Suivant plusieurs jours de progression intéressante et soutenue, les prix des grains ont finalement connu une première hésitation à progresser davantage aujourd'hui. Cependant, cette première rebuffade des marchés n'aura pas empêché pour autant les prix d'atteindre de nouveaux sommets inégalés depuis le début du mois de mai ce matin.
La principale raison qui explique ce comportement des prix demeure relativement simple et prévisible. Après plusieurs jours de fortes progressions, confrontés à une zone de plus forte résistance technique, plusieurs investisseurs et spéculateurs ont tout simplement préféré engranger des profits plutôt que de laisser courir davantage leur risque. C'est d'ailleurs ce que résume bien dans un commentaire publié sur le site d'Agriculture.com l'analyste sénior des marchés chez PFGBest.com, M. Tim Hannagan :
« C'est assez simple, une ouverture à la hausse qui établit de nouveaux sommets hebdomadaires pour les grains. Sur les graphiques, nous atteignons de nouvelles résistances, puis quelques prises de profits pour la semaine, avant de reprendre des positions « achetées » jusqu'à la fermeture des marchés ce vendredi en prévision des importantes averses prévues pour la semaine prochaine. »
Ainsi, l'hésitation des prix des grains d'aujourd'hui reposerait principalement sur des prises de profits et des ajustements techniques des investisseurs et spéculateurs. Certains y verraient cependant aussi un premier signe que la hausse des derniers jours aurait permis au marché de pleinement incorporer dans les prix des grains le contexte météorologique de début de saison difficile que connaissent les producteurs.
Par contre, le contexte du marché des grains demeure fondamentalement optimiste (« bullish »).
Rappelons qu'essentiellement, les marchés financiers ont pris à partie les grains depuis le début de la semaine. Ceux-ci réalisent de plus en plus la situation précaire et inquiétante qui pourrait survenir l'an prochain. Les ensemencements américains continuent d'éprouver des difficultés alors que les cultures de blé d'hiver dans les « Plaines » américaines continuent de gravement se détériorer. En Europe, au cours des 2 derniers jours, l'importante sécheresse qui persiste toujours a aussi amené plusieurs firmes spécialisées à revoir sérieusement à la baisse leurs prévisions de récolte en Allemagne et en France (8-11%).
Et pour le moment, selon les dernières prévisions météorologiques, rien n'indique que des améliorations significatives soient à prévoir pour les prochains jours, que ce soit aux États-Unis comme en Europe et au Canada.
En fait, aux États-Unis, même les prévisions à long terme pour le mois de juin s'annoncent mauvaises.
Comme le révèlent les cartes prévisionnelles des températures et précipitations pour le mois de juin que propose le NOAA (National Oceanic and Atmospheric Administration), tout indique que des températures sous les normales sont à prévoir sur l'ensemble du « Midwest » américain. Du côté des précipitations, les prévisions semblent moins mauvaises. Par contre, selon toute vraisemblance le nord-ouest du « Midwest », qui est déjà aux prises avec des conditions trop humides et froides depuis plusieurs semaines, ne connaîtra pas de répit non plus au mois de juin.
La région que couvre le « Midwest » américain est considérée comme le grenier des États-Unis puisque c'est dans cette zone que plus de 75% de la production américaine de maïs et de soya a lieu.