Les prix des grains ont pris une pause aujourd’hui, après avoir atteint de nouveaux creux inégalés en quatre ans hier. Les bonnes nouvelles freiner leur chute ne sont cependant pas légion et, pour l’instant, rien ne permet de croire que de nouveaux creux ne seront pas encore atteints dans les prochains jours/semaines.

Selon le USDA, en date de dimanche dernier, les conditions des cultures de maïs demeurent toujours aussi exceptionnelles pour cette période-ci de l’année à 74% dans la catégorie « bonnes à excellentes ». Celles de soya un très légèrement perdu quelques plumes alors que, passant de 72 à 71% dans la catégorie « bonnes à excellentes ». Il faut rappeler ici qu’en début de semaine dernière, une gelée avait touché le nord du Midwest américain et affectée certains champs. En ce sens, le pourcentage de soya classé dans la catégorie de conditions « mauvaises à très mauvaises » est d’ailleurs passé de 1 à 2%.

Dans l’ensemble, les cultures américaines continuent d’être dans un état remarquable, donnant toujours à penser aux marchés que des récoltes encore plus importantes seront au rendez-vous cet automne. Seule ombre au tableau, les cultures affichent un retard de développement notable et, à seulement 7% de complétée, la récolte elle-même de maïs tarde. En moyenne depuis 5 ans, la récolte de maïs américain est plutôt complétée à ce moment-ci à hauteur de 15%.  En ce sens, à l’image de ce qui s’est produit au Québec à la fin de la semaine dernière, une gelée hâtive pourrait donc encore occasionner des dommages importants, et affecter les rendements et la qualité des récoltes.

Pour en savoir plus sur les effets de la gelée: Grainwiz - Frigon: Un gel mortel pour le maïs ?

 Mais, pour l’heure, les dernières prévisions sont plutôt encourageantes pour la fin de saison. Une vague de chaleur est actuellement en cours et devrait se poursuivre dans les prochains jours. Combiné à du temps plus sec qu’à la normale, ces conditions sont jugées idéales pour que les cultures complètent leur développement et que la récolte elle-même rattrape le temps perdu.

Pour les prix, ces conditions idéales de fin de saison ne sont certainement pas une bonne chose avec la possibilité que des rendements encore meilleurs que prévu soient obtenus. Et du côté de la demande, malheureusement, les nouvelles ne sont pas nécessairement encore assez solides pour contrer le sentiment négatif qui persiste dans le marché présentement.

Aujourd’hui, on ne peut passer sous silence le rapport de l’EIA qui révèle que la production d’éthanol aux États-Unis est passée pour la 1re fois depuis mars sous le cap de 900 000 barils/jours la semaine dernière. Pour ne pas aider les choses, les inventaires d’éthanol restent toujours à un niveau exceptionnellement élevé à 18,6 millions de barils.

Côté soya, la demande à l’exportation se veut plus encourageante avec déjà en date de la semaine dernière près de 55% des exportations américaines totales prévues pour 2014-15 par le USDA de vendu. En ce sens, il ne faut déjà plus que des ventes moyennes hebdomadaires de seulement 416 000 tonnes/semaines d’ici la fin août 2015 pour que l’objectif soit atteint. La possibilité que le USDA revoie à la hausse sa prévision d’exportations américaines de soya dans les prochains mois pour 2014-15 est donc bien réelle, et ce, d’autant plus que la faiblesse actuelle du prix du soya pourrait encore en dynamiser davantage la consommation.

Toutefois, dans l’immédiat, toute l’attention des marchés se porte sur la récolte américaine. Et, à la lueur de ce qu’on en sait déjà, il faudra sans aucun doute une très forte appréciation de la consommation pour parvenir à absorber les quantités exceptionnelles attendues dans les prochaines semaines. Or, à moins d’imprévus, ce travail ne pourra être accompli qu’à l’aide de prix du soya qui resteront faibles.