Supportés par les mauvaises conditions d'ensemencements qui se mettent progressivement en place aux États-Unis, les prix des grains ont ouvert la semaine à la hausse.

Selon les dernières prévisions météorologiques, il semble que les prochaines semaines risques d'être très humides dans le Midwest américain comme en fait mention ce commentaire météorologique de Freese-Notis Weather Inc. :

« Des périodes prolongées de temps sec (d'ici la fin avril) sont tout simplement hors de question et même deux jours d'affilés sans aucune averse sera vraiment exceptionnel. À peu près tout le monde dans le Midwest devrait connaître plus de 2 pouces de précipitations au cours des 2 prochaines semaines, mais elles pourraient bien atteindre 5 pouces ou plus au cours de cette période pour une grande part du Missouri, de l'Illinois et des régions environnantes. »

Et le Midwest américain ne serait pas en reste puisque plus au sud, dans les « Plaines » américaines la situation continue aussi d'être très problématique. Malgré quelques averses la semaine dernière, les conditions demeurent sèches depuis trop longtemps et devraient demeurer dans l'ensemble très chaudes pour les prochains jours, accentuant particulièrement le stress sur les cultures de blé d'hiver. Combiné à des conditions très sèches pour les cultures de blé également rapportées en France, le prix du blé a d'ailleurs connu aujourd'hui une forte progression de sa valeur.

Il est intéressant de constater aussi que les prix des grains ont ignoré complètement le contexte général des marchés financiers défavorable aujourd'hui : le prix du pétrole c'est replié de plus de 3$US/baril, la valeur du dollar américain est retournée à la hausse et l'ensemble des marchés boursiers ont reculé. Ceci illustre bien à quel point le comportement du marché des grains en est un présentement de « météo » comme l'indique dans un commentaire publié sur le site d'Agriculture.com M. Joe Bedore, un gestionnaire sur le parquet de la bourse de Chicago de FCStone :

« De plus, le contexte des marchés externes n'est pas favorable et nous sommes tout de même en hausse. Ceci nous indique que nous ne suivons pas la baisse du prix du pétrole et du Dow Jones Industrial, et l'augmentation du dollar (américain). C'est un marché de « météo ». »

Si les conditions des cultures et des ensemencements ne montrent aucun signe d'amélioration au cours des prochains jours/semaines, plusieurs analystes estiment maintenant que ce ne sera qu'une question de temps avant que le prix du maïs dépasse la barrière psychologique de 8$US/boisseau (315 $US/TM). Par contre d'ici là, certains éléments importants pourraient aussi freiner quelque peu l'enthousiasme des marchés et doivent être surveillés de très près :

• De nombreuses incertitudes entourant les dettes de certains pays en Europe rendent très nerveux les investisseurs et spéculateurs présentement.

• La Chine aurait aussi indiqué qu'elle pourrait à nouveau augmenter le niveau requis de réserve que les banques chinoises doivent exiger. Cette mesure pourrait amener les entreprises chinoises à ralentir leurs importations de matières premières comme les grains, ce qui accentuerait l'idée qu'un ralentissement de leur demande pourrait avoir lieu, et rendrait par la même occasion les investisseurs et spéculateurs plus nerveux.

• Basé sur les dernières informations sur le nouveau budget américain proposé, le Standard & Poor's a révélé qu'il anticipait une baisse de la cote de crédit des États-Unis au cours des 2 prochaines années.

Bien que fondamentalement le contexte du marché des grains favorise toujours des prix élevés, à l'image de la semaine dernière, différents facteurs négatifs étrangers à celui-ci pourraient donc inciter à nouveau les investisseurs et spéculateurs à se retirer, particulièrement si les conditions météorologiques prennent du mieux au cours des prochains jours aux États-Unis.

Prix du maïs

Le prix du maïs a pu profiter des incertitudes d'ensemencements aux États-Unis et de la vigueur du prix du blé pour reprendre du terrain aujourd'hui.

Pour livraison immédiate (mai 11), le prix du maïs a progressé de 0,10 $US/boisseau (3,79 $CAN/TM) pour clôturer à 7,52 $US/boisseau (285 $CAN/TM). Pour la prochaine récolte (décembre 11), il a gagné 0,12 $US/boisseau (4,55 $CAN/TM) pour terminer à 6,68 $US/boisseau (253 $CAN/TM).

Techniquement, sur le contrat à terme de mai 11, le prix du maïs poursuit toujours sa progression sur une très bonne tendance haussière à moyen terme. Par contre, à court terme, malgré la hausse d'aujourd'hui, il connaît toujours une tendance baissière qu'il se doit de briser au cours des prochains jours. Dans l'immédiat, il fait face à un premier niveau de résistance établi à 7.58-7.59 $US/boisseau (298 $US/TM). Le bris de ce support mettrait un terme à la tendance baissière à court terme et permettrait au prix du maïs de tenter à nouveau d'atteindre des sommets.

Mentionnons aussi au passage qu'en raison des difficultés d'ensemencements aux États-Unis, les marchés concentrent beaucoup leur attention sur le prix du maïs prochaine récolte présentement. À ce titre, le contrat à terme de décembre 11 a d'ailleurs atteint un nouveau sommet aujourd'hui à 6,70 $US/boisseau (264 $US/TM) et pourrait progresser encore davantage advenant que les semis américains continuent d'éprouver des difficultés.

Prix du soya

Supporté principalement par la progression des prix du maïs et du blé, le prix du soya à terminer aujourd'hui en hausse.

Pour livraison immédiate (mai 11), il a gagné 0,1250 $US/boisseau (4,42 $CAN/TM) pour clôturer à 13,4450 $US/boisseau (475 $CAN/TM). Prochaine récolte (novembre 11), il a aussi progressé pour s'établir à 13,48 $US/boisseau (476,6 $CAN/TM), soit un gain de 0,0850 $US/boisseau (3 $CAN/TM) par rapport à sa fermeture de vendredi dernier.

Par contre, du côté du soya, la prudence demeure de mise. La Chine a commencé à annuler des contrats et l'Amérique du Sud (Brésil) continue d'inonder de soya les marchés internationaux. Au Brésil, la récolte de soya serait d'ailleurs maintenant complétée à plus de 90%.

Advenant que les conditions des semis aux États-Unis demeurent mauvaises, certains producteurs américains pourraient aussi être appelés à changer leurs intentions d'ensemencements du maïs au soya, ce qui aurait une influence négative sur sa valeur à moyen terme.

Techniquement, sur le contrat à terme de mai 11, le prix du soya semble être parvenu à s'établir pour l'instant dans une tendance à moyen terme haussière. Par contre, il fait toujours face aussi à plus court terme à une tendance baissière dont il peine à se dissocier. Le prochain objectif pour le prix du soya est de briser une 1re résistance à 13,51 $US/boisseau (496 $US/TM) pour ensuite aller se transiger au-dessus de son dernier « gap » de 13,58 $US/boisseau (499 $US/TM). Si le contexte défavorable auquel il fait présentement face revient à l'avant-plan, il faut alors surveiller son premier support situé autour de 13,17 $US/boisseau (484 $US/TM). Le bris de ce dernier ouvrirait la porte à ce qu'il tente par la suite de briser un support beaucoup plus important à 13 $US/boisseau (478 $US/TM).