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Revue du marché des grains pour le 15 mars 2011

15 mars 2011,

Les prix des grains ont connu une dure journée aujourd'hui alors que les marchés financiers dans l'ensemble liquident massivement des positions afin de réduire leur exposition au risque face aux nombreuses incertitudes entourant la situation que connaît le Japon.

Certains signalent qu'avec la forte baisse actuelle des prix, des appels de marge en forceraient aussi plusieurs à liquider des positions, accentuant la pression baissière que connaît présentement le marché des grains.

Au Japon, les nouvelles se suivent et bouleversent toujours de plus en plus les marchés. Plusieurs installations nucléaires éprouvent des difficultés importantes et les rumeurs/hypothèses abondent à savoir si les régions et villes avoisinantes, dont Tokyo, seront exposées ou non à des niveaux de radioactivités pouvant représenter une menace pour leurs habitants.

Pour ne pas aider les choses, un nouveau tremblement de terre d'une amplitude de 6 sur l'échelle de Richter (celui de vendredi dernier était de 9) aurait aussi eu lieu aujourd'hui dans le sud-ouest du pays.

Pour obtenir un aperçu détaillé et d'heure en heure de la situation au Japon - Radio-Canada - Séisme et Tsunami au Japon

 

Pour les prix des grains, les marchés semblent présentement éprouver de nombreuses difficultés à établir si les événements au Japon doivent être perçus comme positifs ou non. À court terme, la firme privée d'analyse AgResource aurait affirmé hier que le Japon pourrait réduire ses importations américaines de maïs de 500 000 à 1 million de tonnes et celle de soya de 250 000 tonnes en raison des dommages occasionnés par le tremblement de terre. Par contre, à moyen terme, nombreux sont ceux qui estiment que le Japon devra réaliser des achats de grains importants en vue de répondre à la demande domestique japonaise et renflouer les pertes occasionnées par le tremblement de terre.

Respectivement, le Japon et le 1er, 4e et 5e plus important importateur mondial de maïs, soya et blé dans le monde.

Prix grains 15 mars 11

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Mais, dans l'immédiat, que la situation au Japon puisse ou non être favorable au marché des grains n'est pas la principale préoccupation des investisseurs et spéculateurs. Comme le rappellent plusieurs analystes dans leurs commentaires, les marchés détestent tout simplement l'incertitude et préfèrent liquider plutôt que de courir davantage de risques lorsque la situation devient trop tendue et imprévisible.

Les propos de Jack Scoville, vice-président de PRICE Futures Group, présentés aujourd'hui sur le site d'Agriculture.com convergent en ce sens:

« Dans l'ensemble, il y a juste beaucoup de craintes (fears) ici. Je crois que le plus bas nous allons, meilleurs sont les chances que les utilisateurs finaux puissent fermer de bons prix. »

 

M. Scoville rappelle par la même occasion que fondamentalement, pour les grains, le contexte n'a pas changé depuis le début de la crise au Japon. Cette idée laisse entendre que leur prix possèdent ainsi toujours la capacité de reprendre de la vigueur une fois que la situation se sera quelque peu calmée.

Cet avis de M. Scoville est d'ailleurs appuyé par celui de plusieurs autres analystes :

 

Commentaire publié sur le blogue de FCStones :

« Effondrement! Pas juste ceux de réacteurs nucléaires, mais également de tous les marchés financiers dans le monde. Les révoltes (au Moyen-Orient et en Afrique) sont mises de côté pour faire place à la situation de plus en plus hors de contrôle au Japon. Les fondamentaux n'ont pas été grandement altérés, mais l'idée d'adopter les commodités comme investissement peut être remise en doute. Ajoutez à cela les effets d'une liquidation technique et un possible renversement des positions semble en inviter plusieurs à prendre leurs profits et/ou à se retirer. »

 


Propos de M. Alan Brugler, président de Brugler Marketing & Management LLC, publiés sur le site de Bloomberg :

« Le niveau de radiation qui augmente incite les gens à « dumper » leurs positions sur les marchés mobiliers et de commodités (incluant celles agricoles) pour réunir leurs actifs en liquidité et les protéger. Il y aura une augmentation de l'aversion au risque tant que la situation au Japon ne se sera pas stabilisée. »

 

David Fiala, analyste contributeur chez DTN et président de FuturesOne :

« Pour l'instant, le comportement des prix ne semble pas très optimiste, mais les marchés ne perdront pas de vue les inventaires domestiques très serrés (États-Unis) et la nécessité de devoir cultiver une bonne récolte cette année. »


Techniquement, mentionnons rapidement que le prix du maïs sur le mai 11 a brisé son support immédiat en place hier autour de 6,45-6,50 $US/boisseau (254-256 $US/TM). Il s'établit maintenant très près d'un support important à surveiller établi à partir de la moyenne mobile sur 100 jours à 6,32 $US/boisseau (249 $US/TM). Le bris de ce support permettrait par la suite au prix du maïs de tester 6,00 $US/boisseau (236 $US/TM).

Pour le soya, sur le contrat à terme de mai 11, la baisse de sa valeur d'aujourd'hui l'a fait passer sous un support important situé à 12,9625 $US/boisseau (476 $US/TM). Une tendance baissière de plus en plus distincte semble ainsi se mettre en place. Le prochain niveau de support à surveiller dans l'immédiat serait près de 12,40 $US/boisseau (456 $US/TM) puis par la suite 12 $US/boisseau (441 $US/TM).

 


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