Après un début de semaine négatif en raison de prises de profits de fin de mois des fonds d'investissement et d'un contexte général des marchés financiers moins favorable, les prix des grains sont retournés à la hausse aujourd'hui.

Sans surprise, à l'avant-plan, ce sont toujours les conditions météorologiques aux États unis, mais également en Europe qui suscitent le plus d'intérêt des marchés.

Aux États-Unis, dans le Midwest, les conditions actuelles sont toujours très humides. D'ici la fin de la semaine, elles devraient également le demeurer et certaines régions plus à l'Est pourraient recevoir jusqu'à 2-4 pouces de précipitations. Par contre, la situation devrait enfin prendre un nouveau tournant définitif à partir de la semaine prochaine alors que le retour de températures plus chaudes et sèches est attendu. Ceci devrait en principe permettre aux producteurs américains de mettre un terme à ce qui se sera avéré une période d'ensemencements très difficile et tardive par rapport à la normale pour le maïs.

Dans les « Plaines » américaines, les conditions se sont améliorées depuis plusieurs jours maintenant. Plusieurs régions ont pu bénéficier de leurs plus importantes averses rapportées depuis plus d'un mois. Mais ces averses très attendues seraient cependant survenues trop tard pour remédier aux dommages qu'ont encourus les cultures de blé d'hiver dans certains cas. Certains États américains plus au sud n'auraient toutefois reçu aucune précipitation significative et seraient toujours aux prises avec des conditions de sécheresses très problématiques.

Mais sommes toutes, la fin de la période des ensemencements aux États-Unis approche à grands pas. La question qui suscite le plus d'intérêt des marchés est maintenant à savoir les conséquences qu'auront à moyen terme les ensemencements difficiles qui ont eu lieu aux États-Unis :

• Combien de superficies auront été perdues en maïs et en soya cette année?

• Les producteurs américains auront-ils été en mesure d'atteindre les prévisions d'ensemencements du USDA établi respectivement à 92,2 et 76,6 millions d'acres pour le maïs et le soya aux États-Unis cette année?

• Est-ce que les États américains avec le plus d'avance dans leurs semis ont profité de la situation pour augmenter leurs superficies consacrées aux maïs?

• Les inondations qui ont été rapportées le long du Mississippi ont-ils contraint les producteurs à semer moins de superficies que prévu?

• Est-ce que le fait de semer plus tardivement qu'à la normale aura des conséquences sur les rendements?

Et devant autant de questionnements, le nombre d'hypothèses et d'analyses des spécialistes fuse de toute part. Mais déjà, nombreux sont ceux qui ont révisé à la baisse leurs prévisions de superficies ensemencées aux États-Unis depuis la semaine dernière. Du côté du maïs certains anticipent une baisse allant jusqu'à 88 millions d'acres. Pour le soya, les avis sont plus partagés, mais des révisions allant jusqu'à moins de 76,0 millions d'acres ont été avancées alors que d'autres anticipent plutôt un ajustement à la hausse.

Toutefois, ultimement, ce ne sera réellement qu'à la fin du mois de juin prochain, lorsque le USDA présentera son rapport officiel sur les superficies qui ont été semées aux États-Unis cette année, que les marchés pourront définitivement s'appuyer sur des éléments plus concrets pour s'inquiéter ou non du contexte de marché qui prendra forme l'an prochain.

En attendant, il reste que cette situation ambiguë risque d'alimenter plusieurs incertitudes, ce qui devrait permettre aux prix des grains de demeurer pour le moment élevé. Il faut cependant surveiller de près la tentation que pourraient avoir les investisseurs et spéculateurs à liquider des positions au cours des prochaines semaines.

Excluant des conditions économiques qui préoccupent toujours, le fait qu'un ralentissement de la demande de grains puisse voir le jour pourrait miner leur enthousiasme. Et c'est sans compter qu'après maintenant pratiquement 2 semaines d'une abondance de nouvelles stimulantes (« bullish »), il pourrait s'avérer aussi de plus en plus difficile de susciter davantage l'intérêt des marchés et, par la même occasion, de faire progresser vers de nouveaux sommets les prix des grains.

