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Les mauvais prix des grains chassent la demande d’engrais

14 août 2014,

Les prix au détail des engrais ont terminé le mois de juillet en baisse aux États-Unis selon ce que rapporte l’équipe de DTN. Ce recul aura été par contre très léger à l’exception du nitrate d’ammonium urée liquide (UAN32 %) qui a perdu 6 % en un mois.

Toujours selon DTN, la demande n’est tout simplement pas au rendez-vous même si les applications d’automne approchent à grands pas. Les prix des grains ont reculé de manière importante depuis le printemps, et plusieurs producteurs préfèrent attendre. Simple question de ne pas s’engager des frais financiers avant même de savoir si les ventes pourront couvrir les frais de production. D’autres par contre n’ont tout simplement pas l’habitude de fermer à ce moment-ci, ou même à l’automne, question ici d’habitude.

Traditionnellement, la présomption dans le milieu agricole veut que les prix des grains et ceux des engrais se suivent : plus ceux-ci grimpent, plus la demande d’engrais suit, et plus ils reculent, plus elle fléchit. Toutefois, le marché des engrais est plus complexe qu’il n’y paraît, et si les prix des grains ont sans aucun doute une certaine influence sur celui des engrais, dans les faits l’offre d’engrais elle-même est contrôlée par de multiples autres facteurs.

À preuve, comme le montre bien les graphiques ci-joints, le record historique du maïs a par exemple été atteint à l’été 2012, avec de premiers sommets en 2008 puis en 2011.

 

 

Pourtant, le prix moyen record des engrais a plutôt eu lieu en 2008, suivi d’un second sommet plus modéré en 2011, et encore plus faible en 2012. En fait, on peut même se demander si l’un et l’autre ne suivent pas une trajectoire opposée, puisque le maïs a suivi une tendance continuelle à la hausse jusqu’à cette année (2014), alors que ce semble être l’opposé pour le prix des engrais qui n’ont cessé de suivre une trajectoire progressivement à la baisse depuis 2008.

 

Dans tous les cas, il faut reconnaître que lorsqu’il y a eu rebond dans le prix des grains, il y a eu aussi rebond dans le prix des engrais, phénomène qui se veut tout aussi vrai à la baisse. Par contre, il faut quand même tenir compte et surveiller les différents autres facteurs qui pourraient aussi faire en sorte que le recul du prix des engrais ne sera pas nécessairement à l’image de celui des grains, tels que :

  • la demande chinoise qui se veut de plus en plus forte et déterminante sur le prix des engrais à l’échelle mondiale. Or, cette année, on s’attend à ce que le pays accepte de payer jusqu’à 10 % de plus que l’an dernier pour assurer son approvisionnement en engrais ; 
  • les problèmes en Ukraine, un important joueur dans la production d’engrais azoté, qui s’est fait couper les valves en gaz naturel par la Russie ;
  • les tensions de plus en plus fortes entre la Russie et l’Occident. Après le Canada, la Russie est le plus important producteur mondial de potasse. Le pays fournit également 7 % et 8 % de l’approvisionnement en engrais à base de phosphore et d’azote ;
  • le retour du cartel entre le géant de la potasse russe Uralkali et la société Belaruskali, autre géant biélorusse de la potasse. Des pourparlers seraient en cours, reste à voir ce qui en ressortira dans les prochains mois. Rappelons qu’à l’été 2013, ces joueurs importants avaient mis un terme à leur « cartel », entrainant d’ailleurs un recul important du prix de la potasse par la suite;
  • au Brésil, en 2013, 38,4 % de la consommation de fertilisants (tous types confondus) était destinée à la culture du soya, une hausse de 2 % par rapport à 2012. Pour 2014, les superficies ensemencées en soya devraient grimper de 4 %. Déjà, les commandes d’engrais pour la première moitié de 2014 ont gagné 7 % par rapport à 2013, et on s’attend à une hausse équivalente pour la seconde moitié de 2014; 
  • les difficultés d’acheminement des engrais dans certaines régions en raison de la surcharge des réseaux ferroviaires et navigables exercent une pression à la hausse sur les prix des engrais.

Le meilleur moyen de parvenir à obtenir le meilleur prix pour ses engrais demeure donc de rester alerte et bien informer de la situation. Pour en savoir, l’équipe de William Houde se fera un plaisir de répondre à vos questions. 

 

 


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