Écrasés par le sentiment général négatif des marchés financiers, les prix des grains terminent la semaine comme il se doit, soit à la baisse. Le blé sera cependant parvenu en toute fin de journée ce vendredi à se redresser quelque peu alors que certaines inquiétudes météorologiques demeurent bien réelles. Par contre, les conditions météorologiques plus « favorables » qui ont persisté tout au long de la semaine dans le Midwest américain et qui pourraient se poursuivre au cours des prochains jours ont éclipsé toute chance de rebond à la hausse du côté du maïs.
Au terme de la semaine, c'est un portrait beaucoup plus sombre qui voit le jour pour les prix des grains, ceux-ci ayant connu un recul hebdomadaire important :
Maïs
Livraison immédiate : -0,6350 $US/boisseau (-23,96 $CAN/TM) @ 6,8625 $US/boisseau (258,95 $CAN/TM)
Récolte : -0,2350 $US/boisseau (-8,8675 $CAN/TM) @ 6,4025 $US/boisseau (241,59 $CAN/TM)
Soya
Livraison immédiate : -0,6150 $US/boisseau (-21,66 $CAN/TM) @ 13,2550 $US/boisseau (466,82 $CAN/TM)
Récolte : -0,6050 $US/boisseau (-21,31 $CAN/TM) @ 13,0850 $US/boisseau (460,84 $CAN/TM)
Blé
Livraison immédiate : -0,3950 $US/boisseau (-13,91 $CAN/TM) @ 7,58 $US/boisseau (266,95 $CAN/TM)
Récolte : -0,4850 $US/boisseau (-17,04 $CAN/TM) @ 7,96 $US/boisseau (279,71 $CAN/TM)
Ce sont principalement des craintes que l'économie mondiale soit en moins bon état que prévue qui ont incité les spéculateurs et investisseurs à liquider d'importantes positions depuis ce jeudi. Vendredi, aux États-Unis, le Department of Labor a également révélé que le taux de chômage a été plus élevé que ce que les marchés prévoyaient pour le mois d'avril à 9%.
Illustrant bien cette vague d'incertitude des marchés, le prix du pétrole a profité de la semaine pour faire fondre les gains qu'il avait acquis au cours des mois de mars et avril, passant de près de 115$US/baril en début de semaine à moins de 98$US/baril en fin de journée vendredi. Il s'agit de sa valeur la moins élevée depuis le 22 février dernier. De son côté, la valeur du dollar américain a pu grandement profiter de ce contexte d'incertitude économique, particulièrement celui européen, pour réaliser une forte remontée de sa valeur. Il est passé d'un creux de moins de 73 points sur son Index mercredi à près de 75 points à la fermeture des marchés vendredi.
Contextuellement, en dehors de ce mouvement de « panique » généralisé des marchés financiers, certains éléments ont aussi joué contre les prix des grains au cours de la semaine.
Sans équivoque, ce sont les conditions météorologiques qui ont été et demeure le centre d'attention des marchés. Aux États-Unis, la situation s'est améliorée dans le "Corn Belt" au point de laisser entendre que les producteurs américains pourraient avoir rattrapé une partie du retard qu'ils connaissent cette année dans leurs ensemencements de maïs. Plus au sud, dans les « Plaines » américaines, certaines régions ont pu profiter de quelques averses dispersées. Celles-ci auraient été cependant dans l'ensemble trop peu importantes pour contrer les conditions de sécheresses des dernières semaines.
Dans le "Corn Belt", pour les prochains jours, de nombreuses averses dispersées sont encore attendues. Par contre, il semble qu'il y aura assez de répit entre chaque période d'averse pour permettre aux producteurs américains de poursuivre leurs travaux.
En Europe, la situation se serait également améliorée au cours de la semaine alors que de nombreuses averses auraient été signalées dans plusieurs régions affectées par les températures sèches des dernières semaines.
Globalement, bien que les conditions météorologiques tant aux États-Unis qu'en Europe demeurent difficiles, les derniers jours auront ainsi permis à la situation de se stabiliser et même de reprendre du mieux dans certains cas, ce qui n'a rien eu de stimulant pour les prix des grains cette semaine.
Aux États-Unis, le dernier rapport hebdomadaire sur la progression des ensemencements et l'état des cultures de lundi aura certes révélé une situation préoccupante avec de sérieux retards de semi de maïs. Par contre, l'amélioration des conditions météorologiques et l'efficacité des producteurs américains portent maintenant à croire que les États-Unis puissent toujours parvenir à semer le maïs dans les temps, soit avant la mi-mai. À cet effet, le prochain rapport sur la progression des ensemencements aux États unis, qui sera publié lundi, devrait confirmer cette possibilité et sera surveillé de près par les marchés.
Pour en savoir plus sur le dernier rapport sur la progression des semis aux États-Unis : Progression des ensemencements américains au 2 mai 2011
Jeudi, le USDA a également publié comme il se doit son rapport hebdomadaire sur les exportations et ventes à l'exportation de grains américains. Or, les résultats décevants de ce rapport laissent entendre de manière de plus en plus apparente que les prix élevés des grains des dernières semaines pourraient être finalement parvenue à freiner la demande boulimique des derniers mois.
Pour un survol du dernier rapport du USDA sur les exportations et ventes à l'exportation de grains américains : Exportations et ventes à l'exportation de grains américains pour la semaine du 28 avril 11
La semaine se terminant le 6 mai en est donc une qui aura été particulièrement difficile pour les prix des grains alors qu'une conjoncture d'événements sera parvenue à les faire fléchir de façon importante. La question reste à savoir maintenant si, à l'image des dernières corrections plus sévères des derniers mois, cette baisse des prix ne servira que de prétexte pour que les acheteurs se repositionnent à nouveau et les relance vers de nouveaux sommets ou non. Excluant les effets négatifs des marchés financiers dans leur ensemble, rappelons seulement que les prix des grains traversent aussi une période cruciale de l'année, celle des semis. Pour cette raison, la volatilité de leur valeur demeure très importante et rien ne les empêche toujours de bondir à la hausse ou à la baisse selon les aléas des conditions météorologiques comme le veut un marché de « météo ».