Une combinaison de facteurs se sont tous réunis aujourd'hui pour entrainer en forte baisse les prix des grains.
Tôt ce matin, le prix du pétrole a connu un recul important de sa valeur, passant en l'espace de quelques heures de plus de 110$US/baril à 106 $US/baril. Rappelons que depuis vendredi dernier, les prix des grains ont été fortement influencés dans leur comportement par le prix de l'or noir et, aujourd'hui, il semble à nouveau que ce fût le cas de l'avis de plusieurs analystes. Selon les informations disponibles, le prix du pétrole aurait connu un recul important basé sur l'idée qu'en raison d'une baisse de la demande, l'Arabie Saoudite envisagerait de réduire sa production.
La banque américaine de renommée mondiale Goldman Sachs a aussi contribué à jeter une douche d'eau froide sur les prix des grains. Dans un communiqué destiné à ses clients, la banque aurait invité ceux-ci à liquider des positions d'achats (« long ») dans les commodités, incluant celles agricoles comme les grains, l'institution ayant elle-même décidée de réduire ses propres positions.
Selon Goldman Sachs, le pétrole ferait entre autre face à une destruction de sa demande actuellement en raison de sa valeur élevée et de la possibilité que l'état de l'économie serait moins solide que plusieurs ne le croient.
Au Japon, la situation a pris une nouvelle tournure inquiétante qui a aussi assombri le contexte général des marchés financiers. Selon le pays, la crise nucléaire à la centrale de Fukushima Daiichi serait maintenant équivalente à celle de Chernobyl. Pour le marché des grains, cette réalité n'a rien de stimulant puisqu'elle pourrait éventuellement signaler un ralentissement de la demande japonaise de grains. Le Japon est le plus important importateur mondial de maïs américain.
Plus spécifiquement, du côté du maïs, sa valeur a aujourd'hui atteint un niveau pratiquement équivalent à celui du blé sur les marchés. Cette situation peu commune est désavantageuse pour le prix du maïs puisque la tentation pour les éleveurs de bétails serait maintenant plus forte que jamais de substituer dans la moulée l'utilisation de maïs par celle de blé.
Du côté du soya, l'idée que la Chine puisse être appelé à en réduire ses importations a aussi continué aujourd'hui de faire son chemin. Rappelons que dans un communiqué publié hier, la firme gouvernementale chinoise de commerce de grains COFCO a révélé qu'elle anticipait une baisse des importations chinoises de soya en raison des mauvaises marges de profits actuelles des triturateurs chinois.
Sur une note plus encourageante, le conglomérat financier Citigroup a révélé que malgré le recul important des prix des grains d'aujourd'hui, il anticipait à moyen terme que le prix du maïs devrait atteindre 8$/boisseau (315$US/TM) et même, possiblement, 8,50$US/boisseau (335 $US/TM) si les cultures aux États-Unis faisaient face à des difficultés cette année. C'est ce qu'indique au Dow Jones Newswires les propos de Terry Reilly, analyste chez Citigroup :
« Nous sommes encore optimistes à long terme. Je crois qu'il s'agit plus d'une correction à court terme du type * prise de profits *. »
Ces propos sont aussi partagés en quelque sorte par David Fiala, analyste contributeur chez DTN et président de Futures One, dans son commentaire d'aujourd'hui :
« Les gros marchés ont de grosses corrections. En fait, pour l'instant, 0,30 $US/boisseau (12 $US/TM) n'est pas vraiment une correction. »
Est-ce que la correction en cours sera à l'image de celles qui ont eu lieu au cours des derniers mois, à savoir une baisse importante de quelques jours/semaines suivie d'une forte relance des prix? Difficile à dire considérant les nombreuses incertitudes entourant notamment les conditions de semis aux États-Unis qui demeurent très vagues pour l'instant. Rien n'empêche aussi qu'au cours des prochaines semaines, des premiers signes de rationnement de la consommation (maïs) puissent voir le jour et motiver concrètement une baisse de prix. Mais dans l'immédiat, selon plusieurs analystes, il semble que cette correction s'apparente plus à la nervosité des investisseurs et spéculateurs et à des prises de profits qu'à un changement réel du contexte d'offre et demande de grains.
Pour le maïs, il faut maintenant surveiller un prochain niveau de support important qui serait situé à 7,30 $US/boisseau (287 $US/TM). Pour le soya, le niveau de support à surveiller serait établi au niveau psychologique de 13 $US/boisseau (478 $US/TM).