Prix du maïs

Suivant une brève correction qui a fait passé le prix du maïs pour livraison immédiate d'un sommet de 7,75 $US/boisseau pendant la nuit de dimanche dernier à un creux de moins de 7,30 $US/boisseau hier, le prix du maïs est parvenu à reprendre du tonus aujourd'hui.

Pour livraison immédiate (juillet 11), il a gagné 0,0750 $US/boisseau (2,89 $CAN/TM) pour s'établir à 7,4250 $US/boisseau (286,17 $CAN/TM). Pour la prochaine récolte (décembre 11), il a progressé également de 0,0750 $US/boisseau (2,89 $CAN/TM) pour clôturer à 6,7050 $US/boissesau (258,42 $CAN/TM).

Combinée à des prises de profits de fin de mois, une conjoncture de nouvelles aurait vu le jour depuis lundi pour alimenter la baisse du prix du maïs :

• La Chine a révélé qu'elle anticipait une récolte plus importante de maïs que prévu cette année à 181,5 millions de tonnes alors que, dans son dernier rapport mensuel, le USDA l'a établi à 172,5 millions de tonnes.

• La firme privée UkrAgroConsult a augmenté sa prévision de récolte de maïs en Ukraine de 4% à 13,2 millions de tonnes.

• Des rumeurs circuleraient à l'effet que la Russie pourrait reprendre ses activités d'exportation de grains au cours du mois de juillet après près d'un an de moratoire.

• Malgré une semaine encore très humide et difficile pour les producteurs de maïs américain, les prévisions à moyen terme indiquent que les températures seront nettement plus profitables à partir de la semaine prochaine.

Cependant, certains éléments se sont également mis en place progressivement pour permettre au prix du maïs de retourner à la hausse aujourd'hui :

• Lundi, le rapport d'inspection des exportations américaines du USDA a révélé que 115 000 tonnes de maïs ont été chargées et doivent être livrées à la Chine. Selon certains, ce chargement serait le premier d'une série à venir.

• La production d'éthanol aux États-Unis ne semble toujours pas ralentir la cadence. Pour la semaine se terminant le 20 mai 2011, ce serait 902 000 barils par jour qui aurait été produit. C'est 2000 barils de plus que la semaine précédente et 17 000 barils par jour de plus que la moyenne des 4 semaines précédentes.

• Au Mexique, des inquiétudes grandissantes se feraient sentir en raison d'une sécheresse de plus en plus sévère qui affecterait les cultures.

Ainsi, supporté par ces éléments positifs et les semis américains de maïs qui préoccupent toujours, le sentiment des marchés à l'égard du maïs demeure très positif (« bullish ») pour l'instant comme en témoigne ce commentaire de Tom White, un négociant sur le parquet de la Bourse de Chicago :

« Comme nous le savons tous, toutes les informations disponibles sont optimistes (« bullish ») et les averses qui ont toujours cours (aux États-Unis) représentent un problème pour la fin des ensemencements. Nous perdons des acréages à chaque semaine. Nous avons connu un rallye d'un dollar et les fonds ont commencé à vendre pour engranger des profits depuis cette semaine. Mais maintenant, ils regardent pour entrer à nouveau dans le marché. Si le maïs parvient à dépasser 7,65 $US/boisseau cette semaine, sa pourrait confirmer de la fermeté. »

Techniquement, sur le contrat à terme pour livraison immédiate (juillet 11), il semble que le comportement du prix du maïs soit marqué par 2 tendances opposées : l'une haussière établie depuis la mi-mars et l'autre baissière qui est en place depuis pratiquement le début du mois d'avril. La question est donc à savoir laquelle prendra le déçu. Dans l'immédiat, considérant les nombreuses incertitudes entourant les superficies semées en maïs cette année aux États-Unis, il semble cependant que le sentiment des marchés supporte davantage la poursuite de la tendance haussière que celle baissière. Dans cette optique, l'objectif pour le prix du maïs dans les prochains jours est donc de tenter de briser un 1er niveau de résistance établie autour de 7,75-7,78 $US/boisseau (305-306 $US/TM) pour ensuite aller tester son dernier sommet de l'année établie à 7,8875 $US/boisseau (310,5 $US/TM).