Nouvelle

Contexte du marché des grains au 18 avril 2011

18 avril 2011,

Les prix des grains ont connu la semaine dernière une période difficile :

Maïs

  • Livraison immédiate : -0,37 $US/boisseau (-14,01 $CAN/TM) @ 7,42 $US/boisseau (280,98 $CAN/TM)

  • Récolte : 0 $US/boisseau (0 $CAN/TM) @ 6,56 $US/boisseau (248 $CAN/TM)

 

Soya

  • Livraison immédiate : -0,6850 $US/boisseau (-24,21$CAN/TM) @ 13,32 $US/boisseau (470,79 $CAN/TM)

  • Récolte : -0,66 $US/boisseau (-23,33 $CAN/TM) @ 13,3950 $US/boisseau (473,44 $CAN/TM)

 

Blé

  • Livraison immédiate : -0,6025 $US/boisseau (-21,30 $CAN/TM) @ 7,4425 $US/boisseau (263,05 $CAN/TM)

  • Récolte : -0,555 $US/boisseau (-19,62$CAN/TM) @ 8,1725 $US/boisseau (288,85 $CAN/TM)


Après avoir atteint de nouveaux sommets à l'ouverture des marchés dimanche en fin de journée (marché électronique), une conjoncture de facteurs négatifs s'est réunie pour les faire fléchir.

 

La Chine revient à l'avant-plan

La Chine a fait à nouveau les manchettes et inquiété les investisseurs et spéculateurs. La firme gouvernementale chinoise de commerce de grains COFCO a révélé qu'elle prévoyait une baisse des importations chinoises de soya. Ce recul anticipé proviendrait principalement des mauvaises marges de profits actuelles des triturateurs de soya chinois. Le fait que le gouvernement chinois continuerait toujours de liquider ses inventaires domestiques en vue de contrôler l'inflation alimentaire qui sévit toujours serait aussi défavorable pour les prix des grains. Dans cette foulée, le gouvernement chinois a d'ailleurs dernièrement révisé de 25 points de base à la hausse son taux d'intérêt directeur pour la 4e fois depuis le mois d'octobre dernier. Basés sur cette initiative, les marchés craignent que cette nouvelle hausse ne vienne aussi freiner les importations chinoises de grains. La Chine est le plus important importateur de soya dans le monde. En raison de sa forte croissance économique des dernières années, la Chine importe également de plus en plus de maïs.

 

L'inflation dans plusieurs régions du monde

La Chine n'est pas le seul pays confronté à une problématique inflationniste de ses prix à la consommation. L'Inde et la « zone » européenne ne seraient pas en reste non plus ce qui, la semaine dernière, a eu tôt fait d'inquiéter les marchés. D'autres hausses d'intérêts pourraient survenir et freiner la consommation mondiale insatiable de grains.

 

Fluctuations du prix du pétrole

Comme c'est le cas lorsqu'un manque de nouvelles se fait sentir, l'influence du prix du pétrole sur les prix des grains s'est accrue. Ainsi, suivant un nouveau sommet en début de semaine dernière à près de 113,50 $US/baril, le prix du pétrole a connu un recul important de sa valeur de 8$US/baril. Il est parvenu par la suite à reprendre quelque peu du terrain pour se transiger à 108 $US/baril.

En raison du lien étroit entre le prix du pétrole et celui des biocarburants fabriqués principalement à partir de grains (maïs, soya), il est généralement reconnu qu'une hausse du prix de l'or noir exercera une pression haussière sur les prix des grains et vice-versa.

 

Goldman Sachs se veut dissuasive

La banque d'investissement américaine Goldman Sachs, dont l'importance et l'influence sur le milieu financier demeurent bien connues, a révélé en deux occasions la semaine dernière qu'elle favorisait la liquidation de positions dans le marché des commodités, incluant le pétrole, mais également les produits agricoles dont les grains.

Selon Goldman Sachs, les crises arabes des derniers mois ont notamment propulsé trop rapidement à des niveaux élevés le prix du pétrole alors que, fondamentalement, la situation de son offre et demande dans le monde ne le justifie toujours pas. La consommation de pétrole n'étant pas au rendez-vous pour absorber l'offre, l'Arabie Saoudite pourrait entre autres réduire sa production.

Basée sur ses prévisions, Goldman Sachs prévoit donc une baisse de valeur des commodités dans un horizon de 3 à 6 mois, ce qui a inquiété les marchés comme l'indique ce propos de Jack Scoville, vice-président de PRICE Futures Group, sur le site de Agriculture.com :

« Goldman Sachs a indiqué à ses clients de s'alléger dans les commodités aujourd'hui. Nous observons ainsi une nouvelle vague de vente des spéculateurs. Pour tout dire, je ne crois pas qu'il y ait grand-chose de plus à dire à ce sujet. »


Mentionnons cependant que si Goldman Sachs ne voit pas les prochains mois comme très profitables pour les prix des commodités, cette manière de voir les choses n'est pas partagée de tous. Le conglomérat financier Citigroup a notamment indiqué la semaine dernière que selon lui, le prix du maïs devrait éventuellement se transiger au-dessus de 8$US/boisseau (315 $US/TM) et pourrait même atteindre 8,50 $US/boisseau (335 $US/TM) si les conditions d'ensemencent aux États-Unis s'avèrent difficiles. Cette opinion est partagée également par Christ Hurt, agroéconomiste de l'Université de Purdue aux États-Unis, qui estime que le prix du maïs pourrait atteindre 8,50$US/boisseau (335 $US/TM) au cours de l'été prochain.

Les prix des grains ont donc été surtout influencés la semaine dernière par des facteurs négatifs, mais étrangers au contexte réel d'offre et demande de grains qui demeure toujours préoccupant pour l'instant. Le fait qu'ils aient connu une poussée importante de leur valeur il y a maintenant plus d'une semaine et le manque de nouvelles qui s'en est suivi aurait aussi incité les investisseurs et spéculateurs à prendre des profits en attendant d'en savoir un peu plus.

Cependant, cette situation pourrait rapidement changer advenant que les conditions d'ensemencements aux États-Unis se détériorent progressivement, ce qui semble le cas selon les dernières projections météorologiques disponibles. À ce titre, cette semaine, la publication du prochain rapport hebdomadaire sur les conditions des cultures et la progression des ensemencements aux États-Unis sera un premier élément important à surveiller ce lundi.

Par contre, en dehors des conditions d'ensemencements aux États-Unis, les marchés devraient demeurer sur la défensive pour l'instant. Tout signe d'un ralentissement éventuel de la consommation est à surveiller puisqu'il pourrait inciter les investisseurs et spéculateurs à liquider davantage de leurs positions.

 


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