de baisse des superficies ensemencées en maïs de 92,2 millions d'acres de prévues le 31 mars dernier par le USDA à en moyenne près de 90 millions d'acres. Selon un sondage réalisé auprès de 15 analystes des marchés par Reuters, la prochaine production américaine de maïs ne serait alors que de 335,3 millions de tonnes contre 343,04 millions de tonnes de prévu par le USDA. Une baisse des superficies cultivées en blé de printemps est aussi envisagée et tout indique que les rendements des producteurs de blé d'hiver ne seront définitivement pas au rendez-vous cette année. Pour l'instant, seule la prochaine récolte de soya ne semble pas menacée alors que certains entrevoient même une hausse des superficies cultivées à 76,76 millions d'acres contre 76,6 d'anticipée par le USDA.
Europe
La production française de blé est estimée en baisse de 11,5% à 31,7 millions de tonnes. En raison des conditions très sèches, la récolte d'orge qui a débuté en France pourrait aussi se voir amputée de 2,5 millions de tonnes selon certains analystes.
Chine
Révision mitigée par les marchés de la production chinoise de maïs à 181,5 millions de tonnes contre 172,5 millions de tonnes d'estimé par le USDA dans son dernier rapport mensuel.
Ainsi, plusieurs éléments tendent maintenant à indiquer qu'il est à craindre que la disponibilité de grains et de céréales soit problématique au cours de la prochaine année commerciale 2011-12. La situation du maïs aux États-Unis est intéressante à cet effet.
Selon le USDA la consommation de maïs prévue aux États-Unis pour 2011-12 serait de 339,23 millions de tonnes (incluant les exportations) versus une récolte qui ne pourrait être que de 335,3 millions de tonnes. Ceci porterait alors le niveau des inventaires de fin d'année à un creux de 15,11 millions de tonnes, soit 16 jours de réserve ce qui est très peu.
Du côté du blé, la situation pourrait aussi s'avérer intéressante considérant les multiples régions dans le monde où les cultures éprouvent maintenant de nombreuses difficultés. Cependant, pour l'instant, il demeure difficile de chiffrer les répercussions de ce contexte sur les prochaines récoltes et la consommation de blé de 2011-12.
Basée sur ces informations, l'opinion de plusieurs analystes converge maintenant sur le fait que les prix des grains se doivent de demeurer élevés pour le moment, tout au moins jusqu'à ce que leur consommation soit appelée à se replier réellement. Mais, dans l'immédiat, rien n'indique que ce soit le cas.
Cependant, la correction importante qui a eu lieu au cours des 2 premières semaines de mai, qui s'apparentait surtout à une réaction négative des investisseurs et spéculateurs, tend à démontrer aussi qu'une limite existe bel et bien à ce que les consommateurs puissent absorber une hausse trop importante et rapide des prix des grains. En ce sens, le recule important des exportations américaines à partir de la fin du mois d'avril jusqu'à la mi-mai en serait un premier indice. Mais encore là, cette présomption demeure bien mince et reste à démontrer. Pour l'instant, le contexte de marché demeure très optimiste « bullish » et plusieurs entrevoit à nouveau la possibilité que le prix du maïs franchisse la barre du 8$US/boisseau. Certains parlent même que le soya pourrait aussi à nouveau tenter sa chance en allant se transiger près de 15$US/boisseau.
Lundi, les marchés financiers sont fermés pour le congé du Jour du Souvenir (Memorial Day) aux États-Unis. Par la suite, certains analystes entrevoient que les prix des grains pourraient éprouver certaines difficultés en début de semaine puisque des conditions plus chaudes et sèches devraient se mettre en place aux États-Unis. La parution du prochain rapport hebdomadaire du USDA sur la progression des ensemencements et l'état des cultures aux États-Unis est aussi à surveiller. Les marchés seront très réactifs aux conditions rapportées dans les États américains du Midwest les plus à l'est, et particulièrement celui de l'Ohio.
Nouvelles de la semaine en vrac
Plusieurs sites de nouvelles (DTN, Agriculture.com, Farm Futures) font état d'un raffermissement de la valeur marchande du maïs pour livraison immédiate dans plusieurs régions aux États-Unis. Selon ces diverses sources d'information, nombreux seraient les consommateurs et acheteurs de maïs qui s'inquiéteraient de la disponibilité de maïs d'ici la prochaine récolte et de l'éventualité d'une nouvelle flambée des prix.
Au Québec, selon les échos des marchés locaux, il semblerait que le maïs se ferait aussi de plus en plus rare. À cet effet, la valeur de la « base » québécoise du maïs serait en progression malgré le retour à la hausse de la valeur du contrat à terme de maïs à la Bourse de Chicago depuis 2 semaines. Rappelons qu'en temps normal, un raffermissement du prix à la bourse du maïs entraine généralement un repli de la valeur de la base au Québec.
La trituration de soya aux États-Unis a connu un recul en avril selon le U.S. Census Bureau. Selon cet organisme, 3,48 millions de tonnes de soya ont été triturées au cours de cette période. Les marchés anticipaient plutôt un résultat variant entre 3,5-3,6 millions de tonnes. En mars 2011, la trituration de soya aux États-Unis se serait établie à 3,82 millions de tonnes et en avril 2010, à 3,71 millions de tonnes.
Un sondage de Reuters réalisé auprès de 15 analystes des marchés a révélé que ceux-ci anticipaient une révision à la baisse des superficies ensemencées en maïs aux États-Unis cette année de 92,2 millions d'acres prévus par le USDA à en moyenne 90,35 millions d'acres. Basé sur une prévision moyenne de rendement à 4,03 TM/acre de maïs, ceci porterait alors la récolte de maïs américain à approximativement 335,3 millions de tonnes. Les superficies semées en soya seraient révisées en légère hausse à en moyenne 76,76 millions d'acres avec un rendement moyen de 1,17 TM/acre et une production prévue de 88,72 millions de tonnes.
Les ensemencements de blé canadien ont été établis en début de semaine à 53% versus 75% de complétés en temps normal.
Aux États-Unis, les marchés anticipent une progression des superficies ensemencées en maïs qui passerait de 79% en date du 22 mai dernier à 85-87% de complétée.
De nombreuses rumeurs circulent à l'effet que la Russie se devrait de lever son embargo sur ses exportations de grains et céréales à partir de juillet prochain. À plusieurs reprises depuis la mise en place de cet interdit en août 2010, sa date de retrait a été remise en doute, que ce soit à une date antérieure ou ultérieure. La Russie est le deuxième plus important producteur mondial d'orge et d'avoine. Il figure aussi comme étant le 5e plus important producteur de blé dans le monde.