Après avoir connu une dure journée hier, en raison notamment du rapport mensuel du USDA négatif et des inquiétudes économiques qui effraient toujours les investisseurs et spéculateurs, les prix des grains ont retrouvé un peu de tonus aujourd'hui.
Hier, le rapport du USDA a pris de court les marchés en révélant notamment qu'il estimait les inventaires de maïs américain pour la fin de cette année, mais aussi l'an prochain, à des niveaux plus élevés que ce qui était anticipé. Le fait qu'il a par contre revu à la baisse ceux du soya américain n'aura tout simplement pas été pris en compte.
Pour un survol des résultats de ce rapport mensuel du USDA: Aperçu du rapport mensuel du USDA du 11 mai 2011
Mais le rapport du USDA n'est pas le seul élément responsable du recul important des prix d'hier. Les inquiétudes des marchés à l'égard de la situation économique aux États-Unis, en Europe et dans plusieurs autres pays du monde ont également incité les investisseurs et spéculateurs à retirer leurs positions les plus à risque. À cet effet, ce ne sont donc pas uniquement les grains, mais bien plusieurs commodités qui ont connu un revers hier. Le prix du pétrole a notamment subi un important revers en reculant de plus de 9$US/baril entre mercredi et l'ouverture des marchés ce matin. De son côté, la valeur du dollar américain a pu profiter de ce contexte pour connaître une nouvelle poussée et dépassé brièvement 75,8 points sur son Index tôt ce matin.
Enfin, pour ne pas aider les choses, la Chine a annoncé au cours de la nuit dernière qu'elle ordonnait à la plupart des banques chinoises d'augmenter leurs réserves requises de 0,5%. L'objectif de cette initiative demeure toujours le même, tenter te contenir la surchauffe de l'économie chinoise et l'inflation domestique à laquelle elle fait face depuis maintenant plusieurs mois. Rappelons que la Chine a d'ailleurs déjà à plusieurs reprises tenter de contrôler cette problématique avec des hausses d'intérêt et de son taux de réserve, mais toujours sans succès semble-t-il.
Dans un tel contexte difficile, la relance des prix des grains d'aujourd'hui est donc pour le moins surprenante.
Selon les informations disponibles, il semble que ce soit la Chine qui ait initié ce nouvel engouement des marchés pour les grains alors qu'une rumeur a vu le jour à l'effet qu'elle pourrait prochainement acheter pour 1-2 millions de tonnes de maïs américain. Les nombreuses averses encore prévues pour les prochains jours dans l'ensemble du « Midwest », ainsi que l'optimisme de certains investisseurs et spéculateurs à l'idée que la correction des derniers jours représente une opportunité de prendre de nouvelles positions aurait également supporté la hausse des prix des grains aujourd'hui. Comme il se doit, le retour à la hausse du prix du pétrole ainsi que la baisse de la valeur du dollar américain ont pu aussi leur bénéficier.
Mais malgré cette hausse des prix des grains aujourd'hui, leurs reculs depuis leurs hauts d'avril n'en restent pas moins difficiles à digérer:
Maïs
Livraison immédiate : -14 %
Récolte : -8 %
Soya
Livraison immédiate : -5 %
Récolte : -6 %
Blé
Livraison immédiate : -15 %
Récolte : -13,5 %
Dans cette optique, comme le rappelle dans son commentaire matinal du 12 mai M. Frédéric Hamel, plusieurs éléments confirment que les sommets des prix pour le printemps auront bel et bien été atteints en avril.
Cependant, mentionnons que sur le fond, à moyen et long terme, le contexte de disponibilité de maïs et de soya aux États-Unis demeure pour l'instant très préoccupant. Malgré les révisions qu'a présenté hier le USDA dans son rapport mensuel, les inventaires américains de maïs et de soya restent très précaires et à des niveaux historiquement très bas. Du côté des ensemencements, tout tend à indiquer présentement qu'à moins d'une année exceptionnelle, la production de maïs espérée aux États-Unis ne sera pas au rendez-vous. Pour le soya, les ensemencements américains n'en sont qu'à leur début et rien ne peut être statué à ce moment-ci. Cependant, certains analystes s'inquiètent déjà des premiers signes de retard et s'interrogent à savoir si la prochaine récolte suffira à répondre à la demande, particulièrement considérant les révisions à la baisse des inventaires américains qu'a révélé hier le USDA.
Dans ce contexte, les principaux éléments qui puissent concrètement entrainer à la baisse le marché des grains sont essentiellement un ralentissement économique et un recul de la demande. En ce sens, plusieurs éléments tendent à indiquer qu'il y a lieu de s'inquiéter comme le révèle d'ailleurs bien le comportement général des marchés financiers depuis maintenant quelques semaines.
Brièvement, aux États-Unis, le spectre de l'inflation revient à l'avant-plan alors même que la reprise économique demeure précaire et pourrait mal digérer une hausse du taux directeur. En Europe, plusieurs pays font toujours face à des difficultés financières importantes alors que, de son côté, la Chine est toujours aux prises avec des difficultés à contrôler son économie et l'inflation domestique.
Du côté de la demande de grains, il reste plus difficile d'établir si un ralentissement de la demande est bel et bien en cours présentement. Selon notamment les derniers rapports du USDA sur les exportations et ventes à l'exportation de grains américains, il semble que ce soit le cas. Ceci n'a toutefois rien de singulier considérant le niveau élevé auquel se transigeaient les prix des grains il y a encore quelques semaines. Il reste cependant à savoir maintenant si le recul qu'ils ont connu depuis n'incitera pas plutôt les acheteurs à reprendre leurs activités en vue de se constituer des réserves et de se prémunir ainsi d'une nouvelle lancée des prix. Et, considérant le début de saison difficile que connaissent les producteurs américains ainsi que leur niveau d'inventaire de grains serrés, tout tend à indiquer qu'il serait judicieux d'envisager une telle éventualité.