Nouvelles Philip Shaw

Les feux de forêt font rage et l’économie canadienne fléchit

30 mai 2016, Philip Shaw

La semaine dernière, la Banque du Canada a maintenu son taux directeur à 0,5%. Mon « jumeau cosmique » Stephen Poloz, gouverneur de la Banque du Canada, s’est montré moins dramatique avec le rappel constant du demi pour cent. Non, je ne suis pas prêt à entendre 20% de sitôt, heureusement les années 80 sont loin derrière nous. Cependant, comme les prévisions de croissance du PIB sont d’environ 1% (prévisions d’avril), la Banque tient le cap. La monotonie l’emporte.

Bien entendu, nous ne sommes pas en période de crise économique. Le Canada est stable, particulièrement si on le compare aux pays européens, et nos amis américains au sud de la frontière se portent un peu mieux, ce qui est toujours bon pour nous. Mais allez dire ça aux gens de Fort McMurray, en Alberta, qui est ravagé par les feux de forêt depuis trois semaines. Actuellement, l’incendie est aussi large que la province de l’Île-du-Prince-Édouard et se dirige vers le nord. 

L’incendie, comme je l’ai mentionné il y a quelques semaines, est un désastre pour les Albertains, mais c’est aussi un événement de grande importance pour l’économie canadienne. En avril, la Banque du Canada a peut-être prévu une croissance du PIB de 1%, mais elle s’attend à une diminution de 1¼% de la croissance du PIB réel pour le deuxième trimestre en lien avec l’arrêt de production pétrolière dans la région de Fort McMurray. Voilà un coup dur pour l’économie canadienne, mais qui était prévisible vu l’étendue de la catastrophe.

La Banque du Canada ne se sort jamais de sa situation de compromis. Il y a toujours certains économistes qui croient que ça ne bouge pas assez et qu’il faut diminuer les taux d’intérêt. Mais il y a aussi évidemment d’autres personnes, comme notre ministre des Finances, qui s’inquiètent de tout l’argent versé dans le marché immobilier à Toronto, à Vancouver et dans les autres centres urbains du Canada. La période des bas taux d’intérêt peut être un véritable défi, et on ne parle pas de l’escalade des prix des terres agricoles au cours des dernières années. Que peut bien faire le gouverneur de la Banque du Canada?

Le prix moyen d’une propriété au Canada est actuellement de 508 097$. Je suis prêt à parier que c’est pour garder les taux d’intérêt bas. Vous voyez ce que je veux dire. Mais il faut se rappeler que l’économie canadienne fluctue en fonction des exportations de commodités, surtout vers les États-Unis. L’avenir de notre santé économique dépendra principalement du prix du pétrole et de l’orientation que prendront les États-Unis. Nos amis américains se portent bien, mais il y a l’élection en vue, le premier mardi de novembre. Le résultat de l’élection pourrait avoir un impact sur tous les futurs échanges commerciaux entre le Canada et les États-Unis.

Autant le candidat potentiel républicain Donald Trump que la candidate potentielle démocrate Hillary Clinton ne voient pas d’un bon œil le Partenariat transpacifique. En fait, on peut dire que les candidats politiques semblent très protectionnistes dans leur approche. Dresser des murs et protéger l’Amérique à tout prix, c’est toujours vendeur. Nous, Canadiens, savons que nos amis américains aiment le libre-échange… tant qu’ils en ressortent gagnants.

J’ai simplement lancé cette remarque pour faire réfléchir. L’élection américaine est un événement déterminant dans le monde, toujours. En novembre, à mon avis, les États-Unis éliront leur première présidente. Il est probable que l’administration Obama doublera la mise et, pour le Canada, ce n’est pas si mal. En 2016, les extrêmes continueront de marquer des temps difficiles.

Bien évidemment, la santé économique canadienne ne dépend pas uniquement de nos voisins américains. Le gouvernement fédéral dépense un tas d’argent emprunté sur des projets d’infrastructure partout au pays. Par exemple, dans mon coin, le pont international Gordie-Howe représente bien le rôle de support majeur que peut jouer l’infrastructure. Si je ne me trompe pas, environ 40% du commerce Canada/États-Unis traverse actuellement le pont Ambassadeur entre le Michigan et l’Ontario. Les échanges sont appelés à croître et le nouveau pont international Gordie-Howe répondra à la demande, ce qui sera bénéfique des deux côtés. Voilà l’avantage invisible de l’infrastructure.

Maintenant, ce que j’aimerais, c’est voir la même chose en ce qui a trait au commerce agricole. Pourquoi pas des dépenses d’infrastructure pour de la transformation agricole à valeur ajoutée ici, au Canada, avec un marché si important au sud? Je pourrais continuer encore et encore, mais tellement de choses semblent possibles dans un environnement caractérisé par des taux d’intérêt bas. 

Un baril de pétrole à 50$ en est une. Je suis certain que ça réchauffe le cœur de nombreux conseillers économiques au ministère des Finances et à la Banque du Canada. Le pétrole a brièvement atteint ce prix la semaine dernière, après avoir passé l’hiver entre 20 et 30$. Alors il y a de l’espoir. Ce moteur de l’économie canadienne ira de mieux en mieux.

En ce qui me concerne, et pour les autres agriculteurs au Canada, on ne peut que souhaiter que notre bonne économie se renforce. Nous faisons notre part, sans arrêt. Ma saison d’ensemencement est presque terminée. Le maïs au comptant approche 5$ et le soja est à environ 13$. Sans jeu de mots, on récolte ce que l’on sème. Si je rencontre un jour mon jumeau cosmique, c’est le conseil que je lui donnerai.

 

 


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