Les prix des grains ont connu aujourd'hui un premier recul bien que, toujours alimenté par de nombreuses incertitudes, celui du maïs sera tout de même parvenu à gagner à nouveau du terrain.
Comme c'est le cas depuis plusieurs mois, ce sont des nouvelles qui s'apparentent peu au contexte actuel optimiste (« bullish ») du marché des grains qui ont freiné les prix.
Au cours de la nuit dernière, la Chine a à nouveau augmenté de 25 points de base son taux d'intérêt directeur afin de tenter de contrôler l'inflation à laquelle elle fait face depuis maintenant plusieurs mois. C'est la 4e fois depuis le mois d'octobre que la Chine augmente ce taux, mais sans succès semble-t-il.
Les marchés ont eu tôt fait de réagir à cette nouvelle en délaissant les prix des grains, jugeant que cette initiative pourrait éventuellement en réduire les importations chinoises. Mentionnons seulement qu'en vue de contrôler l'inflation alimentaire qu'elle connaît, la Chine a aussi liquidé d'importantes quantités des grains au cours des derniers mois. Dans cette perspective, il se pourrait en fait que la Chine soit éventuellement forcée d'importer davantage de grains, et non moins.
En Europe, le contexte financier difficile que connaît présentement le Portugal laisse présager de plus en plus que ce pays devra éventuellement recourir à un plan de sauvetage comme ont été obligées de le faire l'Irlande et la Grèce. À cet effet, l'agence de cotation de crédit de référence mondiale Moody's a d'ailleurs abaissé la cote de crédit du Portugal de A3 à Baa1 la nuit dernière, ce qui a remis à l'avant-plan les problèmes financiers portugais et inquiété les marchés. Étant considérés comme des investissements plus risqués et ayant profité depuis plusieurs jours d'une importante progression de leurs valeurs, les prix des grains ont ainsi subi les contrecoups de ces inquiétudes financières européennes.
Sur une note plus stimulante pour les prix des grains, et particulièrement celui du blé, le USDA a révélé hier en fin de journée des 1ers résultats de conditions de culture inquiétantes pour le blé aux États-Unis. Selon ce rapport, en date de dimanche dernier, seulement 37% des cultures de blé d'hiver sont jugées dans un état de bon à excellent. À pareille date l'an dernier, 65% de celles-ci étaient classées dans un état de bon à excellent. Sans surprise, 32% des cultures de blé d'hiver sont également jugées dans un état allant de mauvais à très mauvais, ce qui est beaucoup plus élevé que le 6% de la même période de l'an dernier.
Dans ses propos tenus lors de la présentation de sa mise à jour hebdomadaire, la National Agricultural Statistics Service a révélé à cet effet que :
« Certains producteurs considèrent abandonner le blé pour d'autres cultures alors que des éleveurs de bétails songent à les laisser le pacager. »
La dernière fois que les conditions de culture de début de saison rapporté par le USDA auraient été aussi mauvaises pour le début d'avril remonterait à 2002. Selon ce rapport, aucun ensemencement de maïs significatif n'est à signaler pour l'instant aux États-Unis.
Il semble donc que les conditions d'ensemencements à prévoir aux États-Unis pour ce printemps pourraient faire progresser davantage les prix si elles demeurent les mêmes au cours des prochaines semaines. Cependant, il demeure encore un peu hâtif de statuer sur cette possibilité.
Pour les prochains jours, le comportement des prix des grains d'aujourd'hui donne à penser qu'ils pourraient quelque peu se stabiliser à leur niveau actuel en attendant d'être alimentés par des nouvelles fraiches stimulantes. À cet effet, le rapport sur les ventes à l'exportation de grains américains, qui a surpris notamment les marchés du côté du maïs la semaine dernière avec des ventes de 2,23 millions de tonnes, est à surveiller. Le prochain rapport mensuel sur l'état de l'offre et la demande de grains dans le monde et aux États-Unis du USDA, qui sera publié ce vendredi, pourrait aussi servir de nouveau tremplin pour les prix selon les résultats qui seront présentés.