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Que restera-t-il des récoltes au Québec?

04 novembre 2019,

L’automne ne donne pas de répit aux producteurs qui se seraient très bien passé de ce dernier défi pour la saison 2019 déjà forte en émotion. 

Pour plusieurs régions, non seulement le mois d’octobre aura apporté des gels à répétitions, coupant court au développement des cultures qui en avait bien besoin, surtout dans le maïs, mais les précipitations importantes ajoutent maintenant à la complexité de la récolte en cours.

Dans la région de Saint-Hyacinthe, et elle n’est pas la seule, les accumulations d’eau d’octobre sont pour le moins impressionnantes à près de 203 mm, dépassant nettement les bonnes accumulations de 110 à 120 mm du printemps dernier. Il s’agit d’un niveau pratiquement record. Il faut remonter à 1983 pour observer des précipitations totales mensuelles aussi importantes qui avaient atteint alors 223 mm. 

Avec de telles conditions cet automne, tout indique que nous devrions donc nous attendre à une réduction supplémentaire des volumes récoltée cette année.

Si on se fit aux dernières prévisions de Statistique Canada de septembre, avec des superficies récoltées en baisse de 1,4%, mais un rendement en hausse de 1,6% à 3,2 tonnes/ha, la récolte québécoise de soya se devrait d’être cette année de 1,17 millions de tonnes, soit légèrement plus que les 1,16 millions de tonnes de l’an dernier.  Considérant cependant les rendements qui ont été rapportés cet automne, on peut se questionner à l’effet que la moyenne québécoise puisse vraiment s’établir à 3,2 tonnes/ha. Basé sur un rendement moyen plus « conservateur » d’au mieux 3,0 tonnes/ha (1,2 tonne/acre), la récolte de soya se situerait alors à 1,09 millions de tonnes, la plus faible depuis 2015. Il ne serait pas nécessairement étonnant non plus que celle-ci passe sous la barre du million de tonnes. 

Pour le maïs, il demeure prématuré de faire des projections. Mais, avec quelques champs déjà récoltés, et la fin de saison en queue de poisson, on peut difficilement croire que les rendements et la qualité du grain (surtout le poids spécifique) seront à la hauteur de ce qui était projeté jusqu’ici. 

En septembre dernier, Statistique Canada prévoyait déjà un rendement dans le maïs en baisse de 3,6% à 9,1 tonnes/ha par rapport à l’an dernier. Avec une réduction également des superficies récoltées de 2%, la récolte de maïs affichait elle-même un recul prévu de -5,5% à seulement 3,42 millions de tonnes. Considérant la fin de saison difficile et les gels d’octobre, on peut cependant croire sans grande difficulté que le rendement moyen devrait reculé davantage. En utilisant une réduction conservatrice de 5%, il passerait à 8,65 tonnes/ha, un niveau comparable à 2014. Si c’est le cas, la récolte passerait alors à seulement 3,25 millions de tonnes, la plus faible depuis 2014 à 3,15 millions de tonnes.

Est-ce que ces récoltes moins importantes offrent des opportunités aux producteurs? 

Déjà cet automne, les prix ont sensiblement grimpé au cours des dernières semaines et ne sont en rien comparables aux dernières années pour une période récolte.

Dans le cas du soya, les prix se sont appréciés, passant d’une fourchette de 420 à 440 $ la tonne livrée en septembre, à 435-460 $ la tonne livrée vers la fin octobre. Généralement, le prix du soya a plutôt pour habitude de reculer à l’automne, dans les dernières années autour de 410 à 420-425 $ la tonne livrée. C’est dire combien les acheteurs sont certainement plus actifs cette année. 

Le marché du maïs n’est pas en reste. Il y a encore quelques semaines, pour une livraison à la récolte, on parlait de prix qui avoisinaient 205 à au mieux 210-215 $ la tonne. Avec la fin du mois d’octobre difficile, on sent maintenant que les prix cherchent à grimper tranquillement, penchant davantage vers le 210-215$ la tonne si ce n’est plus. C’est sans compter les mois de livraison suivants (décembre, janvier, etc.) qui rapidement, passent à 220-230 $ la tonne. Comme pour le soya, ces niveaux de prix tout juste au tout début du mois de novembre ne sont en rien comparables aux dernières années.

Naturellement, avec de tels prix et les mauvaises récoltes 2019, on peut croire que ceux-ci ne peuvent que grimper davantage au cours des prochains mois. Ce sera d’ailleurs certainement le cas. Mais, il faut se méfier de l’appât du gain.

Les prix offrent déjà des opportunités très intéressantes sans devoir entreposer. Dans le cas du soya, on retient aussi qu’une fois les derniers chargements pour l’exportation complétée, il n’est pas sûr que les acheteurs se montreront aussi actifs, surtout avec les tensions qui persistent entre le Canada et la Chine. Pour le maïs, on doit se rappeler que même avec une mauvaise récolte, les prix suivant la récolte n’offrent pas toujours un juste retour du balancier, surtout si on doit vendre à l’hiver en prévision des ensemencements au printemps. Vendre récolte cette année certains volumes avec les gains des dernières semaines est donc certainement à considérer.

Pour en savoir plus et rester à l’affût des prix cet automne, n’hésitez pas à contacter l’un de nos conseillers en commercialisation du réseau Agrocentre!

 

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